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Ambenay durant la préhistoire

Ambenay, village Gaulois

Ambenay au Moyen-âge

La seigneurie d'Ambenay (1336 – 1789)

La révolution française à Ambenay

L’ ère industielle à Ambenay

La période 1830 – 1939 à Ambenay

La seconde guerre mondiale 

La fin du 20ème siècle

Liste des Personnalités

Lieudit "Le BOHION"

Lieudit "Les SIAULES/MAUNY"

Lieudit "Transières"

"Le Moulin-Roger"

"Le Moulin-L'Ermite"

"Le Moulin Alix/des Bottereaux"

Lieudit "Le Bailly"

Lieudit "Les Roches"

Lieudit "Les Poteries"

Lieudit "Le Courant"

 

L'HISTOIRE DU VILLAGE D'AMBENAY

 
 

 

LA SECONDE GUERRE MONDIALE A AMBENAY

 

Située au sein de la Normandie, la commune d’Ambenay a également souffert de la présence allemande sur son territoire durant la seconde guerre mondiale.

En effet, le 3 septembre 1939, la France déclarait la guerre à l’Allemagne et imposait la mobilisation générale des français aptes au combat. Tout comme les autres, la mobilisation se fit également à Ambenay.

 

LE SOUTIEN DES VILLAGEOIS POUR LEURS MOBILISES

Dès le 9 décembre 1939, la population d’Ambenay s’unit pour aider ses habitants partis au combat et créa le comité d’entraide en faveur des mobilisés d’Ambenay.

Même certains notables locaux s’engagèrent personnellement telle que la Comtesse de Songeon.

 

LES PREMIERS DOUTES

Dès les premiers mois de 1940, certains habitants d’Ambenay commencèrent à douter de la victoire de l’armée française face à la puissante Allemagne comme l’illustre cette décision du tribunal correctionnel d’Evreux : « Pour avoir tenu des propos alarmiste et défaitiste à Rugles, le 19 février 1940, le nommé L. Alfred, 62 ans, maçon à Ambenay, a été condamné à 18 mois de prison et 300 F d’amende ».

La lourdeur de cette peine montre combien les autorités traitaient sévèrement un homme doutant, à juste titre, de la puissance militaire de son pays.

 

L’ARRIVEE DE LA GUERRE EN NORMANDIE

Le 13 mai 1940, Ambenay fut pour la première fois réellement confronté à la dureté de la guerre après une première alerte à Rugles où il est désormais obligatoire de camoufler tous les éclairages en cas d’alerte.

Le 22 mai 1940, les Allemands arrivèrent à percer les lignes françaises dans les Ardennes et, le 8 Juin 1940, la 10ème Armée Française se reconstitue derrière la Seine pour interdire à l'ennemi de franchir le Fleuve. Les ponts de la Seine sont détruits les uns après les autres et la dernière bataille de France s'engage. C’est alors que certains habitants d’Ambenay commencèrent à migrer vers le Sud de la France pour fuir l’envahisseur.

Les 8, 9 et 10 Juin, la ville d'Evreux est lourdement bombardée par la Luftwaffe (aviation allemande) faisant près de 200 morts et 500 blessés. Ce bombardement de la gare a fortement perturbé la montée au front des renfort français, notamment du 236ème Régiment d'Infanterie. Les pilotes polonais du GC I/145, basés à Dreux, interviennent tant bien que mal pour stopper les incursions aériennes de la Luftwaffe.

Le 9 Juin, la ville des Andelys tombe aux mains des troupes allemandes qui franchissent la Seine grâce à des ponts de bateaux prévus à cette effet. De même, les Allemands utilisent également le bac de Muids, laissé à tord sur la rive Nord. L'infériorité numérique française est importante, le temps est limité pour organiser une véritable défense sur le front de la Seine et enfin la pression allemande sur la Seine est forte.

Le 12 juin 1940, le front sur la Seine est totalement rompu et l’Armée française doit l'ordre de rempli sur la Loire.

Dans la nuit du 14 au 15 Juin 1940, le 236ème RI se regroupe à Grosley-sur-Risle sous la protection de la 1ère Compagnie du 55ème BMIC (Bataillon de mitrailleurs d'Infanterie Coloniale) qui doit protéger la retraite et ralentir l'avancée allemande.

A 13h00, le 236ème RI et le 55ème BMCI (toujours sous la protection de sa 1ère Caompagnie) reculent vers le Sud:

  • La colonne automobile emprunte la route Beaumesnil, Ajou, La Vieille-Lyre, Ambenay, Rugles, L'Aigle et Moulins-la-Marche.

  • La colonne hippomobile emprunte la route Fidelaire, Sainte-Marguerite, Chéronvilliers, route de Saint-Sulpice, Crulai et Lignerolles dans la forêt du Perche.

  • Les éléments à pied embarquent dans des bus à Ferrières-sur-Risle.

Au même moment ,à Ambenay, un soldat en déroute vient, une dernière fois,  dire au revoir à sa famille installée au Courant (frère de Mme Noël). Il repart avec ses compagnons, en camion en direction du Sud.

 

L’ARRIVEE DES ALLEMANDS A AMBENAY

C’est le dimanche 16 juin 1940 que les allemands arrivèrent à Ambenay en empruntant les routes de Lyre et de Breteuil et ce, jusqu'à L'Aigle, comblant ainsi le vide créé par le retrait des troupes Françaises présentes à Moulin-la-Marche et Aube-sur-Risle. Bousculé par l'avancée allemande, le repli français se poursuit vers Laval et la Mayenne.

Les tous premiers Allemands qui rentrèrent dans Ambenay furent trois ou quatre cyclistes armés, habillés d’une casquette et de grands manteaux gris avec le fusil sur l’épaule. Cette avant-garde avait un rôle d'éclaireurs.

 

Soldats allemands en vélos et à cheval en 1940

 

En arrivant au lieudit des Renardières, ces soldats à vélo rattrapèrent un soldat français à cheval qui fut abattu alors que ce dernier cherchait à fuir en s’enfonçant dans la forêt des Baux de Breteuil. Ce soldat français portait le nom d’ « Olivier » et sa famille habiterait dans la région. Il fut enterré sur place.

Un habitant du Courant qui était alors un soldat en convalescence (éclat d’obus dans la main) était en train de recoudre un bouton sur sa culotte de militaire français quand il entendit les coups de feu. Curieux, il sortit dehors et vit les soldats allemands passer devant chez lui en direction du lieudit « La Roche ». Par peur de subir le même sort, il cacha rapidement son uniforme et se réfugia immédiatement dans la forêt. Il y restera un mois puis alla se cacher dans la ferme de « Maurepas » ou des « Mares » (à Ambenay).

Le gros des troupes allemandes suivit après ce premier incident. Les habitants se rappellent encore de l’arrivée spectaculaire de l’ennemi dans la commune : En arrivant dans le bourg par la départementale, venant de Lyre, les Allemands se mirent en rang, occupant toute la route dans sa largeur et défilant en claquant énergiquement leurs bottes et en chantant.

Ces soldats allemands marchaient jour et nuit. D’une façon générale, les habitants d’Ambenay ne tentèrent pas de fuir les troupes allemandes : Ils restèrent enfermés chez eux, craignant le premier contact avec l’ennemi.

Une habitante d’Ambenay se rappelle qu’à l’arrivée des Allemands, son jeune frère alla demander à l’envahisseur s’il « mangeait » effectivement les petits enfants comme le disait sa maman. Un Allemand s’absenta quelques instants et lui ramena une petite voiture verte et un sac rempli de bonbons. Heureux, l’enfant s’en alla et montra ce fameux sac à sa mère qui lui confisqua aussitôt par peur que ces bonbons ne soient empoisonnés. Par la suite, elle les enterra  dans le jardin.

Cette anecdote est révélatrice de la crainte qui régnait à cette époque.

Finalement, jamais, personne ne pourra savoir si l’intention de cet allemand était bonne ou mauvaise.

 

Ce 16 Juin 1940, l'occupation commence pour les habitants d'Ambenay mais les combats se poursuivent à proximité: l'affrontement continue avec les troupes françaises et le soldat Lucien SEJOURNAY (né à Ambenay le 20/07/1910) est tué par des éclats d'obus à L'Aigle (lieu-dit "Mérouvel") vers 09H00. Il était cavalier dans le 2ème groupe de reconnaissance de l'Armée. Son nom figure sur le Monument aux Morts de L'Aigle et de Bois-Arnault (où il demeurait).

 

L’INSTALLATION DES PREMIERS ALLEMANDS

Dès l’arrivée des Allemands, un cantonnement important s’installa dans Rugles et ses environs. Ainsi, Rugles comptait à ce moment près de 1200 occupants.

Cette occupation entraîna aussitôt les réquisitions diverses, le ramassage des armes, le couvre-feu de 22H00, et toutes autres mesures d’usage.

Une habitante d’Ambenay se rappelle que son père se refusait à remettre ses armes aux Allemands. Il cacha donc deux fusils qu’il enterra dans la forêt face au lieudit « Le Courant ». Ces deux armes disparurent mystérieusement et son propriétaire ne les retrouva jamais. Il était également interdit de marcher de front à deux à pieds ou en vélo.

Les premiers soldats allemands qui occupèrent Ambenay furent des soldats de la Wermacht, c’est à dire des soldats « moyens » de l’armée allemande qui étaient beaucoup moins fanatiques que les S.S  (ils étaient donc moins dangereux).

Ils s’installèrent dès le premier jour là où ils le désiraient, c’est à dire chez les habitants, dans le château de l’Ermite, dans le manoir du Bohion,…etc…   La Comtesse fut « chassée » de son château et elle s’installa au manoir de Transières.

Durant toute l’occupation, on nota également la présence continue de la « TODT » qui était une organisation semi-militaire (c’était le génie allemand): Elle construisait des ponts, approvisionnait les troupes en carburant, en bois de chauffage,…

Sur la commune, sa fonction était de produire du charbon de bois en grosse quantité à partir du bois qui était abondant dans la forêt de Breteuil. Ce charbon servait à chauffer les bâtiments réquisitionnés et occupés par l’armée allemande durant les rigoureux hivers.

Cette organisation n’avait rien de coercitive car elle rémunérait les habitants qui travaillait pour elle. « L’emploi » consistait à couper du bois qu’on faisait ensuite fumer toute la nuit dans une grande cloche fermée. Cette cloche mesurant trois mètres de diamètre, faisait consumé le bois sans qu’il brûle et cela, durant toute la nuit.

Les Allemands avaient également installé un mini chemin de fer dans la forêt, parallèlement  aux lieudits « la Roche », « le Courant » et les « Poteries ». Cela permettait le transport du bois et du charbon à travers la forêt.

