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LA PERTES DE DEUX B-26 DU 391st BG

 

Le 05 Juillet 1944, les bombardiers moyens B-26 du 391st BG (9ème Air Force), basés en Angleterre à Matching Green, effectuent leur première mission (N°108) du mois de Juillet 1944, les quatre jours précédents étant marqués par le mauvais temps rendant toute mission de bombardement impossible.

Un dépôt d'essence et de munitions allemands installé dans la forêt de Senonches était l'objectif du groupe le matin du 05 Juillet 1944. Ainsi, après deux reports du départ, 36 appareils décollèrent de leur base en trois vagues de douze vers 08H00-08H30. Par malchance, l'appareil leader eut des ennuis mécaniques et dut faire demi-tour. Ce genre d'événements imprévus avaient pour habitude porter la poisse...

Parmi les 35 appareils se dirigeant vers la France, se trouve le B-26 "Pink's Lady II" (Nr 42-107834) piloté par le Lieutenant Louis HARTMAN du 573 BS. Cet équipage se composait de six hommes.

L'ERREUR D'OBJECTIF

Chacune des trois formation de B-26 du 391st BG avaient un objectif différent. En effet, les objectifs étaient les voies ferrées de Conches (Eure), le dépôt de munition de carburant et de munition dans la forêt de Senonches et enfin le dépôt de carburant dans la forêt de Dreux.

Une autre version préciserait qu'une des trois formations de B-26 (soit 11 appareils sur 35) ait mal identifié l'objectif et la forêt de Dreux aurait été confondue avec la forêt de Senonches. Ainsi, 63 bombes de 250 livres furent larguées sur la forêt de Dreux.

Or, la région de Dreux était fortement défendue par la DCA en raison de la présence d'une base aérienne allemande et les 11 B-26 furent pris à parti par la Flak. A l'approche de Dreux, la défense anti-aérienne allemande des Buissons se révéla très active et précise puisque deux B-26 furent touchés mortellement dont le B-26 du Lt HARTMAN.

Louis E. HARTMAN

LE CRASH DU B-26 "PINK'S LADY II"

Plusieurs fois touché, le B-26 du Lt HARTMANN s'enflamma. En effet, situé sous le cockpit, le train avant de l'avion commença à s'enflammer puis un second obus atteignit le moteur droit. Le copilote ordonna à l'équipage d'abandonner le bombardier. Lui-même, ainsi que le pilote, le navigateur-radio parviendront à s'extraire de la carlingue en feu par la soute à bombe et à sauter en parachute. Seuls le mécanicien et le mitrailleur resteront prisonniers des flammes et trouveront la mort lors de crash de l'appareil. Pour Edward GROVE, le mitrailleur, c'était la première fois qu'il collaborait avec son nouvel équipage.

Adolph L. PAVINSKI

Par malchance, le parachute du pilote, Louis HARTMAN, se mit en torche et viendra s'écraser au sol près du Luat. Une femme témoin du Buat (âgée de 16 ans à l'époque) précisa: "Il s'écrasa au sol en haut de la côte des écoliers près d'un champ de pommiers. Ses cheveux et ses cils étaient brûlés. Il s'était littéralement planté debout en terre à quelques dizaines de mètres de nous".

Louis E. HARTMAN

L'appareil s'écrasa finalement à quelques kilomètres à l'Ouest de Dreux.

Voici l'équipage du B-26 "Pink's Lady II":

Pilote
Louis E. HARTMAN
1st Lt
Matr. 0-684328
Tué
Co-pilote
Kenneth L. ARNESON
2nd LT
Matr. 0-690884
Prisonnier
Navigateur
Donald E. COLLINS
1st Lt
Matr. 0-669007
Prisonnier
Mécanicien
Adolph L. PAVINSKI
S/Sgt
Matr. 6995380
Tué
Radio-opérateur
Donald R. SHEARER
T/Sgt
Matr. 151180030
Prisonnier
Mitrailleur
Edward N. GROVE
Pvt
Matr. 13200930
Tué

Les corps des trois victimes seront dans un premier temps enterrés avec des croix en bois par les habitants dans le cimetière communal du lieu du crash sous le contrôle des Allemands puis, à la libération, les corps furent transférés au cimetière militaire de Saint-André-de-l'Eure pour être à nouveau inhumés au cimetière militaire américain de St-Laurent-sur-Mer:

Louis E. HARTMAN
Plot A, Row 14, Grave 14
Adolphe L. PAVINSKI
Plot J, Row 17, Grave 28
Edward N. GROVE
Plot A, Row 11, Grave 22

 

L'EVASION ECHOUEE DES TROIS SURVIVANTS

Côté survivants, Donald COLLINS et Kenneth ARNESON furent presque immédiatement arrêtés par les Allemands. Quand au Sergent Donald SHEARER, à peine âgé de 20 ans, il atterrira dans un arbre près de Tison. "Je suis américain" était les seuls mots qu'il connaissait du français. La première personne qu'il rencontra était un vieil homme qui le prit pour un Allemand en raison de son accent. A la nuit tombée, il sera conduit dans la ferme de Mr HUREL par deux employées où il sera nourri et y passera la nuit. Habillé de vêtements civils, il sera pris en charge le lendemain par le réseau de résistance d'Illiers-l'Evêque puis Mr VIGOUREUX l'accompagnera au Verger de Muzy, chez Mme ORIAL où pendant cinq jours l'aviateur sera caché.

