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Ambenay durant la préhistoire

Ambenay, village Gaulois

Ambenay au Moyen-âge

La seigneurie d'Ambenay (1336 – 1789)

La révolution française à Ambenay

L’ ère industielle à Ambenay

La période 1830 – 1939 à Ambenay

La seconde guerre mondiale 

La fin du 20ème siècle

Liste des Personnalités

Lieudit "Le BOHION"

Lieudit "Les SIAULES/MAUNY"

Lieudit "Transières"

"Le Moulin-Roger"

"Le Moulin-L'Ermite"

"Le Moulin Alix/des Bottereaux"

Lieudit "Le Bailly"

Lieudit "Les Roches"

Lieudit "Les Poteries"

Lieudit "Le Courant"

 

L'HISTOIRE DU VILLAGE D'AMBENAY

 
 

 

L'ERE INDUSTRIELLE A AMBENAY

 

Durant le 18ème siècle, la commune d’Ambenay va connaître un grand développement industriel. Pourtant, dès le 17ème siècle, cette transition industrielle avait déjà commencé.

En effet, l’épingle de fer prit naissance et devint très vite la grande spécialité de toute la région de Rugles et de l’Aigle, notamment à Ambenay.

 

LES AVANTAGES D’AMBENAY

A vrai dire, Ambenay est une des toutes premières communes avec Rugles, a avoir fabriqué des épingles de fer car notre commune avait tous les avantages requis :

 

- Tout d’abord, le sous-sol d’Ambenay regorgeait de minerai de fer sous forme de grison. Aujourd’hui encore, il est courant de trouver du grison dans les champs. Ambenay avait donc sa matière première sur place, c’est à dire le fer.
- Ensuite, Ambenay avait le savoir faire du travail du fer car, depuis l’époque gauloise, l’homme savait travailler le fer dans la vallée de la Risle et surtout à Rugles. Il est intéressant de noter que Jules César, passant par l’actuel Pays d’Ouche, mentionne les magnae ferreriae dans ses mémoires intitulés « La Guerre des Gaules ». Cette notation ponctuelle est corroborée par la toponymie riche en « Ferrières » ou en « Minières » (« Glos La Ferrière », « la Ferrière sur Risle »).
- Et enfin, Ambenay avec ses quatre moulins à blé avait déjà les infrastructures nécessaires pour accueillir des industries dans la vallée de la Risle.

 

Ambenay n’avait qu’un inconvénient : La Risle était irrégulière et coulait, un coup à droite de la vallée, un coup à gauche. Ainsi, la Risle coulait en zigzag à travers la vallée, ce qui limitait la force du courant de la Risle pour faire tourner les roues des moulins.

Ce courant avait été suffisamment puissant pour actionner la roue des moulins à blé du Moyen-Age mais cette force aurait été insuffisante pour animer celle des industries.

C’est pourquoi, en 1620, le cours de la Risle fut déplacé et transporté de l’autre coté de la vallée, en élévation pour pouvoir créer des chutes qui entraîneraient les roues des moulins. Du coup, pour permettre cette élévation du lit de la Risle, il a fallu l’endiguer. Ces digues sont encore visibles tout le long de la Risle sur Ambenay et, principalement, en amont du pont des Bottereaux. Ainsi, en 1620, toutes les conditions étaient requises pour l’implantation de l’industrie à Ambenay

 

LA PREMIERE TRACE DU TRAVAIL DU METAL A AMBENAY EN 1558

La commune d'Ambenay semble avoir débuté son activité "artisanale" très tôt puisqu'un document daté du 8 septembre 1558 et tiré des minutes du tabellionage de Rugles mentionne le marché suivant portant sur l'étirage du fil de laiton:

"Furent présens Pierres Bigot, de la paroisse d'Ambenay, d'une part, et Guillaume Vallet, de ladicte paroisse, d'autre part, lesquels ont recongneu avoir faict certain accord entreux, tel qu'il enssuict, c'est assavoir que ledict Guillaume Vallet s'est loué et, par ces présentes, se loue audict Bigot jusques au jour St Jehan Baptiste prochainement venant, à commencer le neufviesme jour du présent moys, à tirer du fil de laiton au prix de neuf deniers par chacun pois, tant d'une sorte que d'autre, et autant que ledict Vallet en pourra faire jusqu'au dict jour St Jehan; parce que ledict Bigot sera subject querir les outilz à ses despens audict Vallet, tant lymes que aultres instrumentz qu'il esconviendra, et sans que ledict Vallet en paie aucune choze, et par le moyen aussy qu'il a esté accordé par ledict Vallet audict Bigot que, s'il ne le povoit entretenir de fil jusques audict jour, ne pourra pourvoir ailleurs ainsy qu'il verra bon estre - Et durant ledict temps de service sera ledict Vallet payé selon qu'il faira de besongnes et par chacun pois - Et par ce moyen et en faveur dudict marché, ledict Pierre Bigot a baillé en prest, présentement, audict Guillaume Vallet, la somme de soixante solz, à payer à la fin dudict louge, sans que ledict Bigot en puisse aucunes chozes ny rabattre jusques à la fin du terme; et à la fin se fera payer ledict Pierre desdictz soixante solz ainsy qu'il verra bon estre."

 

Ce fil de laiton, seulement ébauché, provenait de Stolberg, près d'Aix-la-Chapelle, et de Namur. A cette époque, Ambenay ne comptait encore que des moulins à blé (ou à fouler les draps) et les premières tréfileries utilisant la force hydromotrice de la Risle n'existaient pas encore. Le travail indiqué ci-dessus fut donc exécuté dans des petits ateliers familiaux, à la force des bras.

 

 

LE TRAVAIL DU FER

Le minerai de fer se présente, dans le Pays d’Ouche, sous la forme d’un grès rougeâtre (présence d’oxyde de fer) qui lorsqu’il est employé comme matériaux de construction sous le nom de « grison » donne leur aspect caractéristique à des bâtiments comme l’église d’Ambenay ou le manoir de Bohion. On le trouve en surface et en filons dont la profondeur excède rarement une dizaine de mètres.

Si le minerai de fer est abondant, le fer se présente rarement sous cette forme à l’état naturel. Le minerai est ordinairement un composé chimique complexe d’ou le métal doit être extrait.

Cette transformation s’opère en réalisant la combinaison chimique des éléments superflus avec d’autres de façon à isoler le fer. L’opération essentielle consiste donc à le désoxyder en la mettant en présence d’un corps qui se combine facilement à l’oxygène, ce qui se fait en mêlant le minerai broyé à du carbone puis en provoquant une combustion sous un apport d’air contrôlé de façon à ce que cette combustion consomme l’oxygène contenu dans l’oxyde. Le seul carbone dont on ait usé jusqu’au XIXème siècle est le charbon de bois, ce qui supposait l’exploitation intensive de la forêt des Baux de Breteuil.

La consommation annuelle de charbon de bois requise pour cette sidérurgie nécessita la coupe annuelle de dizaines d’hectares de bois pour chaque usine, ce qui explique qu’elles se fixaient dans les massifs boisés. De même, seule l’énergie hydraulique permettait alors d’atteindre les hautes températures requises pour la fusion du fer (1535°C ), ce qui explique que ces usines s’installaient aux abords des cours d’eau.

Le minerai n’étant pas un simple oxyde (présence de d’autres matières), les autres éléments sont donc extraits de façon similaire en procédant à cette combustion en présence d’un « fondant » qui permet les combinaisons chimiques complémentaires. La marne, abondante et d’extraction facile, est un « fondant » bien adapté à ce minerai. A ce propos, il est intéressant de savoir qu’un lieudit sur la commune d’Ambenay est appelé « la Marnière ». Peut être que ce lieu a été autrefois un endroit d’exploitation de la marne ? De même, on peut constater que les marnières (cavités dans le sol et sous-sol) sont présentes sur la commune (exemple : dans la forêt de sapins prés du lieudit « Le Bout du Bois »).

 

Comme vous avez pu le constater ci-dessus, la fabrication régionale de fils de fer était en concurrence directe avec l'importation lointaine de fils de laiton.

L'historien ruglois Amand Desloges détailla en 1902 le mode de fabrication des fils de fer en trois étapes principales:

 

- Au moyen du Marteau-tranchant, le forgeron découpait dans la loupe sortant du petit fourneau un lingot de métal ; il faisait recuire ce lingot dans un feu de charbon de bois, puis il le martelait sur l'enclume et avec le marteau à pressurer il l'arrondissait et en formait une tringle de trois pieds de long. Ainsi préparées ces tringles s'appelaient des Forgis : la façon en était payée cinq sous par douzaine et elles devaient peser cent douze livres le cent, ou une livre deux onces pièce (560 grammes).