Une habitante du Courant se souvient aussi que son jeune frère avait été « recruté » par la TODT. Il bûchait du bois dans la forêt de Breteuil. Celui-ci était alors dans l’obligation de dormir avec les autres travailleurs français dans le Château de l’Ermite.  Ainsi, les Allemands les emmenaient le matin sur leur lieu de travail en camion et les ramenaient le soir au Château de l’Ermite. Le seul moyen de voir sa famille était de s’absenter discrètement la nuit.

Selon les habitants, il semblerait que l’école n’ait jamais été fermée même durant les premiers jours d’occupation. Le maître d’école s’absenta longuement mais l’enseignement fut tout de même dispensé par deux remplaçantes dont l’une était la nièce de Guy Lacombe et l’autre était Melle Maubert qui était de la famille Desclos.

 

LE RECENSEMENT DES PRISONNIERS DE GUERRE FRANCAIS DE 1940

Le 22 Août 1940, les autorités militaires allemande fournirent la liste officielle des prisonniers de guerre français afin de renseigner les familles rapidement et d'obtenir un semblant de sympathie de la part de la population française. Dans cette liste (qui peut être incomplète), indique les soldats suivants:

- Désiré RIE né à Ambenay le 26 Août 1911, 2ème classe de la D.C.2.

- Léon LAIME né à Ambenay le 20 Février 1917 - 2ème classe du 129ème Régiment d'Infanterie.

- Fernand LEFRANCOIS né à Ambenay en 1915.

- Albert MORIN né à Ambenay, 2ème classe du 68ème G.R.D.I.

- René DEROUAULT né à Ambenay le 15 Février 1900, 2ème classe du 41ème R.R. 184.

- Daniel POIRIER né à Ambenay, 2ème classe.

 

Le document indique que, dès que le service postal refonctionnera, les communications écrites entre les prisonniers et leurs familles seront possibles, conformément aux dispositions des Conventions Internationales. Les visites demeureront toutefois interdites.

 

LA VIE DES VILLAGEOIS DURANT LA GUERRE

L’APPARITION DU RATIONNEMENT

A partir du 7 décembre 1940, la population fut désormais contrainte d’employer le système de rationnement, à renouveler chaque mois pour tous les produits alors que la vente

clandestine était strictement interdite. Ainsi, par exemple, les tickets de savon étaient distribués à la mairie. Le service de rationnement était effectué par l’institutrice et secrétaire de mairie, Madame Duval.

Dès 1942, le nombre de consommateurs pour le rationnement ne fut jamais inférieur à 560 alors qu’Ambenay ne comptait que 550 habitants. Tous ces rationnements entraînèrent de nombreux vols à Ambenay comme des vols de brebis et d’agneaux en février et avril 1941.

Durant ces années d’occupation, la vie au quotidien n’était pas facile mais pourtant, en ce qui concernait la nourriture, Ambenay avait la chance d’être une commune rurale : Ainsi, les fermiers locaux approvisionnaient directement le reste des habitants en beurre, en lait, en œufs,…

De même, Ambenay fut une des rares communes de la région où le pain, même une journée, n’eut jamais manqué car le maire se chargea personnellement du ravitaillement de la boulangerie en farine. Mais, il faut ajouter que les habitants n’ont pas attendu cette éventuelle pénurie de pain : De nombreux agriculteurs récoltaient leur blé et  faisaient eux même leur propre farine et leur pain.

En revanche, la viande manquait terriblement, incitant certaines personnes à pratiquer le marché au noir. Ce marché noir, dans la région de Rugles, ne ressemblait en rien à celui de Paris où l’on profitait de la pauvreté des individus pour s’enrichir. Au contraire, à Ambenay et à Rugles, ce marché noir permettait, certes, au vendeur « hors la loi » de nourrir sa famille mais aussi de nourrir en secret la population qui était sans cesse rackettée par les Allemands. Ainsi, c’était un marché avec des prix raisonnables qui se faisait seulement hors de la vue des Allemands.

Une ancienne habitante du bourg se souvient que son père pratiquait ce marché dit        « au noir » car secret. Il abattait des bêtes chez lui avec ses deux fils pour en vivre et nourrir la population d’Ambenay et de Rugles.

Il semblerait que les soldats allemands cantonnés à Ambenay fermaient les yeux quant à ses pratiques car, un jour, le père de cette habitante se fit arrêter à un barrage allemand dans la côte de l’église d’Ambenay. Ils levèrent la bâche de la charrette à bras servant au transport de la viande et aperçurent la nourriture illicite. Finalement, les Allemands lui demandèrent de rentrer chez lui : « RAUS !  RAUS ! ».

A l’inverse, les soldats de Rugles menacèrent ce même homme et celui ci ne put repartir que grâce à la présence innocente de ces deux jeunes enfants de 11 et 12 ans.

Dans un tout autre domaine, cette fois-ci licite, une habitante de la Briquetterie se rappelle combien la fabrication du beurre était difficile durant la guerre. Cette fabrication demandait beaucoup de travail et de surveillance pour un résultat pas toujours à la hauteur des efforts fournis ( bien souvent, ce beurre « tournait » pendant sa fabrication). Ce beurre était un produit précieux qui permettait de faire vivre en partie la famille, malgré la réquisition dont il faisait l’objet : Il fallait l’apporter à Rugles pour être distribuer par rationnement.

Les repas de l’époque se composait surtout de lapins, de lait, de fromage blanc, de salsifis. On ne mangeait pas de porcs car il n’avait rien à leur donner à manger, les poules ne pondaient pas beaucoup en raison de la pénurie de grains et les pommes de terres étaient dévorées par le doryphore (larves d’insectes).

De plus, les Allemands avaient la mauvaise habitude de se servir librement chez les habitants. Une fois, des soldats allemands vinrent dans une ferme du Courant pour plumer des oies qui venaient d’ailleurs. Ils obligèrent alors la fermière à faire cuire ces oies dans son four et ils mangèrent les volailles devant les yeux des habitants affamés. Un des soldats voulut même manger le repas de la famille (des haricots) mais la mère de famille contesta et le soldat alla chercher des pommes de terres dans un champ voisin et ordonna à la cuisinière de les faire cuire.

Ce rationnement perdura durant de nombreuses années, au-delà même de la Libération et ce, jusqu'en 1947.

 

LA MONTEE EN PUISSANCE DE L’ALCOOLISME

Curieusement, la fréquentation des cafés semblait très active de 1941 à 1943 car de nombreux cas d’ivresse à Ambenay furent signalés dans la presse comme si les habitants de la commune voulaient oublier les malheurs de la guerre dans l’alcool. De même, un atelier de bouillage s’installa à Chennecourt près de la mare communale en 1941.

Les villageois d’Ambenay furent également les témoins de délires alcooliques de la part des Allemands qui raffolaient particulièrement de notre fameux « Calva ». En effet, il était courant que l’ennemi débarquait à l’improviste dans les fermes du village pour prendre possession du précieux liquide. A de nombreuses reprises, ces Allemands passèrent la nuit sur les terrasses des fermes, saouls et dans un état de délabrement total. Ce comportement allemand écœura particulièrement les villageois.

 

LA LIBERTE DE SE DEPLACER

Concernant la liberté de se déplacer, les habitants pouvaient se promener la journée mais, le soir, il y avait un couvre feu à partir de 22H00. Cela n’empêcha pas les jeunes d’organiser des bals clandestins dans les fermes. Seulement, il ne fallait pas que l’ennemi le sache. C’est pourquoi les invités passaient la nuit entière dans ces fermes pour éviter d’être surpris sur la route après le couvre feu.

En novembre 1941, les agriculteurs de la commune rencontrèrent des difficultés avec les vétérinaires de l’Aigle qui refusèrent de se déplacer à Ambenay en raison du rationnement de l’essence.

Le conseil municipal régla alors ce problème en demandant qu’un contingent d’essence soit alloué pour les services vétérinaires.

Ces déplacements furent tout de même faciliter par le goudronnage de la route principale d’Ambenay en 1941. Ce goudronnage du bourg d’Ambenay fut à l’origine d’un litige avec le service des ponts et chaussées qui encombrait les trottoirs de tas de gravillons. Ceci gênait la circulation des piétons et les obligeait à emprunter la chaussée, ce qui amena des accidents. Le conseil municipal régit alors vite et exigea que les dépôts de gravillons soient levés.

 

L'ANNEE 1941

Le temps fut très pluvieux et le lieudit "Les Viviers" connurent des inondations. Le Conseil Municipal décida la réfection du passage d'eau des Viviers et la pose, sous la route, d'un tuyau d'un diamètre supérieur à celui qui était déjà en place.

Cette même année, l'église et l'école eurent besoin de grosses réparations à la toiture.

Et enfin, le 9 Décembre 1941, le Conseil Municipal dut souscrire à l'achat d'un portrait du Maréchal Pétain (comme tous présidents).

 

L'ECOLE SOUS L'OCCUPATION ALLEMANDE

Sous l'occupation, l'activité de l'école ne cessa jamais. Il semble toutefois que M. DUVAL soit devenu le seul et unique instituteur d'une seule classe mixte. Il fut remplacé, au cours de la guerre, par deux personnes de la Commune: la nièce de Guy Lacombe et Melle Lombaert (famille Desclos). Dès 1942, le balayage des classes et l'allumage des feux fut confiés à Mme Gohory.

Mme Noël, écolière à l'époque, se rappelle que l'école n'a jamais fermé durant la guerre, malgré la présence allemande. Quelque fois, des Allemands venaient apporter du sucre à l'école mais il fallait faire le beau (à la façon des chiens!) pour en avoir un morceau.

Après le débarquement de Juin 1944, de nombreux réfugiés des zones de combat (principalement de Caen) arrivèrent à Ambenay. Certains furent pris en charge par la Commune et ils dormaient dans les classes d'école. Ces malheureux avaient des poux qu'ils avaient donné aux élèves de l'école.

Les écoliers, durant les heures d'école, avaient des consignes de sécurité à respecter: dès qu'un avion chasseur passait à proximité de l'école, les enfants devaient se mettre à l'abri sous leur table. Cela les amusait beaucoup.

De même, en cas de bombardement (du fait de la proximité immédiate de la ligne de chemin de fer), les enfants devaient courir se protéger dans une tranchée près de l'école, derrière la maison du passage à niveau. Cet emplacement était bien entendu complètement absurde sachant que c'était la voie ferrée qui serait visée par les bombardements...

 

L'INCROYABLE HISTOIRE DE XAVIER CHERON

Fils de Paul CHERON (ouvrier d'usine) et de Jeanne LEGER, Xavier CHERON naquit le 07 Janvier Janvier 1921 à Ambenay, au lieu dit des "Renardières".

Il s'engagea dans la Marine nationale le 14 Novembre 1938, à l'âge de 17 ans, pour une durée initiale de 5 ans et il est incorporé au 5ème dépôt de Toulon (Var). Il est ensuite affecté entre décembre 1938 et Janvier 1940 sur le croiseur "Tourville"et les cuirassés "Courbet" et "Paris".

