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PAGE D'ACCUEIL | LE CRASH DE L'EQUIPAGE DU F/O FORE | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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LA MISSION DU JOUR Le matin du samedi 08 Juillet 1944, les bombardiers B-17 du 91st BG ont pour mission de bombarder la ville d'Etaples (62) en longeant la côte aux environs de Calais, l'objectif étant un site de lancement de V1 (les "Noball"). En effet, depuis le 13 juin 1944, l'armée allemande utilise une nouvelle arme pour toucher directement l'Angleterre: les V1 ou "bombes volantes". Cet envoi massif de V1 de l'autre coté de la manche va très vite influencer le choix des cibles par les forces aériennes alliées. Désormais, un grand nombre d'appareils alliés seront sollicités pour bombarder les sites de "no-balls" (site de lancement de V1). Ainsi, il fut donné l'ordre à chaque équipage du 91st BG de décoller les un après les autres et de se regrouper en vol à un certain point de rendez-vous afin de pouvoir voler en formation. Parmi ces appareils se trouve le B-17C (N° 42-97173) du F/O FORE du 323rd Bomber Squadron qui décolla vers 04H00 du matin de sa base de Bassingbourn (Station N°121), en Angleterre. L'appareil portait le nom de "Take It Easy". LA COMPOSITION DE L'EQUIPAGE
L'ERREUR SUPPOSEE Dès son décollage, la journée de l'équipage du F/O FORE commença mal. En effet, au lieu de rejoindre son groupe au point de rendez-vous convenu, une erreur de navigation (ou de pilotage) emmena le B-17 sur un autre point de regroupement (sans doute celui du 388ème BG). Les circonstances de cette erreur sont encore mal comprises du fait que l'appareil n'aurait jamais dû survoler le Nord de l'Eure-et-Loir mais plutôt le Pas de Calais. Ainsi, cet appareil suivit une autre formation que la sienne. LE CRASH Dans le ciel couvert et pluvieux de Dreux, vers 07H15, le B-17 fut pris pour cible par la DCA allemande et trois obus le touchèrent mortellement. L'avion prit feu des moteurs à la queue et amorça une inévitable descente. Malgré tout, le pilote eut le temps d'effectuer une boucle au Sud de Saint-André-de-l'Eure pour permettre aux membres de son équipage de sauter en parachute. Tous purent s'échapper et évacuèrent l'appareil avant son crash. M. Roger FORFAIT, agriculteur vivant dans les environs, travaillait dans un de ses champs et fut témoin de la chute du B-17. Il observa l'appareil en perdition qui décrivait des cercles se rapprochant un peu plus du sol à chaque passage. Un virage un peu plus prononcé fit que l'extrémité d'une des ailes accrocha la terre et le bombardier percuta le sol en se disloquant. Il s'approcha du point de chute pour secourir d'hypothétiques survivants mais les soldats allemands étaient déjà présents sur les lieux et interdisaient tout passage des curieux. Plusieurs parachutes furent observés dans le ciel et le vent, ce jour là, les poussait vers l'Est/Nord-Est. Par malchance, un des aviateurs, le second lieutenant Milton GASTWIRTH, fut abattu lors de sa descente par les soldats allemands qui tiraient à partir du sol. Arrivés au sol, un aviateur est tué, trois sont fait immédiatement prisonniers (Donald BRIDWELL, Robert PHELPS et SHERMAN George) et cinq réussissent à s'échapper sous le nez des Allemands. Les débris furent rapidement enlevés par l'Armée allemande. L'EVASION ECHOUEE DE JAMES FORE Un jeune paysan français âgé de 19 ans, Maurice DUVAL, put observer la descente en parachute des aviateurs et se rend sur les lieux. Il est interpellé par une patrouille allemande qui l'oblige récupérer et à plier un parachute abandonné. Quelques heures plus tard, il revint sur les mêmes lieux et découvre un des aviateurs américains, James FORE, caché dans un bois à proximité. Il a une légère blessure à la main. La ferme de son père étant occupée par les troupes allemandes, Maurice DUVAL emmena l'aviateur chez sa grand-mère où il demeura trois ou quatre jours et l'habilla avec les vêtements de son grand-père. Pour remercier ses "hébergeurs", James FORE offrit sa chevalière. Pendant ce temps là, M. DUVAL chercha un "réseau" pour prendre en charge l'américain. Semble t'il, James FORE aurait été évacué de Lignerolles à Marcilly-sur-Eure par M. Henri DUVAL et prit en charge par le réseau LACROIX (garagiste à Marcilly-sur-Eure). Le restant de son parcours demeure inconnu, excepté qu'il ait été capturé par les Allemands. Il fut interné à la prison de Fresnes avant d'être envoyé en Allemagne dans le camp de Buchenwald. Il fut libéré par les troupes terrestres américaines en Avril 1945, juste avant la capitulation allemande. James FORE fut rapatrié aux USA où il reprit du service dans l'US Air Force et participa à la guerre civile de Chine. En 1998, après des recherches à l'initiative de M. DUVAL, James FORE revint en France et rencontra son sauveur français qui lui remit la chevalière offerte 54 ans plus tôt... L'EVASION ECHOUEE DE ROBERT WARD Robert WARD, comme ses co-équipiers, put sauter en parachute et atterrit à 7 km du lieu du crash dans un petit bois. Il se fit une entorse à la cheville et la pluie l'avait complètement trempé. Il cacha son parachute et s'éloigna. M. Raymond PICHONNAT avait aperçu ce militaire se balançant au bout de son parachute. Il alla donc aussitôt à sa recherche et trouva l'aviateur caché dans un jardin. Le français conduisit l'aviateur blessé à la ferme de M Marcel LEMAIRE vers 17H00. Des vêtements civils et secs furent offerts à Robert WARD par Mme LEMAIRE et les premiers soins lui furent apportés pour soulager son entorse. Le 2nd Lt WARD passa sa première nuit dans une petite pièce de la ferme (arrière plan de la photo ci-jointe) puis fut emmené le lendemain matin par deux cyclistes, membres de la résistance locale: M. Robert BIC et M. Henri MARVIN. Après avoir pris les précautions de sécurité, la photo, réunissant les cinq hommes, fut réalisée. Cette photo fut conservée durant de nombreuses années par M. BIC.