 

- Ces Forgis passaient alors aux mains de l'Ebroudeur dont le travail était certainement le plus pénible dans la fabrication du fil. Ce fut, à la force des bras, et au moyen de longues tenailles non tranchantes appelées crapeau que l'Ebroudeur faisait passer les forgis dans la filière. Après huit ou neuf passes successives ces forgis dégrossis et allongés devenaient des fils Ebroudis.

 

- L'ébroudi était alors soumis au travail de l'Agrayeur. Il faut voir dans ce dernier le précurseur direct de nos habiles tréfiliers ; c'est l'agrayeur qui donnait les dernières passes aux fils et qui les amenait au degré de perfection où, sous le nom de fils Agrailis. Ces fils étaient désormais commercialisables pour la fabrication des articles.

 

Les Forgis et Agrailis se faisaient donc encore à domicile mais la façon de l'ébroudi étant fort pénible, on conçoit aisément qu'elle ait suggéré aux hommes de ce temps le désir d'y suppléer par la force hydraulique, ce qui fut fait au cours du 17ème siècle avec la construction de tréfileries sur le cours de la Risle. La fabrication de ce fil permettait ensuite d'envisager la seconde étape: la confection des épingles...

 

LES EPINGLIERS D’AMBENAY

La fabrication des épingles faisait travailler de nombreux ouvriers soit à domicile, soit dans les boutiques pour le compte de négociants de l’Aigle ou de Rugles. Ces négociants fournissaient le fil de fer et les ouvriers le transformaient en épingles après maintes opérations. Après cela, le négociant venait récupérer le produit fini pour le vendre. Les épingles produites dans la région rugloise étaient vendues sur les marchés de la ville de Caen et elles étaient souvent exportées dans toute l'Europe et jusqu'en Amérique.

 

Dans son ouvrage "Art de l'Epinglier" de 1761, M. DE REAUMUR décrivit avec précision le rôle de cette si petite épingle et l'importance du travail pour la fabriquer:

"On sait en général que les épingles sont des bouts de fil de métal pointus par un bout et garnis d'une tête à l'autre bout... Les femmes ont font une grande consommation, surtout pour leurs coiffures. Il n'y a personne qui ne soit étonné du bas prix des épingles mais la surprise augmentera sans doute quand on saura combien de différentes opérations , la plupart fortes délicates, sont indispensablement nécessaires pour faire une bonne épingle".

 

PRINCIPALES ETAPES DE LA FABRICATION DES EPINGLES (de laiton ou de fer)
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Le fil de laiton est vendu par les négociants aux épingliers sous la forme de "bottes".

Bottes de fils

2

La grosseur du fil livré est rarement adaptée à la fabrication d'aiguilles : il est donc nécessaire de le passer à la filière pour le calibrer, à l'aide d'une règle de fer percée de plusieurs rangs de trous coniques, dans lequel passe le fil. Au passage dans cette règle, le fil se réduit et s'allonge. Cette opération est effectuée par le "Tireur" et est également appelée "tréfilage".

Les tréfileries réaliseront ce pénible travail à compter du 19ème siècle.

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Le "Dresseur" redresse le fil en le passant avec force entre différentes pointes de clous disposées en entrelas puis le coupe en brins de longueurs identiques.

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Un "Rogneur" découpe la botte de fils redressés à la longueur de trois, quatre ou cinq épingles. Pour cela, il utilise une boîte, un moule qui règle la longueur souhaitée puis une cisaille pour couper.

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L'"Empointeur" réalisent les pointes des épingles sur une meule en acier actionnée par une grande roue en bois.

 Puis le "Repasseurs" (ou "Finisseurs") adoucit cette pointe sur un autre meule plus fine.

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A l'opposé de la pointe, la tige de laiton est appointée et terminée par une tête tournée:

- Un ouvrier préparait alors la cannetille, c'est à dire un fil de laiton plus fin, qu'il roulait en spirale au moyen d'une roue et qu'il découpait ensuite en parties égales pour en faire des têtes.

- Ces têtes étaient ajustée par un "bouteur", qui les fixait solidement.

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Les épingles sont ensuite blanchies dans une marmite d'étain puis alignées et piquées dans un papier en vue de les ranger et de les conditionner.