Après une courte période sur sur le navire atelier "Jules Vernes" (jusqu'en Février 1941), il devint ensuite matelot 2ème classe, canonnier dans le sous-marin le "Souffleur".

 

Ce sous-marin français de la classe REQUIN fut construit en 1926 à Cherbourg. Il faisait partie d'une série de 9 bâtiments mis en service de 1925 à 1928. Il opéra en Tunisie, aux Canaries, puis au Levant dans les moments les plus troubles de la seconde guerre mondiale.

Suite à l'Armistice de Juin 1940, bien qu'invaincue, la Flotte française dut être désarmée. Le Sous-Marin SOUFLLEUR resta ainsi inactif et désarmé durant quelques mois dans le port tunisien de Bizerte, avec seize autres sous-marins français, sous les ordres du Gouvernement de Vichy qui conserva son contrôle sur la moitié Sud de la France et sur ses colonies

 

Sous-Marin le "SOUFFLEUR"

 

Toutefois, l'article 8 de la Convention d'Armistice autorisait le Gouvernement français à conserver une partie de sa flotte armée pour la sauvegarde de ses intérêts dans son empire colonial. C'est dans ce contexte que, le 6 Février 1941, trois sous-marins français SOUFFLEUR, MARSOUIN et CAIMAN furent réarmés à Bizerte pour relever la 10ème Division de Sous-Marins (DSM) à Beyrouth (Liban), où se concentraient les forces navales du Levant. Ces trois sous-marins formèrent la 9ème Division de Sous-Marins et quittent le port de Bizerte le 8 Avril pour arriver à Beyrouth le 15 Avril 1941.

En Avril 1941, les Britanniques furent chassés de Grèce puis de Crête en Mai. Leurs positions stratégiques en Palestine et Egypte furent à leur tour menacées, les obligeant à intervenir militairement pour préserver notamment l'accès au Canal de Suez. La Marine britannique dut tout d'abord gagner la maîtrise des côtes jusqu'à Beyrouth en s'opposant aux forces allemandes mais surtout françaises vichystes dans la région. Le sous-marin SOUFFLEUR prit donc part activement à la campagne de Syrie, contre l'allié britannique, sous le drapeau vichyste.

Le SOUFFLEUR appareilla de Beyrouth le 8 juin à 5h00 et il reçoit immédiatement l'ordre de patrouiller le long de la côte pour prendre part aux hostilités qui opposent la Marine française de Vichy à la Marine Britannique.

 

Au matin du 9 Juin, il reçut l’ordre de se porter dans la partie sud de son secteur pour attaquer les bâtiments britanniques s'ils poursuivent la 3ème division de contre-torpilleurs (3ème DCT) envoyée en opérations dans la région de Saïda.

A 11h15, il plongea à 25 mètres pour passer entre les contre-torpilleurs français GUEPARD et le VALMY qui se dérobaient en direction du Nord, poursuivis par des destroyers britanniques.  A 11h45, il reprit la vue et aperçut deux destroyers britanniques. Toutefois, il n'engagea pas le combat puisqu'au même moment, les deux destroyers ennemis firent demi-tour abandonnant la poursuite de la 3ème DCT.

Le 10 juin à 05h34, un croiseur ennemi fut aperçu, précédé de trois torpilleurs. Le SOUFFLEUR manœuvra pour passer entre ces derniers et le croiseur, mais à 05h55, le croiseur se déroba en virant à gauche, tandis que les destroyers attaquaient et grenadaient le sous-marin à 05h56, sans résultat.
A 09h30, le croiseur australien PHOEBE (allié aux Britanniques) protégé par trois destroyers furent à nouveau aperçus au périscope:  le SOUFFLEUR les prit aussitôt en chasse et lança une torpille à 09h45 sur le croiseur qui loupa sa cible. Ordre fut donné de tirer une seconde torpille mais cette dernière refusa de quitter le tube. Immédiatement, le SOUFFLEUR plongea en eaux profondes pour se dérober à la recherche des destroyers qui ne purent le grenader.

Le 11 juin à 01h25, alors qu'il était en train de faire surface pour recharger sa batterie,  le SOUFFLEUR dut plonger en urgence pour échapper à un destroyer situé à 1.500 mètres environ qui l'avait répéré. Ce bâtiment tourna pendant plus d’une heure autour du sous-marin, en vain. A 12h40, le SOUFFLEUR reçut l’ordre de rentrer à Beyrouth.

Le 12 juin, alors que le SOUFFLEUR était à quai, le port de Beyrouth fut l'objet d'une attaque aérienne: une bombe tomba à seulement 10 mètres à bâbord du sous-marin (à 00h35).

Le SOUFFLEUR fit une nouvelle sortie du 13 au 17 juin, puis du 19 au 22 juin 1941. Ces sorties semblent avoir été réalisées sans incident.
Il reçut de nouveau l'ordre d’appareiller le 24 juin pour relever le sous-marin CAÏMAN situé au large du Ras Damour, sur la route habituelle de la Marine britannique.

 

Le 25 juin 1941, à 09h 55, le SOUFFLEUR se situait à 2 ou 3 nautiques de terre entre le Ras Damour et le Ras Beyrouth et il chargeait sa batterie avec une ligne d’arbre débrayée et était en marche sur un moteur à 7 nœuds.

Six hommes étaient de quart en passerelle (dont l’enseigne de vaisseau MORANGE) lorsque quatre sillages de torpilles furent aperçut à bâbord. L’enseigne de vaisseau manœuvra aussitôt mais ne put éviter une des torpilles qui frappa le bâtiment à hauteur du canon. Le sous-marin coupé en deux coula instantanément avec 52 marins dont le matelot Xavier CHERON. Les trois autres torpilles allèrent à la plage, où l’une d’elles explosa ; les deux autres furent retrouvées intactes.
L’enseigne de vaisseau MORANGE fut probablement blessé et coula avec le bâtiment. Les cinq hommes restant qui se trouvaient sur la passerelle tentèrent de gagner la terre à la nage :

- Quatre d’entre eux y réussirent après avoir nagé pendant 2 h 30 (Joseph CORBEL, timonier; Marius CARLON, canonnier; Fernand BRUNO, électricien; Fernand BRAZY, mécanicien)

- Le cinquième coula en route (André MONTAGNE, torpilleur)


Le SOUFFLEUR fut coulé par le sous-marin britannique PARTHIAN.

 

Sous-Marin britannique PARTHIAN en 1943

 

En Janvier 1945, le nom du sous-marin Souffleur fut réattribué à un char M.10 Destroyer de la 2ème Division Blindée, dont le chef de char était le second maître Moncorgé, plus connu sous le nom de "Jean Gabin".

Jean GABIN et son char "SOUFFLEUR II" en hommage au sous-marin

 

LES MANOEUVRES MILITAIRES DE L’ENNEMI

Une habitante se rappelle que les troupes allemandes s’entraînaient régulièrement près de chez elle dans les environs du hameau « le Courant ». En effet, étant à l’époque une jeune écolière, elle rencontrait souvent les Allemands dans le petit bois du hameau des « Renardières » lorsqu’elle se rendait à l’école d’Ambenay se située à la « Noes ». Ces derniers s’entraînaient dans le bois en tenue de camouflage avec des branches sur leur casque.

Cette habitante se souvient également que ces mêmes Allemands défonçaient quelquefois les haies avec leurs chars « Panzer » durant leurs manœuvres militaires. Il est vrai que le chemin le plus court a toujours été la ligne droite….Aucune indemnisation n’était bien entendu allouée au propriétaire de ces haies.

Des chars « Tigres » furent aussi vus au lieudit du Courant : Ils passèrent devant les Poteries en direction du Courant mais un des deux chars fit écrouler le petit pont en bois qui enjambait le gros fossé, au bout de la route dans le virage. Le char tomba dans le fossé et eut de grandes difficultés à en sortir. En continuant leur route vers le lieudit « La Roche » et « Le Cornet », ce même char s’embourba au lieudit du Cornet. Il sortit de la boue en utilisant une chaîne attachée à un gros poirier.

La vie quotidienne demeura ainsi jusqu’en juin 1944.

 

LA RESISTANCE A AMBENAY

Durant la guerre, les habitants d’Ambenay disposaient d’un unique moyen d’information écrit, le journal local « Le Nouvelliste de l’Eure ». Ce dernier était bien sûr soumis à la censure des Allemands et des autorités françaises. C’est pourquoi, dès septembre 1940, un réseau de résistants, le réseau « Brutus », commença à s’étoffer autour du lieutenant de réserve, Guy Lacombe, régisseur du Château de l’Ermite à Ambenay.

Le travail des résistants consistait à renseigner les alliés sur les mouvements des troupes et à distribuer les journaux clandestins en provenance de Paris où Guy Lacombe se rendait chaque semaine pour porter les renseignements recueillis et prendre des instructions.

Ainsi, Mr et Mme Lacombe, Lebon, Rabet et Decombet étaient chargés de démonter la propagande à Ambenay. Grâce à eux, la population pouvait connaître les véritables nouvelles du front allié échappant à la censure des autorités.

Guy Lacombe forma un groupement structuré de 25 agents répartis dans une douzaine de communes avoisinantes dès décembre 1940. Ce réseau, à la fois de renseignement et d’évasion, fut ainsi le tout premier réseau de résistance de la région mais il fut vite absorbé par le réseau « Alliance » en janvier 1941.

En mai 1942, Guy Lacombe, Lethiec, Arthur Lebon et Isidor furent arrêtés par la Gestapo à Paris. Lebon et Lacombe furent déportés :Le premier disparut dans un camp et le second mourut après d’horribles souffrances et d’effroyables tortures, le 18 juillet 1943 au camp de Struthot.

Malgré cette fin tragique, Guy Lacombe et Arthur Lebon méritent tous deux d’être davantage connus pour ce qu’ils ont fait pour la commune, la région et la France, d’autant plus qu’ils formèrent le tout premier réseau de résistance de la région.

Pour leur rendre hommage, la commune donna leur nom à la principale route d’Ambenay, à la partie de la RD 830 qui passe dans le bourg. Le 4 Novembre 1945, la rue fut rebaptisée "Rue Guy Lacombe" du café "Goubin" à la sortie Nord du bourg. Le 1er Décembre 1946, la même rue fut rebaptisée "Rue Arthur Lebon" du café "Goubin" à la sortie Sud du Bourg.

 

Rue principale du bourg du village

 

LE MANQUE DE BOIS DE CHAUFFAGE

En 1943, la commune connut des difficultés à s’approvisionner en bois de chauffage, ce qui fut à l’origine d’un long conflit entre la Comtesse de Songeon (marchande de Bois domiciliée au château de l’Ermite) et le conseil municipal d’Ambenay.

Voici, le procès verbal du conseil municipal évoquant ce désaccord :

« Monsieur Tabourier, conseiller municipal délégué dans les fonctions de maire, met le conseil au courant des difficultés qu’il rencontre pour l’approvisionner la commune en bois de feu. Il expose notamment :

Que par sa lettre du 16 octobre 1943, Madame de Songeon l’a informé de sa volonté formelle de distribuer comme bon lui semblait les 700 stères de bois qui lui étaient réquisitionnés pour la population d’Ambenay et de ne pas commencer à en faire livraison avant fin décembre.

