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Ambenay durant la préhistoire

Ambenay, village Gaulois

Ambenay au Moyen-âge

La seigneurie d'Ambenay (1336 – 1789)

La révolution française à Ambenay

L’ ère industielle à Ambenay

La période 1830 – 1939 à Ambenay

La seconde guerre mondiale 

La fin du 20ème siècle

Liste des Personnalités

Lieudit "Le BOHION"

Lieudit "Les SIAULES/MAUNY"

Lieudit "Transières"

"Le Moulin-Roger"

"Le Moulin-L'Ermite"

"Le Moulin Alix/des Bottereaux"

Lieudit "Le Bailly"

Lieudit "Les Roches"

Lieudit "Les Poteries"

Lieudit "Le Courant"

 

 

L'HISTOIRE DU VILLAGE D'AMBENAY

 
 

 

LES SIAULES

 

LA NAISSANCE DES SIAULES

A la fin du XIIème siècle, les moines décidèrent de déplacer leur établissement au Sud-Est du Bohion pour y établir un manoir et une chapelle en vue d'accroître leurs possessions à Ambenay, de coloniser de nouvelles terres sur la Forêt de Breteuil et d'y attirer durablement de nouvelles familles.

Ce manoir reçut alors le nom de "Celles" ("Cellae" en latin) qui signifie "petite maison". C'est ce nom , devenu aujourd'hui, toponyme qui par transformation successives a donné la forme actuelle "Les Siaules".

Peu à peu, des habitants vinrent se fixer près de la maison des moines et formèrent un nouveau hameau qui bénéficiait des privilèges accordés des vassaux du Bohion, hameau primitif d'Ambenay (dont le droit de faire paître les porcs dans la Forêt de Breteuil, moyennant une redevance appelée "le panage").

 

LA RECONNAISSANCE OFFICIELLE DES SIAULES

En 1203, le rapt de la fiancée d'un noble poitevin par Jean sans Terre (Roi d'Angleterre et Duc de Normandie) donna à Philippe Auguste l'occasion d'envahir la Normandie. Ainsi, en 1204, la Normandie devint une province du Royaume de France. Philippe Auguste fit faire diverses enquêtes par ses vassaux afin de mieux connaître ses nouvelles terres: Une de ces enquêtes (de 1204) sur les droits d'usage dans la forêt de Breteuil relata pour la première fois l'existence d'un lieu nommé "les Siaules":

"Domus Cellarum, que est de abbatia Lyre, habet vivum nenius ad herbergandum per livreiam, et mortuùm nemus ad suum ardere, et pasnagium quitum, et herbagium animaluim suorum ubique extra delensa, et homines manentes apud Cellas et in codem territorie habent mortuum nemus ad suum ardere et pasnagium quitum".

Ce document de 1204 reconnaît donc pour la première fois l'existence du nouveau hameau des Siaules avec la mention de la "maison des moines" et des "hommes des Celles".

Cette enquête révéla que l'ensemble des vassaux de Bohion et des Siaules recevaient, par les mains des officiers du Comte de Breteuil, le bois nécessaire pour construire leurs maisons. De même, pour le bois mort pour leur chauffage et envoyer paître leurs bestiaux et leur porcs dans la forêt.

 

Toutefois, la distinction entre le Bohion et les Siaules demeura floue, les Siaules étant considérés comme une extension du Hameau du Bohion.

Ce n'est qu'en 1224 que les moines de l'Abbaye de Lyre rédigèrent un acte destiné au Roi de France (Louis VIII) différenciant clairement les vassaux du Bohion et les vassaux des Siaules. Dans cet acte, les religieux des Siaules cédèrent leurs droits d'usage au Roi (Exemple: droit de faire paître les porcs dans la forêt de Breteuil):

" Retimus etiam nobis homines de Ribremont, de Trisaye, de Bosco Hugonis, de Cellis, de Haymello et de Monte Rimeri, qui sunt quiti erga dominum regem de pasnagio in dicta foresta de proprits percis suis sine marcandisia  facienda, et habent ibi pasturam animalium suerum, et usuagium ad mortuum nemus extra defensa".

 

Ainsi, naquit officiellement le second hameau d'Ambenay.