         

       

Les actes d'Etat Civil de 1739 révèlent que de nombreuses familles vivaient de ce travail du fer et de l'épingle: Familles Girard, Baraguey, Saillard, Desloges, Plicaux, Fremont, Tabourier, ... Peu à peu, ce travail fit sortir ces familles de la misère. En 1793, elles étaient encore fortement représentées sur la commune d'Ambenay avec, toujours comme profession, "épinglier" ou certains "tireur de fil". On voit apparaître des nuances de rôle avec des "Maîtres épinglier" et des "Compagnons épinglier".

 

La descendance de la famille Baraguey d'Ambenay est un exemple d'enrichissement grâce à l'activité liée à la fabrication de l'épingle durant plus de 5 générations à Ambenay:

- Germain Baraguey (1709-1758) était "épinglier" en 1726 (mariage avec Marie Massieu) et "Maître-épinglier" à sa mort.

- Adrien Baraguey (1740- avant 1839) était "marchand/épinglier" en 1762 (mariage avec Thérèse Ledoux),

- Germain, Adrien Baraguey (1764-1839) était "négociant d'épingles" en 1793 (mariage avec Marie Saillard).

- Germain, Honoré Baraguey (1794-1852) fut "négociant d'épingles" en 1813 (propriétaire du Manoir des Siaules et Maire d'Ambenay de 1808 à 1817). Il épousa Thérèse Fouquet (issue d'une riche famille d'industriels locaux) en 1813.

- Emile, Claudius Baraguey (1825-1895) fut "négociant d'épingles" en 1845.

 

En 1820, la population active d'Ambenay était toujours en grande majorité "épinglier", et parfois "cloutier" (Famille Dufour, Fremont, Forget, Rossignol, Plicault, Rouville, Desloges, Legrain, Duchamp, Maillard, Saillard, Gatine, Renard,...)

En 1840, le travail de fabrication de l'épingle se fait toujours, dans l'intimité des maisons familiales où femmes, enfants et vieillards travaillaient. On comptabilisait alors 34 ateliers à Ambenay (pour environ 1.000 habitants).

La pratique voulait que ce travail soit rémunéré non pas en argent mais en nature par des fils de fer ou de laiton: Les épingliers pouvaient alors vendre directement le fruit de leur travail qui générait leur revenu.

Il y avait une véritable spécialisation des différents hameaux ou des communes : On remarque, par exemple, qu’Ambenay et Bois-Arnault étaient réputés pour la fabrication de clous d’épingles, d’épingles ou d’épingles bronzées. De son coté, les Siaules travaillaient principalement l’épingle de laiton ou bien encore, les Bottereaux se spécialisaient dans les pointes à menuisier et les béquets.

 

LES DIFFERENTES INDUSTRIES D’AMBENAY 

Les toutes premières tréfileries (connues) de fil de fer furent établies sur la Risle vers 1640, l'une à Ambenay près du "Moulin Amet", l'autre à Rugles au "Moulin à Papier".

 

En effet, François Girard (greffier de la Vicomté de Lyre, contrôleur des eaux et forêts de Conches et receveur du Comte de Rugles) fit construire une tréfilerie vers 1640 (vingt ans après l'endiguement en ligne droite de la Risle) sur le fief de La Rivière prés du « Moulin Amet » aussi appelé « Moulin de Transières ». Cette tréfilerie fut alors la toute première tréfilerie hydraulique de la région, c’est à dire, fonctionnant avec la force motrice de la Risle. Elle avait pour fonction de convertir le métal en fils par étirage à froid, c’est pourquoi la force hydraulique (force considérable pour l’époque) était indispensable à ce travail.

Le moulin à blé appelé "Moulin Amet" ou "de Transières", situé à proximité de la tréfilerie, fut donné en location le 26 juin 1645 par François Girard pour 80 livres par an, à condition de ne pas gêner l'activité de la tréfilerie de Transières.

Très rapidement, François Girard commença à vendre sa production comme l'indique un acte du 13 Juin 1648 précisant que François Girard vendit du fil de fer pour 224 livres. Le 15 septembre 1651, il vendit à nouveau 500 douzaines de fil agréli à raison de 14 livres, 14 sous la douzaine.