Que Monsieur le Préfet, informé par lettre du 20 octobre 1943 des prétentions inacceptables de Mme de Songeons et invité à trancher la question, n’a pas cru devoir répondre.

 Que par l’intermédiaire de son garde, Mme de Songeons l’a informé que 200 stères de bois étaient mis à la disposition de la commune qui devait en prendre livraison sur coupe et payer dans un délais de deux mois ;

Que par lettre du 01 décembre 1943, Monsieur Bourgeois, maire de Rugles, paraissant agir en tant qu’homme d’affaire de Mme de Songeons a confirmé les ordres de cette dame.

Que trouvant les conditions imposées (sur les conseils de Mr Bourgeois, maire de Rugles) inacceptables, il a demandé à Monsieur le préfet de bien vouloir prier Mme de Songeons, marchande de bois, de bien vouloir livrer aux conditions normales du commerce, ainsi qu’elle le fait d’ailleurs dans les autres communes dont l’approvisionnement lui incombe.

Que la commission du bois de feu, a, dans sa séance du 7 décembre 1943 pleinement approuvé son attitude et demande que le procès verbal de sa réunion soit adressé à Mr le Préfet (secrétariat général).

Que par sa lettre du 4 décembre 1943 reçue le 9 décembre 1943, Monsieur le Préfet l’a enfin informé qu’il ne lui semblait pas que les offres de Mme de Songeons soient inacceptables.

Qu’enfin, il a reçu, ce pour une lettre de Monsieur Bourgeois, cette fois en tant que maire de Rugles l’informant que s’il n’était pris livraison dans la huitaine du bois dont Mme de Songeons a informé la commune d’avoir à prendre livraison, il ferait faire constat par huissier des quantités disponibles.

Monsieur Tabourier ajoute qu’il n’a jamais eu, de Monsieur le maire de Rugles, notifications que 700 stères de bois étaient attribués à la commune d’Ambenay.

Que lorsque cette décision intéressant la commune d’Ambenay a été prise par la commission cantonale du bois de chauffage, il n’a pas été convoqué près de cette commission ainsi que le prévoit l’arrêté de Monsieur le préfet en date du 30 mars 1943 et qu’il est en droit de considérer que Monsieur le maire de Rugles l’a systématiquement écarté de la question du chauffage de la commune dont il avait la charge et l’administration.

Le conseil s’étonne de l’attitude de Monsieur le maire de Rugles et juge comme il convient son intervention près de Mme de Songeons afin qu’elle impose à la commune des conditions qu’elle a données. Il trouve inadmissible que Monsieur le maire de Rugles mette la commune en demeure d’avoir exécuter ces conditions sous huitaine.

Il prie Monsieur le préfet de bien vouloir rappeler à Monsieur Bourgeois qu’il doit distinguer entre sa qualité d’homme d’affaire de Mme de Songeons et ses attributions de Maire de Rugles et que dans la question présente, c’est seulement Monsieur le Maire de Rugles qui doit parler. Qu’au surplus, Monsieur Bourgeois, chargé des intérêts de Mme de Songeons ne peut être pris pour juge dans le différent qui oppose la commune à cette dame.

Le conseil estime que la prise de livraison sur coupe de 200 stères de bois à la fois, bois dont la commune sera responsable, entraîne pour celle ci une grosse responsabilité pécuniaire;

Que cette manière de procéder entraînera des frais supplémentaires qui augmenteront d’autant le prix du bois;

Que d’autre part, il lui paraît invraisemblable que sous prétexte que le bois est une denrée contingentée, un marchand puisse se refuser à en faire livraison au détail.

Dans l’intérêt de la commune, dans l’intérêt de ses habitants, il ne peut accepter les conditions imposées par Mme de songeons.

Toutefois, considérant que la population ne peut attendre plus longtemps d’être approvisionnée en bois, décide de prendre livraison des deux cents premiers stères.

Il charge Monsieur Garnier, conseiller municipal qui accepte de prendre livraison de ces 200 stères de bois et de désigner aux porteurs de bous, les stères qu’ils auront à enlever.

A cet effet, Monsieur Garnier se tiendra sur la coupe les vendredi et samedi de 9H00 à 12H00 et de 14H00 à 17H00. L’enlèvement du bois ne pourra avoir lieu que ces jours, exception faite pour Monsieur Letellier Gaston, charroyer agréé qui pourra débarder tous les jours.

Monsieur Garnier ne sera pas responsable des vols qui pourront être commis. Il lui sera attribué une rétribution de 10 francs par stères de bois livré.

Les bous seront établis par Monsieur Duval, secrétaire de la mairie qui recevra le prix du bois. Il lui sera alloué pour ce travail supplémentaire une rétribution de 2 francs par stères.

En raison des frais supplémentaires d’occasionnés, il sera encaissé par stères de bois livré la somme de 147 francs : Savoir :

 A verser à Mme de Songeons …………………………  135 fr

 Pour frais……………………………………………….  12 fr

                              Total………………………………..  147 fr

 

Le Conseil fait siennes les conditions adoptées par la commission de rétribution des bois de feu dans sa séance du 7 décembre 1943.

Il trouve tout à fait insuffisante l’attribution de 700 stères de bois faite à la commune ; L a quantité nécessaire étant au minimum de 1100 stères, il estime que le comité cantonal aurait pu imposer cette fourniture à Madame de Songeons et qu’agissant comme il l’a fait, il a permis la constitution de gros stocks pour quelques personnes alors que les autres consommateurs seront loin de disposer des quantités prévues par l’arrêté de Monsieur le Préfet en date du 30/04/1943. L’intérêt général doit passer avant quelques intérêts particuliers. En effet, Madame de Songeons a pu livrer à quelques personnes de Rugles des quantités de bois assez considérables et cela, en dehors de toute répartition, tout en s’en réservant pour elle même 4 à 500 stères.

Se basant sur ces faits, considérant aussi que Monsieur le Maire n’a pas été convoqué à la réunion de la commission cantonale où fut décidée l’attribution de 700 stères de bois à Ambenay et n’a pu par conséquent exposer son point de vue, le Conseil demande que pour combler le déficit communal en bois de feu, il soit prélevé sur le stock personnel de Mme de Songeons les quantité excédant celles auxquelles elle a droit. 

Prie Monsieur le Préfet de bien vouloir le renseigner avec précision sur les points suivants :

1-       Mme de Songeons a t’elle le droit de vendre du à qui bon lui

     semble ?

2-     Le prix de 135 francs le stères sur coupe est il celui de la taxe,

3-     A quelle quantité de bois Mme de Songeons peut elle prétendre

     pour ses besoins personnels ?

Ainsi délibéré le jour, mois et an sus dits. »

 

LE COMMENCEMENT DE LA GUERRE TOTALE

En 1943, la guerre se durcit et les Allemands imposèrent désormais à certains habitants de la commune de garder les voies ferrées qui pouvaient faire l’objet de bombardements ou d’actions terroristes provenant de la résistance. Les civils devaient se présenter à leur lieu de surveillance, munis de leur ordre de réquisition, sous peine de lourdes sanctions. Les habitants d’Ambenay étaient également soumis à cette obligation de surveillance de la ligne de chemin de fer Conches – L’Aigle.

Ces pratiques furent vite détournées par les habitants : Certains personnages en firent leur « métier » en se présentant à la place des personnes convoquées. En contrepartie, elles étaient rémunérées par ces dernières.

A partir de 1943, la FLAK ( défense anti-aérienne allemande) fut appelée à riposter à de nombreuses reprises d'où un nombre accru d'appareils alliés abattus sur la commue de Rugles ainsi que dans ses environs.

Concernant Ambenay, aucun avion ne s’écrasa sur notre commune. En revanche, quelques réservoirs de carburant tombèrent au sol. Ces réservoirs étaient des réservoirs supplémentaires ajoutés aux avions pour qu’il puissent aller encore plus loin. Une fois vides, les aviateurs les larguaient afin d’alléger leurs avions. Ils étaient également largués plein lors de l’engagement d’un combat aérien, allégeant ainsi l’avion pour faciliter les manœuvres aériennes.

Un de ces réservoirs, plein, fut largué devant les yeux d'une habitante, au lieudit « Le Courant », au fond du champ situé en face de sa maison. Le chasseur allié engageait alors un combat aérien contre l’ennemi. Ce réservoir était de couleur vert-noir, de camouflage. L’essence qu’il contenait fut bien-sûr récupéré par les habitants du hameau.

Un autre réservoir fut également retrouvé dans la forêt en face du Courant mais ce dernier resta sur son point de chute.

 

LE DURCISSEMENT DE LA GUERRE

Le 3 avril 1943, 1500 soldats allemands arrivèrent à Rugles et s’installèrent dans les communes limitrophes. Ces Allemands appartenaient à la 12ème SS, la Hitlerjugend, c’est à dire à la jeunesse hitlérienne venant d’être formée en Belgique.

A Ambenay, les soldats de la Wermacht arrivés le 16 juin 1940 firent alors place aux soldats S.S qui s’installèrent directement au Château de l’Ermite. Les S.S sortirent tous le mobilier dehors et le laissèrent ainsi durant plusieurs jours comme si, une fois de plus, l’envahisseur manquait encore « d’espace vital ».

La 12ème SS avait la réputation d’être très fanatique. Cette réputation, elle la confirma en exécutant, au lieudit « La Métairie », deux prisonniers russes qui, épuisés, refusaient de travailler.

Ils furent finalement enterrés au bord de la forêt au lieudit « le Bout du Bois » et chaque année, après la libération, les enfants fleurissaient leurs tombes les 11 novembre.

 

LE BOMBARDEMENT DU CHATEAU DE L’ERMITE

En 1943, la résistance prévint les alliés de la présence de l’envahisseur dans le château de l’Ermite. Quelques jours plus tard, un dimanche matin tôt, les avions alliés vinrent alors bombarder le château. Ce bombardement fut quelque peu un échec car les bombes tombèrent devant et derrière le château sans le toucher.

Aucune perte humaine civile ne fut déplorée et les dommages matériels furent nuls. Une habitante se rappelle que ce bombardement a eu lieu un samedi car elle constata les dommages le lendemain matin en se rendant à la messe. Les troupes de la TODT qui occupait alors le château de l’Ermite (pour exploiter du bois de Chauffage dans la forêt de Breteuil) avait entreposé tout le mobilier du château à l'extérieur (?).

Concernant le bombardement, les cratères formés par les bombes existent toujours dans la forêt de l’autre côté de la départementale 830.