 

L'AGRANDISSEMENT DES SIAULES

Très vite, le hameau des Siaules ne cessa de s'agrandir. On peut noter notamment l'accord passé entre Guillaume d'Ouche et l'Abbaye de Lyre au début du XIIIème siècle, Guillaume d'Ouche donnant 4 acres de terre situées aux Siaules, à charge de lui payer une rente de 12 deniers dont 6 pour le cens et 6 pour tenir lieu des droits de tailles, de garde et autres, en se réservant le droit de moute. Henri, Doyen d'Ambenay et Guillaume, Chapelain d'Ambenay furent témoins de cet accord.

 

De même, en 1228, le même Guillaume d'Ouche confirma une donation faite par Fromond des Siaules en y ajoutant un morceau de terre depuis l'angle de la propriété dudit Fromond jusqu'au chemin des Siaules au Bois-Arnault. Il exempta les moines du droit de moine, dont Guillaume d'Ouche possédait pour moitié (l'autre moitié étant détenue par le seigneur de Bois-Arnault et celui d'Auvergny.

 

Dans une chartre de 1279, le hameau des Siaules apparaît de nouveau, dans lequel Guillaume Bernard (de la paroisse d'Ambenay) vendit aux moines de l'Abbaye de Lyre une rente de trois sous tournois sur un hébergement et qui était bordé par l'hébergement de Laurent des "Ceaules". Guillaume Bernard tenait cette parcelle de Guillaume des Ceaules, clerc.

 

Tout en acquérant de nouvelles terres aux Siaules, les moines fiéffèrent plusieurs pièces de ses terres à des paysans dans les environs de leur manoir moyennant des corvées (travail non rémunéré) et de redevances. Ainsi, en 1329, ils concédèrent ainsi à l'ensemble des habitants une friche qu'on a vite appelé la "Commune des Siaules".

 

LITIGE ENTRE L'ABBAYE DE LYRE ET SES VASSAUX D'AMBENAY

En 1264, un grave litige apparaut entre les Hommes du Bohion/des Siaules et l'Abbaye de Lyre. En effet, ces hommes étaient tenus de faire moudre tout leur blé au Moulin-Roger, propriété de l'Abbaye de Lyre et donc de payer le droit de moute entier aux moines. Il s'agissait d'une redevances en grains ou en équivalent d'argent due aux à l'Abbaye de Lyre sur les céréales à moudre au moulin banal.

Il semblerait que les hommes du Bohion et des Siaules en avaient décidé autrement. Ils furent alors "jugés" aux "assises" de Breteuil et reconnurent leurs obligations: "ils s'obligèrent à ne point laisser leurs terres incultes et à payer, quand ils n'étaient pas résidents, la moute sèche des grains recueillis sur la terre soumise au ban du moulin".  L'Abbaye de Lyre, par égard pour leur pauvreté, les exempta de réparer les écluses et aussi d'apporter les meules mais "cette dernière exemption ne fut accordée qu'à la condition qu'ils paieraient 5 sous en commun toutes les fois qu'il faudrait de nouvelles meules".

 

LE DEPART DEFINITIF DES MOINES

A partir du début du XIVème siècle, l'Abbaye de Lyre cessa d'acquérir des terres sur Ambenay. Pire, ses religieux quittèrent Ambenay et les Siaules vers 1336. Ce départ soudain des moines pourrait s'expliquer par la trilogie de fléaux contre lesquels chacun s'efforçait de se prémunir par des prières: les famines, les pestes et les guerres:

  • De mauvaises récoltes provoquées par des étés pourris et des hivers rigoureux multiplièrent les disettes et les famines.

  • S'ajoutèrent, à partir de 1348, les effets d'une peste bubonique et pulmonaire à répétition qui foudroya un tiers de la population normande.

  • Et enfin, la Normandie devint très vulnérable lors de la seconde guerre de cents ans (1337-1453) durant laquelle elle subit de nombreuses attaques anglaises telle que celle d'Edouard III qui débarqua à Saint-Vaast-La-Hougue en Juillet 1346 pour accomplir un périple dévastateur vers Saint-Lô, Caen, Lisieux, Elbeuf et Crécy (en Picardie) en Août 1346 où Philippe VI fut vaincu.

Ces différents fléaux obligèrent donc les moines à quitter Ambenay pour se réfugier dans leur Abbaye de Lyre et les terres des Siaules furent alors fieffées.

 

LES SIAULES DE LA FAMILLE DE LAUNEL EN 1348

Nous savons que, dès 1336, le manoir fut donné en location pour 54 livres.