Donald R. SHEARER

Après quelques jours, Donald SHEARER fut remis au réseau d'évasion nommé "Réseau Picourt" afin que l'aviateur soit conduit vers Paris pour regagner l'Angleterre par Gibraltar. Toutefois, ce réseau était infiltré par un traitre qui livrait les évadés au quartier général de la Gestapo de Paris au lieu de les remettres à d'autres membres de la résistance. Ainsi, en toute confiance, le radio-opérateur fut emmené en voiture à Paris par le fameux traite, Jean-Jacques DESOUBRIE puis livré à la GESTAPO ( Réseau Picourt). Habillé en civil et non pas en militaire, l'aviateur fut considéré non pas comme un prisonnier de guerre mais comme un espion. Il fut incarcéré à la prison de Fresnes pendant un mois avant d'être déporté au camp de concentration de Buchenwald où il séjourna deux autres mois. En raison de l'avancée des troupes alliées, il sera transféré le 21 Octobre 1944 au camp de Sagan, tenu par la Luftwaffe et réservé aux aviateurs alliés. Après plusieurs déménagements (Nuremberg, Moosberg), il sera libéré à la fin du mois d'Avril 1945 par la 3ème Armée du Général PATTON.

 

SON RETOUR EN FRANCE EN 1997

Grace au travail de l'Association "FORCED LANDING" et, plus précisemment de Mr GRUSON, la trace des trois survivants de 1944 fut retrouvée en 1995 lors d'un voyage au Etats-Unis. En effet, MLr GRUSON rencontra un ancien pilote bombardier appartenant au 391st BG et ce dernier fournir des renseignements sur l'équipage du Pink's Lady II. Seuls Donald E. COLLINS et Donald R. SHEARER étaient encore en vie, le co-pilote Kenneth ARNESON étant décédé en 1986.

Kenneth L. ARNESON

Un pèlerinage fut alors organisé pour 1997 mais Donald COLLINS, trop malade, ne put venir. En revanche, c'est avec plaisir que l'ancien radio-opérateur Donald SHEARER (âgé alors de 73 ans) se rendit en France accompagné de son épouse pour se recueillir sur les lieux du crash du 05 Juillet 1944 où trois de ses camarades perdirent la vie. Une plaque commémorative fut inaugurée à cette occasion par l'Association Forced Landing en collaboration avec la commune du crash.

Donald SHEARER (à gauche) et les membres de l'Association "FORCED LANDING"
(Jean-Luc GRUSON, Jean-Jacques LECUYER et Jean PIERRE) lors de sa venue en 1997

 

 

LE CRASH DU SECOND B-26 du 391st BG

Dans les même circonstances, un second B-26 du 575th BS (Nr 42-107811, code "O8-V") fut abattu par un coup direct de la Flak dans la soute à bombes, ce qui eut pour effet de couper l'appareil en deux morceaux. L'appareil s'écrasa dans la forêt de Dreux.

Voici la composition de l'équipage:

Pilote
1st LtMichael Robert PETRICH
Matr. 0-684039
Prisonnier
Co-pilote
2nd Lt Robert R. SULLIVAN
Matr. 0-669809
Tué
Navigateur
T/Sgt Edwin G. INSLEY
Matr. 33064534
Tué
Mécanicien
S/Sgt Bryan B. AMBROSE
Matr. 34240010
Tué
Radio-opérateur
T/Sgt Ernest MARTEL
Matr. 31150127
Tué
Mitrailleur
S/Sgt Robert Reginald READ
Matr. 32058677
Prisonnier

Juste après le crash, les soldats allemands se rendirent sur les lieux et deux corps furent retrouvés, dont un qui se trouvait dans la queue de l'appareil. Ils furent inhumés sur place. Il semble que le 2nd Lt SULLIVAN ait réussi à sauter en parachute mais il fut retrouvé mort sur la Commune de St-George/Montreuil où il fut enterré dans un premier temps.

Le pilote Michael PETRICH réussit à sauter en parachute et à regagner le sol sain et sauf. Recueilli dans un premier temps par la résistance locale, il fut acheminé à Paris mais il fut remis à la Gestapo par un agent double (Jean- Jacques Désoubri) qui avait infiltré le réseau d'évasion. Il fut ensuite interné à la prison de Fresnes (94) puis déportés dans le camp de Buchenwald le 15 Août 1944 puis envoyé au Stalag Luft III de Sagan.

Quant au mitrailleur Robert READ, il fut capturé puis envoyé au Stalag Luft 4 Gross-Tychow.

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