 

LE MITRAILLAGE DU PASSAGE A NIVEAU DES RENARDIERES

Avant le débarquement de juin 1944, le village d’Ambenay fut le témoin d’un combat aérien au dessus du hameau du Courant et des Renardières. En effet, un chasseur allemand (avec croix gammée) était poursuivit par un chasseur anglais (avec un cocarde) à très basse altitude (hauteur inférieure à deux clochers).

Le temps était beau et Mme Noel était alors à St Nicolas (commune de Neaufles-Auvergny), vers 12H00 – 13H00, pour surveiller ses vaches (c’était un jeudi, jour sans école) quand elle vit les deux chasseurs passer au-dessus d’elle, allant dans la direction Neaufles – Bois-Arnault. Ces avions passèrent ensuite au dessus des Renardières où travaillaient les parents de Mme Noel ramassant des pommes de terre (c’était donc en septembre). Les ramasseurs durent se coucher à terre à tel point les avions était à faible altitude.

L’avion anglais tenta de mitrailler son adversaire mais de nombreuse balles perdues finirent leur course dans la maisonnette du passage à niveau des Renardières. La maisonnette alors habitée par la famille Lebigre fut criblée de balles. Mr Jean Lebigre se rappelait que une de ces balles avait fini sa course dans la chaise de sa mère qui était en train de déjeuner.

 

LA RENAISSANCE DE LA RESISTANCE A AMBENAY

Alors que Guy Lacombe était fait prisonnier en 1943, Ambenay fut une seconde fois le théâtre d’actions résistantes. Ainsi, un maquis s’installa au lieudit « Le Culoron » auprès du garde, Gaston Cocard, qui le ravitaillait. Ce maquis était composé de deux groupes de dix hommes que commandait Pierre Leloup et Bernard Magne. Se sentant menacé, ce maquis se déplaça probablement aux Landes de Chéronvillier dans la maison de la famille Franchet où eut lieu un grand malheur quelques temps plus tard (exécution de la famille par les S.S).

 

LE DEBARQUEMENT EN NORMANDIE

LA NUIT DU 5 AU 6 JUIN 1944

La nuit du 5 au 6 juin 1944 fut particulièrement perturbée par l’aviation alliée et les bruits de canonnades (défense anti-aérienne allemande) dans le lointain. Ces avions américains et anglais étaient seulement en reconnaissance.

Un témoin de Rugles confirme cette activité aérienne dès 4H20 du matin.


Le mardi 6 juin 1944, très tôt dans la matinée, le débarquement anglo-américain eut lieu sur les côtes normandes et les combats se firent ressentir jusqu’à Ambenay.

A 8H30, beaucoup pensent que le débarquement a eu lieu à Dunkerque et au Havre. Le train circule toujours à Ambenay car le courrier partit par le train comme d’habitude.

A 9H30, les villageois apprennent par la radio que le débarquement a eu lieu sur la côte normande. Une habitante se rappellent qu’un Allemand plus sympathique que les autres (« domicilié » au manoir du Bohion) vint prévenir sa famille que le débarquement venait d’avoir lieu sur la côte normande. Il avait appris cette nouvelle par la radio.

Cet Allemand fit comprendre à l'habitante que la guerre allait bientôt prendre fin avec la défaite de l’Allemagne. Ce témoignage montre bien que l’armée allemande redoutait beaucoup un éventuel débarquement allié malgré l’édification du mur de l’Atlantique. A peine les alliés débarqués, certains Allemands doutèrent déjà de la puissance de l’armée allemande.

 

Alors que les avions anglais rôdèrent toute la journée dans la région de Rugles et que les Allemands commencèrent à manifester une certaine panique, le soir du mardi 6 juin 1944 fut très calme. Tout le monde savait à ce moment que le point de débarquement était la côte du Calvados.

 

Le matin du mercredi 7 juin 1944 fut également très calme. La circulation sur la route départementale est quasi nulle. Seuls quelques mitraillages sont à signaler du coté de Rugles.

Vers 14H10, l’électricité fut coupée en raison du bombardement de l’Aigle. L’hôpital de l’Aigle fut en flamme.

Vers 22H00, un témoin de Rugles signale le passage de 38 chars tigre (chars allemands).

 

LA PEUR DES VILLES

Le jeudi 8 juin 1944, les avions alliés bombardèrent de nouveau l’Aigle. Les villes devinrent de véritables cibles pour les avions alliés, ce qui eut pour conséquence la fuite des Aiglons et des Ruglois vers les campagnes sans intérêt pour les bombardiers alliés.

 

L’ARRIVEE DU MAUVAIS TEMPS

Le vendredi 9 juin 1944 fut particulièrement marqué par le mauvais temps qui entraîna une quasi absence d’aviation.

Les intempéries eurent une grande influence sur l’activité aérienne tout au long du débarquement car seuls certains avions surpuissants (allemands et alliés) pouvaient voler durant les jours de pluie et de grand vent.

Au cours de cette même journée, les habitants purent constater que quelques convois et avions allemands remontaient vers Paris.

Le soir, on nota le passage (aller-retour)d’avions allemands.

 

LA REPRISE DES COMBATS

Dès le lendemain, les combats reprirent.

Le samedi 10 juin 1944 à 8H00, « ça canarde sur les routes » dit un témoin ruglois. Le même jour, les habitants de Rugles furent les témoins d’un combat aérien au dessus du bois Cordieu. Il semblerait avion américain est descendu près de la gare de Rugles. Le pilote fut indemne mais capturé par les Allemands puis exécuté.

Un second avion américain vint alors mitraillé celui tombé au sol pour éviter que les Allemands ne récupérèrent des pièces détachées sur celui-ci. Au passage, l’avion allié mitrailla également un camion qui se trouvait sur sa route. L’avion brûla toute la nuit. Le lendemain, il ne restait plus que les ailes.

Le lundi 12 juin 1944, le beau temps revint et les passages d’avions furent nombreux. L’Aigle fut de nouveau bombardé.

A 20H30, un camion de munitions fut mitraillé par des avions à double fuselage sur la route de l’aigle.

Le mardi 13 juin 1944 à 21H30, l’Aigle fut de nouveau bombardé alors qu’un convoi allemand traversait la ville.

Le jeudi 15 juin 1944, deux avions s’écrasèrent aux alentours d'Ambenay.

Le vendredi 16 juin 1944, des avions passèrent et, vers 17H00, 2 gros booms suivis d’une épaisse fumée à Hêtre-Vallois où des chars étaient cachés dans une ferme.

Le samedi 17 juin 1944, il fit grand vent et on remarqua le passage de nombreuses forteresses. A 20H30, l’usine de Rugles fut bombardée. Un avion dit sans pilote (V1) s’écrasa à St Symphorien.

Dans la nuit de samedi à dimanche, les habitants de Rugles furent réveillés par des bruits de grenades à la « Fenderie »(face à l’actuelle piscine de Rugles). Visiblement, les Allemands perdirent peu à peu leur self contrôle.

Le dimanche 18 juin 1944, Rugles fut de nouveau bombardé. Cette opération entraîna la chute de deux avions alliés aux alentours d'Ambenay.

L’aviation allemande rechercha les points de chute des avions en passant au raz des toits dans un bruit d’enfer. La nuit fut calme.

 

LA REALITE DES AVIONS SANS PILOTE

Le mardi 20 juin 1944, le capitaine allemand Lehrmann qui arrivait du front russe avoua à Rugles qu’il espérait beaucoup des « avions sans pilote » : Ces avions sans pilote était les V1 et V2.

Les premiers avions sans pilote étaient les V1 (Vergeltungswaffes 1 : Arme de représailles n°1). Ils étaient lancée par des rampes de 45 mètres de long dans la direction voulue, en ligne droite, gouvernail bloqué.

Ses caractéristiques étaient :   longueur de 7,5 mètres, envergure de 5,2 mètres, poids de 3 tonnes dont 500 kg d’explosifs, portée de 250 km, vitesse de 500km/h, altitude de vol de 800 mètres et précisions de 8 km de rayon.

18 000 V1 furent lancés du 13.06.1944 au 29.03.1945 dont 7840 sur l’Angleterre.

Ces fusées étaient redoutables en raison de leur vitesse élevée : Elles étaient décelables par les radars mais trop rapides pour être interceptées. La seule parade possible était le bombardement des bases de départ. Quelques chasseurs britanniques très habiles arrivaient toutefois à abattre certains V1 en plein vol.

Cette arme aurait pu modifier l’issue de la guerre si l’avancée des troupes alliées avait tardée.

La région vit un bon nombre de V1 tomber sur ses terres et ses villages : En effet, la Normandie était nullement la cible de ses bombes volantes, seulement la moindre panne  entraînait la chute de ces derniers.

Ainsi, un V1 tomba à St Nicolas (commune de Neaufles-Auvergny) dans la forêt. Il fit un gros cratère et les arbres n’avaient plus de feuilles. Des corbeaux furent retrouvés morts. Tout le monde cherchait le pilote, pensant qu’il s’agissait d’un avion. Il ne fut bien évidemment jamais retrouvé puisqu’il n’y en avait pas.

 

LA FORTE ACTIVITE AERIENNE

Le soir du mardi 20 juin 1944 fut encore marqué par le bombardement de l’Aigle ( rue de la gare, de l’hôtel de la gare à l’hôtel de Paris).

Le mercredi 21 juin 1944, un avion en difficulté passa et un boom s’en suivi. Le lendemain, on apprit qu’il s’agissait d’un avion allié abattu.

Ce jeudi 22 juin 1944, on nota le passage de plus de 400 forteresses

Le même jour, vers 21H30, un combat aérien eut lieu au dessus d’Ambenay.

Ce combat semble être celui qui avait confronté les pilotes allemands du III./JG 54 à une formation alliée. Cette formation américaine se composait de Mustang P-51 et de Thunderbolt P-47. Ce combat commença à l’Ouest d’Evreux vers 21H00 mais rapidement cinq appareils américains furent abattus en quelques minutes dans le nord du département de l'Eure.

Si, conformément au témoignage ruglois, le combat aérien au-dessus d’Ambenay s’est soldé par la chute d’un des deux appareils, un cinquième avion serait tombé dans la région de Rugles.

 

Le vendredi 23 juin 1944, la gare de l’Aigle fut encore bombardée, ce qui fit de nombreuses victimes. On signala une nouvelle fois le passage d’avions. Cette aviation fut très intense le dimanche 25 juin 1944.

Le lundi 26 juin 1944 fut très calme, sans aviation.

Le mardi 27 juin 1944, le capitaine allemand Lehrmann et ses troupes partirent de Rugles pour rejoindre les positions allemandes de Falaise.

Le mercredi 28 juin 1944, la présence allemande étant peu importante, le trafic du beurre reprit.

Le jeudi 29 juin 1944 fut marqué par de nombreux bombardements dans la forêt de Conches : 

Ces différentes explosions vers Conches peuvent s’expliquer par une aviation très intense au-dessus de cette ville ce jour-là. En effet, les attaques alliés causèrent d’importants dommages mais de nombreux combats s’engagèrent, ce qui entraîna la chute d’appareils alliés et allemands.