Un nouvel acte daté du 08 Novembre 1348 indique que son ce même manoir fut donné en location à un habitant d'Ambenay, Jehan de Launel pour seulement neuf livres de rente! La location portait précisément sur le manoir des Seaules avec toutes ses terres qui en dépendaient, deux près sur la Risle ainsi que les corvées. En contre partie, Jehan de Launel s'engageait à ne rien ôter des édifices consistant en "une granche couverte de thieulle, une meson maignable couverte aussi et unes estables couvertes d'escente"et de les entretenir en bon état. Le lieu principal devait toujours demeurer en ses mains ou en celles de son héritier aîné. Jean de Launel se devait de moudre la totalité de sa récolte au moulin-Roger et de verser un droit de demie-moute à l'Abbaye de Lyre.

La famille De Launel conserva ainsi le Manoir des Seaules jusqu'à la fin du XVème siècle.

En 1470, Etienne De Launel (fils de Jehan) en rendit aveu à l'Abbaye de Lyre, tout comme Etienne et Richard De Launel en 1487.

 

L'ARRIVEE DE LA FAMILLE LE HERIER AUX SIAULES EN 1495

En 1482, gendarme écossais ayant combattu aux cotés des français durant la guerre de Cent Ans, Edmond Hérier obtint des Commissaires du Roi 120 acres de terres au bord de la Forêt de Breteuil, à Ambenay, au lieudit appelé aujourd'hui "La Roche", à charge pour lui de payer au domaine royal une rente de 70 sous et six deniers.

Ce lieu porta également le nom de "Fieffes-Hérier".

 

Attiré par la situation et les privilèges féodaux du manoir des Seaules, en 1495, il obtint des héritiers de Jehan De Launel la remise du domaine à l'Abbaye de Lyre qui consentit à renouveler en ses mains la fieffes de 1388 pour le prix de 9 livres de rente, à conditions identiques. Cette cession date du 24 Août 1495.

Les héritiers De Launel résistèrent mais une transaction fut passée le 13 Mai 1499:

- Edmond Hérier (qui est qualifié d'écuyer) conserva le manoir avec les terres situées entre le chemin qui passait devant ce manoir et le chemin Perré.

- Les héritiers De Launel eurent les terres comprises entre le chemin devant le manoir et la Risle, à charge de payer 50 sous de la rente de neuf livres due à l'Abbaye.

 

Edmond Hérier eut quatre fils: Pierre (l'aîné),  Jehan (Sieur des Fieffes), Pierrot (Sieur du Bois) et Guillaume (Sieur des Landes et de Beaurepaire).

 

LES DIFFERENTS SIEURS DES SIAULES

- 1523-1548: PIERRE LE HERIER

Le Manoir des Seaules passa aux mains de son fils aîné, Pierre le Hérier, écuyer. Il apparaît dans un acte du 10 Novembre 1526, comme propriétaire des Seaules.

C'est à lui ou à son fils qu'il faut attribuer la construction du manoir actuel. Les dépenses qu'elle entraîna expliqueraient les difficultés financières de Pierre le Hérier dont les récoltes furent saisies par ses créanciers le 15 Juin 1548. Il dut mourir peu après cette date.

 

- 1556-1589: GUILLAUME LE HERIER

Guillaume le Hérier, fils aîné de Pierre, portait le titre d'"écuyer, Sieur des Siaules" dès le 1er Mars 1556: il fieffa ce jour-là une pièce de tabellionnage de Rugles et, le 10 Juin 1558, il est qualifié de "Sieur des Siaules", fils de feu Pierre Hérier, dans une obligation de 80 livres faîte à Robert de la Vove, Seigneur de Thourouvre.

En 1562, il est de nouveau qualifié d'"écuyer et de Seigneur des Siaules" dans le rôle de l'arrière ban de bailliage d'Evreux et il est imposé de 20 livres, en tant que "noble".

Il loua toutes les terres de son domaine des Siaules avec toutes les corvées qui lui étaient dues, le 09 Février 1566, au prix de 4 francs l'acre, en se réservant 5 corvées de harnais.

En 1588, Guillaume le Hérier réclamait ses gages "pour avoir combattu aux guerres civiles dans lesquelles M. de Vieuxpont (baron du Neubourg) prit une part active.