 

En 1685, la seigneurie de la Rivière (dont la tréfilerie et le moulin à blé) fut achetée par Guillaume Cordieu (marchand à Ambenay) à Marc Girard. Pour autant, la famille Girard demeura à Ambenay et continua son activité d'épinglier.

Le 5 Mai 1687, Guillaume Cordieu rendit un aveu qui précisa que le fief de la Rivière (Transières) comprenait un manoir seigneurial entouré d'eau, un pont-levis, un colombier, une tréfilerie et un moulin à blé où tous ses vassaux devaient faire moudre leur blé. A sa mort, en 1689, sa veuve conserva la jouissance du manoir et de la terre de Transières. Par le jeu des mariages, la tréfilerie passa entre les mains de la famille Jouey (1689-1715), puis de François de Malleville (1640-1740 ; écuyer,conseiller du Roi et Président de l'Election de Conches), puis Le Grand, jusqu'à la révolution française.

 

De son coté, la tréfilerie de Rugles ("Moulin à Papier") fut fondée vers 1645 par Nicolas Le Forestier (écuyer des Landes) et son gendre Baptiste Letellier (Sieur des Bieux) qui, par son mariage avec Anne Le Forestier hérita de la métairie et de son Moulin à Papier.

La famille Le Forestier avait, durant les deux siècles précédents,  importé l'industrie du papier dans ce moulin, d'où son nom "Moulin à Papier". Ce papier permettait notamment d'aligner et de conditionner les aiguilles en vue de les vendre.

Toutefois, ce moulin était initialement un vieux moulin à fouler les draps, auquel tous les hommes des environs étaient banniers, notamment ceux de la Sergenterie de Glos. Les revenus de ce moulin à drap étaient un droit féodal au bénéfice du fief de Bailli et donc du Seigneur de Rugles (le Marquis André Duplessis-Chatillon). Ce dernier venait de fonder la Grosse Forge et le Fourneau de Rugles et tenta de s'emparer de la tréfilerie du "Moulin à Papier" en rappelant ses droits sur le "Moulin à Papier" qui ne devait moudre que du papier.

Il s'opposa ouvertement au fonctionnement de la tréfilerie et engagea un procès le 26 Novembre 1645.

Afin d'éviter un procès qui aurait pu les ruiner, Baptiste Letellier et son épouse Anne Le Forestier cédèrent au Seigneur de Rugles, moyennant 3.100 livres, le moulin à papier, 10 à 12 acres de terres qui formaient la métairie ainsi que leur tréfilerie.

 

En 1815, la sidérurgie normande était identique à celle de 1789, avant la révolution française. En revanche, l'année 1816 fut décisive pour le devenir de toute la région.

En 1809, le banquier parisien Pierre Saillard (veuf de Mme Marie, Madeleine Baraguay) acheta à la famille Narbonne-Pelet (héritière collatérale de la famille Plessis-Chatillon, anciens seigneurs de Rugles) un domaine situé à Rugles sur lequel se trouvait une forge et un haut-fourneau inactifs depuis plusieurs années. Ce banquier avait acquis le titre de "Baron" durant  le Premier Empire (1804-1815), il descendait d'un famille ancienne de la région de Rugles et il avait pour aïeul Alexandre Saillard d'Ambenay, Officier de Son Altesse Royale Madame en 1712.

En 1813, ce nouveau propriétaire entreprit de remplacer cette forge par un laminoir à tôles de fer et à zinc. Son exploitation commença en 1817 mais ne dura que quelques semaines car la roue hydraulique installée sur la Risle se révéla insuffisante pour fournir la force motrice nécessaire. Le laminoir de Rugles se spécialisa dès lors, en 1818, dans le traitement de lingots de zinc et de laiton, posant les bases d'une nouvelle activité sidérurgique dans la vallée de la Risle.

 

En 1821, M. Saillard revendit le site du "Moulin à Papier" (le laminoir, la fenderie et un moulin) à Messieurs Léon Collas de Gournay et Adrien De Courval (tous deux négociants à Rugles) ainsi que le site de "La Forge" (en 1818) au Comte Antoine Roy et à Martin DUVAL. Naquirent les entreprises "Collas/De Courval" et "Roy et Duval".

Collas et de Courval firent des laminoirs de Rugles un ensemble cohérent en y annexant en 1840 et 1847 un laminoir et une tréfilerie à laiton issus de la conversion de deux anciens moulins. Etait désormais née la zone industrielle du "Moulin à Papier" de Rugles.