Le vendredi 30 juin 1944, les batteries anti-aériennes situées à Herponcey et à St Martin ripostèrent chaque fois que les groupes d’avions alliés étaient supérieurs à 3 avions.

Le samedi 1er juillet 1944, passage de bombardiers dans la nuit et quelques avions allemands furent vus dans la journée.

Le mardi 4 juillet 1944, l’usine de Rugles fut de nouveau bombardée par les américains  mais l’aviation allemande riposta engendrant un combat aérien.

Les 5,6,7 et 8 juillet 1944 furent marqués par de nombreux passages d’avions alors que le 9 juillet fut très calme. Seul un combat aérien au dessus de Rugles perturba cette journée.

Le lundi 10 juillet 1944, la nuit fut calme mais des canons se firent entendre et le mardi 11 juillet 1944, les avions alliés bombardèrent le pont de l’Arche à Bourth .

Le mercredi 12 juillet 1944, des gros tanks allemands traversèrent Rugles à toute allure revenant du front.

Le mardi 18 juillet 1944, un carrousel eut lieu à Rugles : Il s’étendait de la gare au lieudit « Le Plessis ».

Le dimanche 6 août 1944,  un habitant d'Ambenay qui se déplaçait en camion pour livrer des bidons de lait aux Bottereaux (sur la route de la Barre en Ouche) fut mitraillé de 72 trous de balles dans le camion dont une reçue dans le cou. Il est fort possible que ce mitraillage fut l’acte d’un chasseur allié qui avait pour habitude de tirer sur tout ce qui bougeait afin de ralentir les déplacements des troupes allemandes.

 

LE BOMBARDEMENT DE LA GARE DE RUGLES

Les trains ne circulaient plus depuis déjà un certain temps car il était inutile aux Allemands d’essayer de faire du transport ferroviaire : Les lignes de chemins de fer étaient constamment bombardées par les alliés.

Pourtant, les premiers jours du mois d’août 1944, le chef de gare de Rugles constata que les Allemands démontaient une des deux lignes afin de remettre en état les lignes bombardées par les alliés. Ce travail était fait de jour par les prisonniers noirs de 1940 et, la nuit, un train venait emmener ces rails.

Cette activité ferroviaire devenait inquiétante pour les habitants de Rugles car les avions alliés voyaient bien ce qui ce passait.

Ce qui devait arriver arriva le mardi 8 août 1944 à 13H30 : de nombreuses formations de bombardiers passaient par groupes de douze quand, soudain, l’une d’elles largua ses bombes au dessus du lieu où les Allemands enlevaient les voies, à deux cents mètres de la gare de Rugles.

Par chance, personne n’y travaillait à cette heure là mais la voie fut bien touchée ainsi que les alentours (passage à niveau face à l’actuel terrain de foot de Rugles fut criblé d’éclats). De même, seize vaches qui broutaient dans un champ voisin furent tuées, ce qui eut pour agréable conséquence, la vente importante de viande bon marché à Rugles (elle fut vendue 20 francs le kilo).

Une centaine d’Allemands répara rapidement l’unique voie restante.

 

LA TACTIQUE OFFENSIVE DES ALLIES

Le mercredi 9 août 1944, des explosions se firent encore entendre dans la nuit. En effet, le front se rapprochait peu à peu. La technique des alliés était la suivante :

- D’un coté, les Britanniques arrivaient directement mais lentement de

  Caen vers Falaise et Gacé.

- D’un autre coté, les Américains et les Français (2ème D.B) tentaient de

  contourner la Basse-Normandie afin d’encercler les troupes allemandes

  fortement présentes dans la région de Falaise.

Le jeudi 10 août 1944, les Américains et les Français étaient alors dans la région du Mans et le soir du vendredi 11 août, ils prirent possession d’Alençon (2ème D.B) et de Mamers (5ème D.B et 79ème DI U.S).

Le dimanche 13 août 1944 à 10H00, la ligne de chemin de fer fut encore bombardée par les alliés afin d’empêcher les Allemands d’acheminer du matériel et des hommes vers Argentan et dans la stratégique région de Falaise. Les bombes tombèrent dans un champ à 100 mètres de la gare mais les avions manquèrent les voies qu’ils visaient. Quelques dégâts sur les maisons environnantes mais pas de blessés, ni de vaches tuées.

Ces bombardements et mitraillages des points routiers et ferroviaires stratégiques servaient à ralentir l’arrivée des renforts allemands et à désorganiser la retraite allemande.

Le général de Guillebon (2ème D.B) écrivit le 11 août 1944 entre Le Mans et Alençon : « L’ennemi est pris de vitesse et il arrive à plusieurs reprises que nous rattrapions ses chars en retraite et que nous cassions ».

Chargé de surveiller la machoire sud de la tenaille dressée sur la VIIe armée allemande, le XVe Corps de l’armée américaine ( basée entre Mayenne et Le Mans) était alors surpuissant pour l’exercice de cette mission.

En effet, 2 des 4 divisions du XVe Corps (2e DB Leclerc, 90e Division américaine, 5e DB US et 79e DI US) suffisaient à ce rôle de « protection des arrières ».

Conscient de la fuite des allemands hors de la poche de Falaise et de la faible présence de l’ennemi entre Le Mans, Dreux et la Seine, le général Bradler ordonna au XVe Corps (5e DB US et 79e DI US) d’avancer en direction Nord-Est jusqu’au fleuve.

Ainsi, cela permit d’encercler définitivement les troupes ennemies fuyant de la poche de Falaise et d’éviter l’organisation d’une contre attaque sur les rives du fleuve.

Ces mouvements de troupes américaines se traduisirent par la libération de la région s’étendant de Courtomer à Mortagne jusqu’à Dreux le 15 août 1944.

Seule la route de L’Aigle à Verneuil arrêta l’avancée des américains (vers l’Ouest) en raison de la présence importante de blindés allemands à Chandai et à Verneuil. Il faut ajouter tout de même que la zone à l’Ouest de cette route était ,à l’origine, réservée aux troupes anglaises. C’est pourquoi les américains n’insistèrent pas dans cette direction. Ainsi, l’Aigle, Rugles, Verneuil et Ambenay ne furent libérés qu’une semaine plus tard.

 

LE CRASH D'UN BOMBARDIER CANADIEN AUX LIMITES D'AMBENAY

Dans la nuit du 17 au 18 Août 1944, le bombardier Mitchell II (B-25D-25) n° FV989 (Code "MQ-J" n° de série US 42-87154) du 226 Squadron s'écrasa vers 23H00 sur la commune des Bottereaux. Deux des quatre aviateurs trouvèrent la mort (le pilote P/O Robert A. BRETT et le mitrailleur F/Sgt James A. BATE) et les deux autres (F/Sgt SHERWIN et F/Sgt STUART) tentèrent de s'évader. Les corps des deux malheureux sont aujourd'hui au cimetière de Saint-Sever, près de Rouen.

Certains habitants d'Ambenay se rappellent avoir vu les restes de l'appareil durant une promenade dominicale.

 

LA DEBACLE ALLEMANDE

Le 15 août 1944, les Allemands de Rugles avouèrent ouvertement la défaite de l’armée allemande.

Ce même jour, les Allemands forment le dernier convoi massif de déportation de la région parisienne (Pantin) vers l'Allemagne (Buchenwald). Ce convoi comptait plus de 2.200 déportés (hommes et femmes) arrêtés par mesure de répression dont 903 seront déclarées "décédées en déportation" et 143 disparurent. Le nom de Robert PEZARD (né le 30 Juillet 1902 à Ambenay) figure dans cette liste de 2.200 personnes.

Le 19 août 1944, dans l’après-midi, une voiture S.S arriva à Rugles et ordonna aux derniers Allemands de se replier. Sans trop se presser, ils préparèrent leurs bagages et enfourchèrent leur vélo. Ils partirent par la route de Breteuil.

Les derniers Allemands « domiciliés » à Ambenay ont du également quitter le village à ce moment.

Du 19 août au 23 août 1944, les canons se rapprochèrent de jour en jour et les troupes allemandes passèrent  à Ambenay par groupes, tournant le dos au front, de préférence la nuit afin d’éviter les mitraillages aériens.

Une habitante d'Ambenay se rappelle qu’un soir, quelques jours précédents la libération d’Ambenay, des officiers allemands étaient venus dormir chez elle (en s’imposant). Ils arrivèrent en milieu de nuit en voiture amphibie et se reposèrent 24 heures avant de repartir également de nuit. Ils étaient au nombre de deux ou trois, habillés en gris-vert et ils avaient caché leur véhicule dans une grange dans la cour. Ils craignaient les attaques aériennes.

Durant la débâcle allemande, les Allemands volèrent tous les moyens de transport, raffolant particulièrement des bicyclettes. Ainsi, de nombreux habitants se firent voler leur vélo par les Allemands.

Le maire d’Ambenay précisa de son coté, après la libération du village, que « malgrè les nombreuses demandes faites par les troupes allemandes, il n’a jamais voulu réquisitionner de bicyclettes ou d’automobiles, alléguant qu’il n’y en avait pas dans la commune en état de marche, et que même sous la menace de la mitraillette, son attitude est restée inflexible ».

En revanche, l’ennemi se débarrassa également de tout son matériel militaire encombrant. Ainsi, il était courant de trouver des armes ou des grenades dans les fossés. Ce fut le cas dans les fossés du lieudit « Le Courant » et « La Briquetterie ».

Malheureusement, l’abandon de ces armes fut à l’origine d’un grave accident à l’ancienne école communale, au lieudit « Les NOËS », quelques mois après la libération d’Ambenay.

En effet, un enfant, Aimé Goémard, trouva une grenade allemande dans la forêt de Breteuil au rond d’Orléans où se trouvait un dépôt de munitions, le 20 mars 1945. Curieux de cette trouvaille, il apporta la grenade à l’école mais ,après la classe vers 12H00, il joua avec cette dernière et finit par la lancer sur une grosse pierre placée devant l’école.

Par malchance, la grenade explosa et blessa quatre enfants dont le petit Aimé Goémard (10 ans), son frère Michel Goémard (12 ans) et Marcel Gohory.

Le jeune Aimé Gomard fut gravement blessé. Il fut emmené à l’hôpital de l’Aigle mais il n’y avait rien à y faire à l’époque. Finalement, il décéda le lendemain chez lui dans la ferme du Buat (ancien manoir du Buat), là où vivait sa famille.

Ainsi, le 20 mars 1945, les Allemands venaient de faire leur dernière victime sur la commune.

Un accident semblable se produisit au Courant avec un enfant Leroy qui trouva une grenade, après la libération, près d’un ancien dépôt de munitions. En explosant, la grenade lui blessa les doigts.

 

L’ARRIVEE DES ALLIES

L’APPROCHE DES AMERICAINS PAR BRETEUIL

Le 21 août 1944, Verneuil fut libéré par les américains et les premiers éléments de reconnaissance  furent signalés dans la région de Breteuil, arrivant par la route de Verneuil.