Il mourut entre 1589 et 1608 puisque, le 27 Mai 1608, un acte mentionna "Renée le Hérier, fille de feu Guillaume le Hérier, écuyer, Sieur des Seaules, femme de noble homme Jacob le Forestier, écuyer, Sieur de Mont-Pinson".

Guillaume le Hérier laissa deux filles au nom de "Renée".

 

- 1608-1652: RENEE HERIER/ JACOB 1er LE FORESTIER

A la mort de Guillaume le Hérier, ses deux filles héritèrent pour moitié du domaine des Seaules:

  • L'une, Renée la jeune, épousa Nicolas le Conte

  • L'autre, Renée l'aînée, épousa Jacob le Forestier en 1595. Ce dernier avait déjà des attaches avec Ambenay puisque sa soeur, Marie le Forestier se maria en 1587 avec Cyprien Baudot (1558-1630), Seigneur d'Ambenay. Ces derniers vivaient au manoir seigneurial du Buat, à proximité des Siaules.

Le 27 Novembre 1609, Nicolas le Conte (écuyer, Sieur de la Richardière et veuf de Renée le Hérier) rendit aveu à Cyprien Baudot (Seigneur d'Ambenay) en qualité de tuteur de Louis le Conte, son fils. Cet aveu précise que la maison des Siaules était "environnée de fossés avec ponts-levis,..., maison manable, four, estables et aultant qu'il y a de logis nouvellement batiz".

L'aveu mentionne "les corvées de bras et harnoys sur les habitants des villages d'Ambenay et du Bohyon, droicture et franchises a la forest de Breteuil tant pour le pasturage, peusson, glandée et droit de prendre bois en celle forest comme les abbé et religieux de Lyre avoient en celle pour reparer, rediffier et chauffer; et en temps de glandée il est subgect de appanager ses porcz au pennage de la dicte sieurie d'Ambenay...Item mouldre comme advenant a demy moulture au moulin-roger".

Les propriétaires des Seaules exerçaient un droit de corvées sur les habitants du pays et, bien que ce domaine n'était qu'une terre roturière relevant de la seigneurie d'Ambenay, leur maison avait l'aspect d'une demeure féodale avec des fossés, tourelles, pont-levis et une chapelle.

 

De leur coté, Renée le Hérier (l'Aînée) et son mari, Jacob le Forestier (écuyer, Sieur de Mont-Pinchon) habitaient Ambenay depuis longtemps déjà (puisqu'un de leurs fils, Alexandre y était né en 1600).

En 1619, une vive altercation eut lieue entre Renée le Hérier/Jacob II le Forestier (son fils) et Guillaume de la Vallée, Sieur de la Roche pour des questions de préséance. Ce dernier engagea une procédure à l'encontre de René le Hérier et son fils devant la Vicomté de Breteuil et obtint une sentence en sa faveur le 23 Décembre 1619.

 

En 1623, elle était veuve et soutint avec plusieurs des parents de son mari un procès contre les habitants d'Ambenay, de Rugles et de Landepereuse qui voulaient les porter au rôle des tailles et avaient obtenu une ordonnance favorable des commissaires des tailles. Toutefois, une décision en appel (arrêt de la cours des aides du 13 Février 1632) déclara que les Le Forestier était de race noble et ordonna de leur rendre les sommes qu'ils avaient payé indûment.

Renée le Hérier et Jacob le Forestier eurent deux fils: Jacob qui prit le titre de Sieur de Mont-Pinson et Alexandre qui prit le titre de Sieur des Trées.

 

- 1623-1640: JACOB II LE FORESTIER

Le mari de Renée Hérier, Jacob I le Forestier mourut assez jeune, vers 1619. Leur fils aîné, Jacob II le Forestier lui succéda.

A son tour, Jacob II le Forestier perdit la vie à l'occasion d'une triste altercation: Le dimanche 25 Novembre 1640, après une messe dans l'église de Landepereuse avec Charles le Forestier (Ecuyer et Sieur du Bois-Saptel), ses parents, son frère Alexandre le Forestier et le Sieur de la Boulaye. A la sortie de la messe, le Sieur de la Boulaye avait adressé des injures au Sieur du Bois-Saptel, une fusilade éclata et Jacob le Forestier reçut une balle mortelle. Le Sieur de la Boulaye fut poursuivi dans le choeur de l'église et fut mortellement blessé (il décèdera quelques jours après). Poursuivis par la Justice, les Le Forestier s'enfuirent dans l'Armée qui était le grand refuse des gentilshommes.