 

"Moulin à Papier" de Rugles vers 1905

 

De leur coté, dès 1834, Roy et Duval ajoutèrent au site de "La Forge" une roue hydraulique destinée à mouvoir un laminoir à deux cylindres et une tréfilerie. Leur objectif était alors de ne plus être dépendants des industriels de Franche-Comté dont étaient tributaires les fabriques d'épingles de la région. En 1849, l'usine de la Forge était équipée d'une forge alimentée en charbon de bois (provenant des forêts de Breteuil, du Perche, de Moulins et de Saint-Evroult), d'un laminoir moderne à 6 cylindres pour la fabrication de petits fers et de four à réverbère qui fonctionnaient au bois et à la houille. L'usine consommait alors environ 220 tonnes de gueuse (lingot de fonte brute) provenant de Trisay, Bourth et de la Poultière pour produire au final 160 tonnes de fer.

A l'époque, Martin Duval était à la fois le propriétaire des usines de Bourth, de la Poultière, de la Forge de Rugles et de Trisay.

 

La "Forge" de Rugles vers 1905

 

Les Entreprise Collas/De Courval et Roy/Duval alimenteront désormais toutes les tréfileries de la vallée en fer et laiton.

 

Parallèlement, en 1822, Jean, Baptiste Fouquet entreprit de construire deux tréfileries pour alimenter sa fabrique d'épingles à Rugles: Une première à Ambenay et une seconde à Neaufles. Ainsi, une nouvelle tréfilerie fut reconstruite à Transières, à l'endroit même de celle construite en 1645 mais non à pas à fer mais à laiton. Ainsi, le laiton entra en concurrence avec le fer local.

Le métier de "tireur de fils de laiton" apparaît pour la première fois dans l'état civil de la Commune d'Ambenay (François et Louis LEGRAIN en 1825, François GOULET en 1826), tout comme celui de "tréfilier" (Pierre DESLOGES et Pierre SAILLARD en 1825).

En 1827, ses deux fils FOUQUET (Pierre, Philémon Fouquet et Paul, Bernard Fouquet) héritèrent de la fabrique d'épingles et ils y ajoutèrent une fonderie à cuivre et un laminoir à laiton.

Toutefois , en 1834, les deux frères se séparèrent: Pierre-Philémon Fouquet conserva la tréfilerie de Transières et Paul, Bernard Fouquet conserva la tréfilerie de Neaufles.

En 1836, une "ordonnance du Roi autorise Le Sieur Fouquet à maintenir en activité la tréfilerie qu'il possède sur la Risle, en la commune d'Ambenay".

Symbole de sa réussite, en 1860, M. Fouquet fit construire un remarquable château appelé le "château de l'Hermite". Il était alors un riche industriel spécialisé dans la fabrication des épingles dans la région de Rugles. Un livre "Histoire et Géographie du département de l'Eure" de 1870 indique "c'est dans cette commune que se trouve le magnifique établissement industriel de M. Fouquet, député de l'Eure".

 

Transières (et Le Long L'Eau) en 1835

 

En 1823, Michel Gerard (négociant de l'Aigle qui tenait un dépôt de fils de fer où s'approvisionnaient les fabricants de clous de Rugles, de l'Aigle et de Glos-la-Férrière) désira lui aussi s'affranchir de ses fournisseurs de Franche-Comté en transformant le moulin à blé des Bottereaux, à Ambenay, en tréfilerie à fil de fer. Le site fut immédiatement racheté par la Société Roy et Duval, le 29 Janvier 1825.

Dès 1826, l'usine des Bottereaux devient immédiatement un employeur important d'Ambenay et certains ouvriers s'y installent pour y vivre (Jacques AUZOUR, forgeron; François NARTIER, tréfilier; Gaston PELET, régisseur de l'usine; Julien TESSIER, tréfilier;....)

 

Usine des Bottereaux en 1835

 

Usine des Bottereaux vers 1910

 

 

En 1825, l'entreprise Roy et Duval acquit également 7.350 hectares dans la forêt de Conches afin de s'approvisionner en bois. On évaluait à cette époque, qu'il fallait à chaque fourneau, en moyenne, 1.500 tonnes de minerai et que chacun de ces établissements employait annuellement 10.000 sacs de charbon produit de 23.035 stères de bois. Cette consommation excessive de bois modifia bien évidemment le paysage.