Ce n’est que le lendemain mardi 22 août que la « bataille de Breteuil » eut lieu et elle dura une grande partie de l’après-midi.

Un témoin écrivit : « Pendant 4 heures environ, nous allions entendre le canon et les mitrailleuses, les vitres qui dégringolent, le clairon appelant les pompiers, la défense passive qui court ramasser les blessés. Des moments d’accalmies surviennent puis les coups de canon, le sifflement des obus et les crépitements des armes automatiques reprennent.

A 17 heures environ tout est fini et bientôt les premiers chars américains pénètrent dans la ville par la route de Verneuil".

Les forces américaines qui intervinrent à Breteuil furent le 112e Régiment d’Infanterie ( Penn sylvanniens) du général Norman Cotto et le 744e Bataillon Blindé du général Brooks.

 

L’ARRIVEE DES ANGLAIS A L’AIGLE

Tandis que les Américains arrivaient par l’Est de Rugles et d’Ambenay, les Anglais arrivèrent en masse dans les environs de L’Aigle par la route N 26 (Argentan –L’Aigle) et la départementale D 13 (Gacé – L’Aigle).

La libération de la ville de L’Aigle se fit en deux temps le 22 août 1944 :

-Tout d’abord, quelques éléments de reconnaissance de « l’INNS OF COURT » partirent de Touquette vers L’Aigle pour évaluer la nature du dispositif de défense de l’ennemi et reconnaître leur chemin de repli.

Cette patrouille était commandée par le lieutenant Jack Howde et se composait de un « scout car » avec en appui un « daimler armoured car ».

Elle rentra dans L’Aigle par le Nord vers 14H30 – 15H00 mais elle constata vite la destruction de deux ponts dans la ville, ce qui entravait pour quelques heures la progression des troupes anglaises qui empruntaient la  N26 et qui devaient donc traverser la Risle.

- Ensuite, le 22 août toujours, quelques véhicules de la 11ème D.B arriva à L’Aigle par la N 26 (par l’ouest) en début de soirée pour ouvrir la route au gros de la même division qui s’installa en masse au Sud et Sud-Est de L’Aigle dans la nuit.

La libération de la ville de L’Aigle se fit donc dans la nuit du 22 au 23 août 1944 par le 3rd Monmouthshire de la 11ème D.B.

 

LA FUITE DES DERNIERS ALLEMANDS A RUGLES

Face à l’avancée des troupes anglaises, l’ennemi dut se retirer peu à peu.

Ainsi, le soir du 22 août 1944, des canons allemands s’installèrent dans les bois qui dominaient Rugles et ses environs. Ces canons gardaient les arrières des derniers blindés fuyant L’Aigle en direction de la Seine et servaient à ralentir l’avancée des alliés.

Désormais, plus d’Allemands n’étaient en activité au delà de L’Aigle.

Seule la zone L’Aigle- Breteuil- Rugles comptait encore quelques Allemands équipés de blindés.

En effet, on sait qu’au soir du 22 août 1944, L’Aigle était encore occupé par des troupes allemandes protégeant la retraite ennemie, mission confiée à la 331ème Division d'Infanterie allemande, commandée par le Général Walter Steinmüller. Ces Allemands se situaient principalement sur la rive Nord de la Risle et autour de la gare où ils étaient relativement protégés en raison de la destruction des ponts sur la Risle, ce qui empêchait provisoirement les troupes anglaises d’avancer davantage. Au Nord de L’Aigle, un char Tigre était ainsi positionné au carrefour des routes de Saint Evroult et de la Ferté Frénel.

Vers 20H00, des chars allemands également très actifs sur la route entre L’Aigle et Chandai.

De même, une dizaine de chars allemands furent également positionnés à Francheville (près de Breteuil) et résistèrent aux soldats américains de la 28ème D.I  jusque dans l’après-midi.

La nuit du 22 au 23 août fut marquée par un défilés de gros motorisés allemands sur la route de l’Aigle. Vraisemblablement, ces Allemands étaient ceux du triangle « L’Aigle- Breteuil- Rugles » qui avaient ralenti l’avancée des Alliès tout au long du mardi 22 août 1944.

A l’aube du 23 août 1944, les derniers Allemands de la 331ème DI passèrent à Ambenay en s’enfuyant vers Bernay et les canons installés à Rugles la veille partirent.

Afin de gêner au maximum la progression des alliés, les troupes allemandes firent sauter le pont des bottereaux, le 22 ou 23 août 1944 vers 7H00 – 8H00. Il faisait beau, ce jour là et la pluie des jours précédents cessa.

Pour la petite anecdote, l’ennemi prit soin de demander au gardien de l’usine des Bottereaux de fermer tous les volets pour éviter de faire exploser les vitres de l’usine. Malgré cela, l’explosion du pont détruisit quand même ces fameuses vitres. L’usine était recouverte de boue.

Le lavoir communal qui se trouvait à proximité de ce pont fut également détruit par l’explosion mais il fut ensuite reconstruit par la commune en 1945.

 

Nouveau pont des Bottereaux et lavoir d'Ambenay reconstuits après guerre

 

 

Parcours de la 331ème Division d'Infanterie allemande les 21 au 26 Août 1944

 

 

L’ARRIVEE DES AMERICAINS A RUGLES

A l’inverse des Allemands, vers 8H00, une écume latérale d’une unité de reconnaissance de la 28ème D.I (la 113th Cavalry) arriva à Rugles venant de Bourth et de Bois-Arnault.

Cette patrouille américaine était uniquement composée de deux jeeps et était chargée de vérifier l’absence d’ennemis dans la ville de Rugles, ce qui était désormais le cas depuis quelques heures : Les troupes américaines se dirigeant vers Conches et Evreux avaient besoin de connaître la situation à son flanc gauche pour pouvoir continuer à évoluer vers le Nord.

La ville étant réservée aux Anglais, les soldats américains se contentèrent des renseignements donnés par le chef de gare de Rugles, sans rentrer dans la ville.

Ils repartirent alors vers Breteuil par la route départementale D141 pour rejoindre le 112ème Régiment du colonel Howes qui avait pour mission de libérer la ville de Conches.

La 113th Cavalry rencontra sans doute des difficultés sur cette route car, au même moment, le 112ème Régiment subi les feux d’artillerie et de mortier provenant d’un anti-tank ennemi encore positionné au «  Pressoir Rimbert » à Bémécourt qui martelait la route des Baux de Breteuil à Breteuil.

 

L’ARRIVEE DES ANGLAIS A RUGLES

Peu après cette première excursion américaine vers 9H00 – 10H00, les anglais arrivèrent en masse par la route de l’Aigle, c’est à dire de l’autre côté de Rugles.

Il s’agissait alors du 4/7th Royal Dragoon Guard commandée par le major J.D.F.  Stirling.

Les troupes anglaises ne rencontrèrent aucune résistance allemande comme l’écrivit le major Stirling : « Hier 22, aucun signe de présence allemande. Jusqu’alors, nous nous intégrions à l’avance générale ; mais voici que nous prenons la tête sur la route qui nous est attribuée ».

En effet, comme le précisa le Major, le 4/7th Royal Dragoon Guard ne fit que rester dans le sillon de la 11ème D.B qui prit la tête des opérations jusqu’à L’Aigle. A L’Aigle, la 11ème D.B s’arrêta quelques jours pour se reposer et laissa donc le 4/7th Royal Dragoon Guard prendre la tête sur la route de Rugles.

 

L’ACCUEIL CHALEUREUX DE RUGLES

L’accueil ruglois fut très chaleureux : « C’est l’une des plus belles expériences de cette guerre que de se trouver les premières troupes britanniques à entrer dans une agglomération et à se voir entourées par la population agitant drapeaux et fleurs, tendant vins et fruits, et ne sachant quoi faire d’autre que hurler et rire de bonheur. Cette marche triomphale aura atteint son point culminant, pour nous, ce 23, à Rugles.

Notre squadron A, qui conduit la progression, trouve les rues tellement encombrées d’une foule joyeuse qu’il peut difficilement avancer. La fanfare locale a été convoquée pour jouer tout ce qu’elle peut jouer ; la brigade de pompiers est là, au grand complet ; et d’une mAnière générale, tout ce qui porte uniforme est dans la rue ; et qui n’a pas d’uniforme a revêtu son habit du dimanche ! Ce 23 août à Rugles ? Un jour de carnaval ! Nos tanks croulent sous les fleurs ! » écrivit le major Stirling.

Il semblerait que les premiers Anglais se soient arrêtés une dizaine de minutes à afin de ne pas décevoir les chaleureux habitants de Rugles.

Après cela, ils reprirent leur route vers Ambenay et vers Breteuil.

L’ACCUEIL DES VILLAGEOIS D’ AMBENAY

Une habitante se rappelle que le matin du 23 août 1944, les troupes anglaises n’étaient pas encore arrivées à Ambenay car ce matin là, tout le village apprit que les Alliés avaient libéré L’Aigle durant la nuit. Le moment de la libération était alors tout proche.

Les villageois se rappellent encore de l’arrivée des troupes anglaises par la route de Rugles vers midi. En effet, les Alliés arrivèrent à Ambenay alors que certains étaient en train de déjeuner.

Une unité de reconnaissance passa à Ambenay, alla jusqu’à Lyre puis revint à Ambenay. Cette unité avait aperçu quelques Allemands sans résistance.

Puis, les soldats anglais arrivèrent en masse. Ils s’arrêtèrent dans le Bourg et s’installèrent directement au lieudit « Le Courant ».

Tout comme les ruglois , les villageois d’Ambenay furent très enthousiastes de voir arriver leurs libérateurs anglais. Tout aussi heureux, les Anglais distribuèrent du chocolat et des cigarettes aux habitants.

 

L’INSTALLATION DES ANGLAIS A AMBENAY

Les Anglais demeurèrent un mois sur la commune, au lieudit « Le Courant » dans les champs que les paysans prêtaient volontiers. Ce camp était important car, d’après Madame Noel, il s’étendait du hameau « La Renardière » au lieudit « La Roche ».

Durant ce mois qui suivit la libération de la commune, les Anglais partagèrent leur nourriture avec les habitants dont leur fameux chocolat. En échange, les habitants leurs offraient des produits locaux, comme le lait, les œufs ou le cidre.

Il est fort possible que ce camp anglais était composés de soldats de la 50ème Northumbrian Division qui avait pour mission de nettoyer la forêt de Breteuil, ce qui explique son long séjour sur la commune et dans ses environs. Mr Chéron se rappelle également qu’il était régulièrement réveillé le matin par un bignou. La présence écossaise semble donc également s’affirmer.

Par la suite, après le « nettoyage » de la forêt de Breteuil, ce camp anglais a du également servir de camp de repos et d’étape pour les soldats qui se déplaçaient vers le front, au Nord de Paris.