 

- 1658-1664: ALEXANDRE LE FORESTIER

En 1640, le frère de Jacob II, Alexandre le Forestier, devint à son tour Sieur des Siaules.

Le 14 Février 1643, sa mère Renée le Hérier fit don à la fabrique d'Ambenay de 10 livres d'argent et d'une pièce de terre qui lui avait coûté 90 livres, à charge de faire dire une messe basse tous les premiers samedis du mois, en l'honneur de l'Assomption.

Le 7 Août 1645, Renée le Hérier habitait toujours le manoir des Seaules et fut assignée devant le Grand Maître des eaux et des forêts pour les dommages occasionnés par ses moutons dans la forêt de Breteuil. Elle apparaît dans divers actes jusqu'en 1652.

Alexandre le Forestier épousa Marie Martel à Conches-en-Ouche le 23 Octobre 1651. Il était alors écuyer et Seigneur des Trées. Marie Martel était la fille de Jean Martel, Sieur du Breuil et de Saint Calais, avocat du Roi à Conches.

Il rendit aveu de la terre des Siaules en 1658, après la mort de sa mère. Cet aveu, semblable à celui de 1609, indique qu'il est de nouveau propriétaire de l'ensemble du domaine, comme héritier de sa mère mais aussi de sa nièce Françoise le Conte et par suite d'un échange avec Nicolas le Conte en 1633.

Le 08 Mai 1662, il rendit un nouvel aveu à l'Abbaye de Lyre, après que cette dernière ait racheté la Seigneurie d'Ambenay. Le domaine des Seaules se composait alors de 45 acres.

Il eut deux filles: Marie et Madeleine puis mourut à Ambenay le 19 septembre 1664, à l'âge de 61 ans.

 

- 1662-1723: MARIE LE FORESTIER ET JEAN-BAPTISTE DE GASTINEL

Après la mort de leur père, Marie et Madeleine le Forestier furent confiées à un parent, Alexandre le Forestier (Sieur du Saptel), le 22 Septembre 1664. Ce tuteur donna en location les terres des Siaules en 1671 pour 600 livres. Cette tutelle cessa le 24 Mai 1675.

  • Marie le Forestier épousa en 1689 Jean-Baptiste de Gastinel (écuyer, Sieur de Mauny et de Saint-Nicolas-d'Attez).

  • Madeleine le Forestier épousa Charles de la Rivière (écuyer, Sieur de Silly) le 27 Avril 1683 à Breteuil.

Dès 1692, Marie le Forestier et son mari Jean-Baptiste de Gastinel habitaient le manoir des Siaules puisque leur fils, Alexandre-François de Gastinel fut inhumé à Ambenay le 1er Septembre 1692.

De même, leur autre fils, Jean-François de Gastinel y fut baptisé le 5 Mars 1696 (et inhumé le 19 Mars suivant).

 

Les deux soeurs Marie et Madeleine le Forestier possédaient le domaine des Siaules en indivision mais, le 16 Janvier 1704, Marie le Forestier et son époux devinrent propriétaires uniques de cette terre.

La population voisine ayant l'habitude d'appeler Marie le Forestier et Jean-Baptiste de Gastinel "Monsieur et Madame de Mauny" et le manoir des Siaules devint le "Manoir de Mauny", tel qu'on le connaît aujourd'hui.

Le 09 Janvier 1710, Jean-Baptiste de Gastinel vendit sa seigneurie de Mont-Pinson au prix de 2.400 livres, et conserva son titre de Sieur des Trées.

Marie le Forestier et Jean-Baptiste de Gastinel eurent un fils, Joachim-Jacques de Gastinel.

 

Le 16 Septembre 1723, Marie le Forestier vivait encore mais séparée de son mari (séparation civile). Elle loua la moitié de la terre des Siaules à un fermier, à charge pour ce dernier de payer les 9 livres de rente aux religieux de Lyre.

 

- 1723-1751: JOACHIM-JACQUES DE GASTINEL

Leur fils, Joachim-Jacques prit le titre de Sieur de Trées, Sieur de Mauny et des Siaules. Il se maria le 20 Avril 1712, à Ambenay avec Anne Saillard, fille d'Alexandre Saillard, officier de S.A.R. Madame et de Elisabeth Bouton.