De gauche à droite: M.Robert BIC, M. Raymond PICHONNAT, M. Robert WARD, M. Marcel LEMAIRE, M. Henri MARVIN et Mme LEMAIRE (mère) Mme LEMAIRE lui offrit sa bicyclette afin qu'il ait moins de difficultés à se déplacer, à cause de sa cheville. Les deux résistants et Robert WARD parcoururent la campagne par des petits chemins détournés pour arriver enfin chez M. Pierre LUCAS au village de St-Germain-sur-Avre. Après un bref séjour chez son nouvel hébergeur, l'aviateur fut pris en charge par Mademoiselle MARTIN et Madame SEGUI, qui le conduisirent au Bourg-l'Abbé, chez Mme ORIAL. Cette dernière était spécialisée dans "l'hébergement" et le transport des aviateurs alliés rescapés. Elle se chargeait de faire accompagner M. Robert WARD à Paris, par des canaux connus d'elle seule. De Paris, l'aviateur aurait été aiguillé vers l'Espagne (neutre à l'époque) pour regagner l'Angleterre. Malheureusement, Mme ORIAL faisait régulièrement appel à un passeur (connu également du réseau PICOURT) et qui était un traite infiltré de la Gestapo. Cet agent de la Gestapo, Jean-Jacques DESOUBRIE, visitait en voiture les membres de la résistance locale pour prendre en charge les aviateurs évadés et les emmener à Paris. Toutefois, au lieu de les confier à de nouveaux passeurs pour les diriger vers l'Espagne, il déposait ses "colis" directement au quartier général de la Gestapo à Paris. Tout comme de nombreux aviateurs, Robert WARD fut trahi par "Jean-Jacques" et remis à la Gestapo. Il fut interné immédiatement à la prison de Fresnes durent un mois puis envoyé en Allemagne dans le camp de Buchenwald par train dans des wagons à bestiaux. Face à l'avancée des troupes alliées en Allemagne, Robert WARD et ses compagnons furent transférés dans un nouveau camp en Pologne, puis ils marchèrent vers Nuremberg en Janvier 1945 (de nombreux prisonniers moururent lors de cette marche forcée à cause du froid). De Nuremberg, ils marchèrent ensuite jusqu'à Mooseberg (à 20 Km de Dachau) où ils furent enfin libérés par les troupes terrestres américaines, juste avant la capitulation allemande. Il fut transféré par avion en France au camp de "Lucky Strike" (Port de Saint-Valéry-en-Caux). Grâce au travail de recherches de M. MEYER, la trace de Robert WARD fut retrouvée à la fin des années 1990 et le fils de M. LEMAIRE put rentrer en contact avec l'ancien aviateur. En raison d'une santé fragile et de son grand âge, Robert WARD demanda à sa fille, Debé DORAN, d'aller en France et de le représenter, ce qui fut fait avec plaisir. Ainsi, la fille de Robert WARD vint en France, dans la région de Nonancourt, en Mai 1998 pour rencontrer et remercier les résistants qui avaient aider son père lors de sa tentative d'évasion. L'EVASION ECHOUEE DES AUTRES AVIATEURS Les archives de la résistance en Eure et en Eure-et-Loir précise que Robert WARD, James ZEISER, Chasten L. BOWEN et Bernard SCHARF ont été secourus par la résistance française puis remit au fameux traite, Jean-Jacques DESOUBRIE qui les livra à la Gestapo. Nous retrouvons la trace du Sergent Bernard SCHARF dans le réseau HUNTER. Il aurait été secouru par M. Pierre ASSELIN de Marcilly-sur-Eure pendant deux jours puis remit à M. Julien LACROIX (toujours à Marcilly-sur-Eure). Tous terminèrent la guerre en Allemagne, dans un camp de prisonniers.
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