D’autres camps anglais furent installés dans la région de Rugles lors de l’arrivée des Alliés mais ces derniers ne demeurèrent qu’une à deux journées afin de passer la nuit.

En effet, dès le matin du jeudi 24 août 1944, la 11ème D.B et la 43ème Wessex eurent pour mission de traverser la Seine à Vernon en passant par L’Aigle, Breteuil, Damville, Saint-André et Pacy.

Mr David Mylchreest, habitant de Neaufles et ancien combattant anglais dans la 43ème Wessex, se rappelle être passé très vite dans L’Aigle, Rugles et Breteuil, le lendemain de la libération d’Ambenay, c’est à dire le 24 août 1944.

Les mémoires détaillées du Lieutenant Kenneth TAYLOR du 6ème Bataillon Green Howards confirme que des soldats anglais sont restés quelques jours à Ambenay:

"Mercredi 23 Août 1944: Commencé tôt et avons eu un accueil formidable particulièrement à Rugles. Avons entendu que les FFI avaient pris Paris. Plus de pluie. Batallion rejoint. Arrêté à Ambenay près de Rugles et avons eu une nuit de trempage dans un champ.

Jeudi 24 Août 1944: Toujours coulé. Déplacé dans un verger avec beaucoup de granges et l'hospitalité d'une belle maison. Avons mis le désordres dans un salon magnifique. Les gens ici plutôt "collaborateurs" mais cela semble dû à un pacifisme religieux et un dégoût de la Canaille et du Communisme. La Résistance continue à apparaître avec des collaborateurs dont les têtes sont rasées. Probablement, un grand nombre de Vendettas se sont proclamés de La Résistance.

Vendredi 25 Août 1944: Devions partir tôt ce matin mais reporté. Glorieuse journée chaude passée principalement assise près d'un téléphone. Je suis allé à Rugles avec Brian et avons vu Jim Rimmer. Sommes sortis le soir et avons bu une boisson étrange avec une famille étrange. Il a suffi de passer une porte, de dire "bonsoir" et avons ensuite été invités. J'ai appris comment faire une omelette.

Samedi 26 Août 1944: Réveil à 03h15 pour se déplacer vers la Seine. N'a pas bougé jusqu'à 09h00 puis avons emprunté la plus célèbre des routes vers Evreux, avons traversé la belle vallée de l'Eure à Pacy puis vers un petit village au Sud-Est de Vernon".

 

LE CONSEIL MUNICIPAL DURANT LA GUERRE

L’INSTABILITE DU CONSEIL MUNICIPAL

De 1919 à 1942, la commune ne connut qu’un seul et unique Maire : René Desclos.

Pourtant, à partir du 3 septembre 1939 (jour de la déclaration de guerre), le Maire fut remplacé en raison de son état de santé fragile. Monsieur Tabourier, déjà conseiller municipal, devint alors « conseiller municipal délégué dans les fonctions de Maire ».

Soumis à la hiérarchie administrative, le conseil municipal souscrivit, le 09 décembre 1941, à l’achat d’un portrait du Maréchal Pétain pour 250 F.

Ce ne fut que le 24 août 1942 que Monsieur  Desclos déclara officiellement ne pouvoir reprendre la direction de la commune.

Informé de cette situation, le Préfet de l’Eure appela Monsieur Bourdais aux fonctions de Maire en janvier 1944.

 

L’EPURATION ADMINISTRATIVE

Après la libération, le maire d’Ambenay (Mr Bourdais) rendit compte de l’exercice de sa fonction pendant l’occupation, comme cela se fit dans toutes les communes.

Ainsi, il signala tous ses actes durant la guerre afin d’éviter toute contestation ultérieure. Lors de la séance du 30 août 1944, le conseil municipal décida que le maire s’était parfaitement acquitté de la tâche qui lui avait été confiée . Voici le compte rendu du conseil municipal:

« Monsieur Bourdais rend compte de son administration, depuis qu’en janvier 1944, Monsieur le Préfet l’a appelé aux fonctions de maire.

Il expose que vis à vis des armées ennemies, son attitude a toujours été ferme, qu’il a tout fait pour sauvegarder autant qu’il était possible les intérêts de la population, maintenant même devant la menace les refus qu’il avait formulés.

Qu’il est notamment parvenu à éviter les sanctions aux hommes requis pour les travaux de terrassement et qui ne s’étaient pas présentés, refusant toujours de donner les noms.

Que malgré les nombreuses demandes faites par les troupes allemandes, il n’a jamais voulu réquisitionner de bicyclette ou d’automobiles, alléguant qu’il n’y en avait pas dans la commune en état de marche, et que même sous la menace de la mitraillette, son attitude est restée inflexible.

Qu’il s’est efforcé de réduire au minimum les corvées de charroyage ( ?) et que celles qu’il a du fournir ont été établies à tour de rôle entre les cultivateurs en tenant compte de l’importance des fermes , que malheureusement, l’ennemi a gardé des attelages, mais qu’au cours de ces corvées, nous avons eu la chance à déplorer la perte d’aucune vie humaine.

Qu’il a strictement fourni aux troupes allemandes les cantonnements qu’elles étaient en droit d’exiger, refusant catégoriquement de satisfaire à leurs demandes souvent exorbitante en denrées alimentaires et personnelles.

Que depuis la fondation du comité d’assistance aux prisonniers, il a participé activement à ses travaux et fait toutes les souscriptions qui ont eu lieu dans la commune en faveur de nos compatriotes en captivité.

Que dès qu’il a été nommé Maire, il a pris l’initiative de l’organisation d’une fête au profit des prisonniers, fête qui grâce au dévouement de Monsieur et Madame Duval, instituteurs, à l’aide du comité et au concours des jeunes gens et jeunes filles de la commune a réussi au delà de ce que l’on osait espérer, permettant de réunir une importante somme dont bénéficieront les prisonniers à leur retour.

Que dès l’arrivée des réfugiés (141 personnes),il a décidé la création d’une cantine dont la gestion a été assurée par Monsieur Duval, instituteur, avec l’aide des réfugiés.

Qu’il a vu personnellement les cultivateurs de la commune recueillant des dons qui ont permis le service de repas gratuits pendant une semaine.

Que malgré les difficultés rencontrées,.. , il tient à souligner l’entier dévouement dont il n’a cessé de faire preuve au cours de ses fonctions.

Le conseil assure Monsieur Bourdais de son entière confiance. »

 

En revanche, le garde champêtre d’Ambenay fut considéré (officieusement) comme collaborateur par le conseil municipal, ce qui l’incita à démissionner le même jour.

Le préfet eut connaissance de cette démission sans en connaître les raisons. Il écrivit alors au Maire pour en savoir plus. Voici, la réponse du Conseil Municipal :

« Monsieur Le Maire  donne connaissance au conseil d’une lettre de Monsieur Le Préfet de l’Eure en date du 6 juin 1945 l’invitant à faire connaître de manière précise ses griefs envers Monsieur X (le garde champêtre).

Le Conseil, après en avoir délibéré,

Considérant la sympathie de Monsieur X pour l’Allemagne dont il admirait l’organisation et l’armée.

Considérant que la population est à peu près unanime à approuver son départ.

Que beaucoup de personnes souhaitant qu’il cesse ses fonctions de garde champêtre ont cependant signé la pétition faite par Madame X (son épouse) uniquement pour qu’elles considéraient que sa révocation était une sanction suffisante et qu’il n’y avait pas lieu de lui en infliger d’autres.

Demande la révocation définitive de Monsieur X et la nomination de Monsieur Fouvel aux fonctions de garde champêtre ».

Aucun "collaborateur" ne fut accusé publiquement et aucun femme ne fut rasée à Ambenay.

 

C’est ainsi que prit fin la seconde guerre mondiale à Ambenay.

 

LES HABITANTS D’AMBENAY MORTS POUR LA FRANCE

Le lendemain de la guerre permit au village de compter ses morts. Ils furent 8 soldats d’Ambenay morts pour la France :

DUJARDIN René Soldat du 5ème régiment d’infanterie. Mort le 10 juin 1940 à Asfeld (Ardennes). Le même jour, l'Armée allemande perce le front des Ardennes et le 5ème RI résiste glorieusement à Vieux-les-Asfeld (30 Km au Nord de Reims) alors que les autres divisions françaises reculent face contre l'invasion allemande. Le 5ème retarda les troupes allemandes lors du franchissement de la rivière l'Aisne.
OLIVIER Emile, Henry Soldat de 2ème classe, affecté au 39ème régiment d’infanterie. Il fut tué de plusieurs balles par une patrouille ennemie alors qu’il refusait de se rendre. Il habitait aux renardières. Il s'agit sans doute du soldat en fuite qui fut abattu aux Renardières lors de l'arrivée des Allemands à Ambenay le 16 Juin 1940.
CHERON Xavier Matelot de 2ème classe canonnier sur le sous-marin "Souffleur". Il trouva la mort le 25 Juin 1941,torpillé entre Damour et Beyrouth par le sous-marin anglais "Parthian" qui tira 3 torpilles, 2 furent perdues à la côte, la 3e toucha le Souffleur à l'aplomb du kiosque, le sous-marin coula entraînant dans la mort 52 marins. Seuls 4 hommes survécurent. Xavier CHERON était né le 07 Janvier 1921 au lieu-dit "Les Renardières" à Ambenay et il s'était engagé dans la Marine nationale le 14 Novembre 1938.
MOULIN Henri Mort le 18 juin 1943. Il habitait le Hameau de la Bonneville.
BUISSON Marcel Soldat au 119ème régiment d’infanterie inscrit au recrutement d’Evreux. Mort le 30 janvier 1945 à Nepvant au Bois de Vigneules dans la Meuse. Au même moment, les troupes de la 1ère Armée française repousse l'ennemi allemand. Marcel BUISSON habitait le Bourg d'Ambenay.
Lieutenant Guy LACOMBE Déporté au camp de Natzwiler-Strusshof (Allemagne). Mort le 18 Juillet 1943.
MILLET Roger Déporté  au camp de Sachenhaussen, il décéda le 14 octobre 1945. Il habitait le bourg d'Ambenay.
Adjudant chef Arthur LEBON Déporté au camp de Bergen Belsen  (Allemagne). Mort le 1er mars 1945. Il était chauffeur d’automobile et habitait aux Siaules.

                       

 Ces noms, à qui ont doit beaucoup, vinrent rejoindre ceux déjà gravés dans la pierre du monument aux morts, érigé en 1919 et inauguré en 1922.

 

Un habitant d'Ambenay disparut et ne revint jamais. Après de longues recherches, il fut officiellement reconnu "mort en déportation": Marcel MARAIS (ne lé 18 décembre 1899 à Ambenay) fut reconnu "mort en déportation" le 21 Octobre 1994 (Journal Officiel) avec ajout d'une mention sur l'acte de décès.

 

 
 
       
 

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Dernière mise à jour: 04/03/2018