La terre des Siaules fut quelque peu délaissée au profit de celle de Saint-Nicolas-d'Attez où, en 1740, il fit une importante donation pour fonder une école gratuites.

Il fit une brillante carrière d'officier de cavalerie qui lui valut la croix de chevalier de Saint-Louis et devint capitaine d'une compagnie de chevau-léger.

Il mourut en Mai 1751, sans enfant, et sa succession fut divisée entre plusieurs héritiers collatéraux le 04 Juillet 1752.

 

LE COMMERCE DES EPINGLES AUX SIAULES

Le hameau des Siaules connaît une grande prospérité au cours du 18ème et 19ème siècle grâce à la fabrication et du commerce des épingles.

Les villes de L'Aigle et Rugles deviennent les capitales mondiales de l'épingle et tous les villages, tous les hameaux se spécialisent dans cette fabrication artisanale.

Plusieurs familles des Siaules sont ainsi "épingliers" de père en fils telles que les familles Saillard, Gâtine, Rouville.

Les archives nous permettent de recenser les personnages suivants:

- Nicolas Saillard est épinglier en 1737.

- François Saillard, Louis Gatine, Guillaume Bouilland, François Dufour, tous épinglier en 1793 et Pierre Saillard est "négociant en épingles".

 (épinglier) en 1793

- François Rouville est épinglier en 1800.

- En 1826/1827, Michel Dufour, Félix Maulave, Nicolas Saillard, René Rouville sont tous églinglier et Louis Thuillet est fabricant de clous. François Rouville, toujours épinglier (depuis au moins 1800, devient aussi membre du Conseil Municipal.

 

Les femmes participent également à cette activité familiale ou bien certaines développent un autre travail tel que "ouvrière en gants" (exemple: Madeleine Chevalier en 1827).

 

LES SIAULES EN 1835

Le hameau des Siaules est administrativement divisé entre les deux Communes d'Ambenay (partie Est) et de Bois-Arnault (partie Ouest).

Cette division trouve très certainement son origine dans la transaction passée le 13 Mai 1499 entre l'Abbaye de Lyre, Edmond Hérier et la famille De Launel:

  • Edmond Hérier conserva le manoir (de Mauny) avec les terres situées entre le chemin qui passait devant ce manoir et le chemin Perré. Cette partie est aujourd'hui sur le territoire de la Commune d'Ambenay.

  • Les héritiers De Launel eurent les terres comprises entre le chemin devant le manoir et la Risle. Cette partie appartient à Bois-Arnault.

A l'époque, les paroisses adoptèrent ce partage et, en 1791/1835 les Communes ne firent que respecter les délimitations déjà fixées par les paroisses pour définir leurs propres limites administratives. Ainsi, le premier cadastre fut établi en 1835, divisant officiellement le hameau.

 

Les Siaules et le Manoir de Mauny en 1835 (cadastre communal)

 

 

LES RECENSEMENT DE 1891 à 1911

Les recensements de la commune d'Ambenay révèlent que les Siaules (partie d'Ambenay seulement) comptaient:

  • En 1891, 52 habitants répartis en 18 maisons et familles (sur une population totale de 716 habitants). Notamment, M. Alfred Nicourt est "maçon", M. Amand Rouville, Emile Saillard, Edouard Loiseau et Joseph Lefebvre sont "usiniers", Philippe et Gaston Desprès sont "ferronniers", Avetine Gouet est "cafetière", Prosper Mesnil est "tonnelier" et M. Ursule Bertin (propriétaire du Manoir) est "chef d'entreprise".

  • En 1896, 53 habitants répartis en 16 maisons et familles (sur une population totale de 673 habitants)

  • En 1901, 56 habitants répartis en 18 maisons et familles (sur une population totale de 688 habitants)

  • En 1906, 57 habitants répartis en 18 maisons et familles (sur une population totale de 661 habitants)

  • En 1911, 67 habitants répartis en 20 maisons et familles ( sur une population totale de 728 habitants). Notamment, Amand Rouville, Edmond Lucas, Raymond Coupey, Dominique Bunel, Albert et Marcel Gohory, Ernest Germain sont ouvriers d'usine aux Tréfileries et Laminoirs du Havre (Moulin à Papier), Armand Rouville, Alfred et Emile Colin et Jean Lebonielle travaillent à l'entreprise "Louis Marquis", Georges Chemin et Fernand Bienvenu sont cultivateurs, Angéline Bunel est "épicière", Alfred Nicourt est "maçon".

Bien que divisé entre les Communes d'Ambenay et de Bois-Arnault, les Siaules (partie d'Ambenay) en fait le 1er hameau de la Commune avec une population grandissante qui semblait prospérer grâce à l'industrie de Rugles (usine du "Moulin à Papier") et d'Ambenay (usine "Louis Marquis"). L'agriculture n'était que très secondaire.

 

LA FAMILLE BARAGUEY

Le manoir des Siaules est retrouvé au début du 19ème siècle entre les mains de la famille Baraguey.

En effet, son propriétaire est alors Germain-Honoré BARAGUEY (1794-1852) qui exerce la profession de négociant d'épingles.

Il fut également Maire d'Ambenay de 1808 à 1817 et il épousa Thérèse Fouquet (issue d'une riche famille d'industriels locaux) en 1813.

 

LA FAMILLE BOUVIER/FLAUNET/BERTIN (1891- 1906)

Le recensement de la population de 1891 révèle que les propriétaires du Manoir de Manoir sont, cette fois-ci, Ursule Bertin (1830-1911) et Constance Bouvier (1839-1920). Ils vivaient notamment avec Mme Adélaïde Flaunet (1815-1898), veuve de Charles Bouvier (1805-1872) et mère de Constance Bouvier. Ursule Bertin était "marchand Quincaillier"

Charles Bouvier (né à Breteuil en 1805) et Ursule Bertin (né aux Baux de Breteuil en 1830) n'étant pas originaires d'Ambenay, il semble que la possession du Manoir de Mauny provienne de la famille Flaunet (Michel Flaunet, père de Mme Adélaïde Flaunet, est né à Ambenay vers 1781. Il était "propriétaire" et "épinglier" et vivait aux Siaules en 1808).

A sa mort le 15 Octobre 1872, Charles Bouvier se disait "propriétaire", "épinglier" et "cultivateur".

 

Dans le recensement de 1911, Constance Bouvier apparaît encore sous le nom de "Constance Bertin". Elle habite toujours le manoir, avec sa fille Lucie Bertin/Bourgeois (née le 22 Janvier 1864 à Ambenay) et une domestique.

 

LA DESCRIPTION DU MANOIR DE MAUNY

Le manoir des Siaules est une construction massive de deux étages en briques, avec toitures de tuiles. La partie Nord est protégée par deux tourelles aussi en briques au cachet féodal très marqué:

- La tourelle circulaire de gauche est munie de meurtrière

- La tourelle rectangulaire de droite est édifiée en encorbellement sur deux contrefort.

L'utilisation de la brique qui apparut dans notre région au 16ème siècle confirme sa construction vers 1550, par Pierre le Hérier (1523-1548) ou bien par son fils, Guillaume (1556-1589)

D'un coté, le manoir descend directement dans l'eau des douves.

Deux souches de cheminée sont décorées et différents blasons anciens (non identifiés) étaient sculptés sur les poutres intérieures.

Le manoir fut fortement restauré à partir de 1930: les baies (lucarnes, fenêtres et portes) furent reprises avec une décoration de style gothique.

Au 16ème/17ème siècle, le Manoir comprenait différents communs situés à l'intérieur du périmètre protégés par les fossés. On accédait à cette cours intérieure par un pont-levis, situé à l'Ouest, là où subsistent encore quelques bâtiments. Parmi ces bâtiments, il y avait une ancienne chapelle avec voûte en chêne.

Une ancienne porte fut réemployée dans un des bâtiment annexe et cette dernière arborait deux blasons avec la date de "1617" (époque de Jacob le Forestier et de Renée Hérier):

- L'un avec un chevron accompagné de trois feuilles de houx,  très certainement les armes des Le Forestier qui sont "d'argent à trois feuilles de houx de sinople".

- L'autre avec un chevron accompagné de trois trèfles, très certainement l'emblème des Le Hérier.

 

Manoir de Mauny (vers 1905 - avant sa restauration)

 

Manoir des Siaules (vers 1910 - avant sa restauration)

 

Manoir de Mauny (vers 1915 - avant sa restauration))

Manoir de Mauny (vers 1930 - après sa restauration)

Manoir de Mauny (vers 1950)

 

 
       
 

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Dernière mise à jour: 18/11/2017