Elle poursuivit son développement par l'acquisition de La Forge (Rugles) en 1829, puis elle transforma le moulin à blé du Moulin-de Roger ( à Ambenay) en 1833 pour en faire une  tréfilerie à fer. Le Moulin-Roger appartenait précédemment aux Hospices de Rugles, depuis un décret impérial du 9 Octobre 1807 (indemnisation pour la ferme du Parc à Rugles et les titres de rentes sur le Trésor, perdus pendant la Révolution).

 

Le Moulin-Roger d'Ambenay en 1835

 

Le 8 Juillet 1836, Martin Duval décéda et son successeur fut le Marquis Jean-Guigues-Marie-Alexis d'Albon (son gendre que Duval avait désigné, plutôt que ses propres fils). En 1847, la Société Roy et Duval était toujours aux mains du Comte Roy et du Marquis d'Albon avec ses établissements du Vieux-Conches, de Condé, de Breteuil, de Lallier, de la Poultière, de la Ferrière, de Trisay et de Rugles ainsi que les tréfileries des Bottereaux et du Moulin-Roger. Cette entreprise de la Grande Aristocratie avait un quasi-monopole dans la sidérurgie régionale. Toutefois, ces propriétaires et héritiers ne vivaient pas dans la région et confièrent la gestion de tous ces établissements à un chargé de pouvoirs qui vivait au Château de la Poultière : M. Louis Palyart de 1836 à 1853 puis à M. Henri Letaud  à partir de 1864.

Cette délégation de gestion à distance ne fera qu'aggraver les difficultés générales rencontrées à partir de 1860.

 

Parallèlement, deux riches familles de négociants locaux s'unissent en 1813 au travers du mariage de Germain, Honoré Baraguey (propriétaire du Manoir des Siaules mais aussi Maire d'Ambenay de 1808 à 1817) et de Thérèse, Joséphine Fouquet (soeur de Pierre-Philémon et Paul-Bernard Fouquet). Germain Baraguey construisit la nouvelle usine de Chagny (Neuve-Lyre) en 1844, destinée à laminer et tréfiler le fer. L'équipement consistait en un feu de chaufferie, un train de laminoir, une fenderie et 16 bobines de tréfilerie, le tout mu par une roue hydraulique.

Elle fut ensuite transformée en tréfilerie à laiton et à cuivre pour la chaudronnerie et la Marine. Son fils, Emile, Claudius Baraguey reprit la gestion de l'usine en 1852, avec ses 240 ouvriers.

En 1845, Paul-Bernard Fouquet (frère de Thérèse Fouquet) convertit à son tour les deux moulins à blé qu'il possédait à Auvergny en une usine à fer équipé d'un feu de chaufferie, d'un train de laminoir, d'une fenderie et de 18 bobines de tréfilerie.

 

 

 LA RECONVERSION DE L’INDUSTRIE

Une grave crise apparut à partir de 1860 :

- Partout, la sidérurgie au bois traditionnelle s'effondra devant la poussée inéluctable d'une nouvelle génération de Haut-fourneaux au coke et d'aciéries révolutionnaires.

- La Loi de libre échange internationale (promulguée en 1860) fit naître une concurrence industrielle internationale jusqu'au fin fond de la Normandie. Les fers étrangers envahirent le marché français.

- Le développement des voies de communication locales (création de la route départementale n°835 vers 1835 et de la ligne de chemin de fer en 1866) arrivèrent trop tard pour permettre des approvisionnements réguliers en minerais, charbon et houille. En effet, en 1866, la ligne de chemin de fer Conches-l’Aigle fut construite afin de desservir les besoins commerciaux, agricoles et surtout industriels des usines de la vallée de la Risle mais ce nouveau moyen de transport eut aussi le grand inconvénient de permettre l'importation massive du fer anglais (bon marché) dans la vallée de la Risle afin qu'il soit travaillé puis exporté vers les grandes villes telles que Paris, Rouen ou Caen.

C'est à cette époque, que la production de fer à Ambenay connut ses premières difficultés, subissant la concurrence des fers anglais et l’arrivée massives de nouveaux aciers bons marchés.

 

L'industrie sidérurgique de la région dut alors se reconvertir au plus vite. En 1867, la Société Roy et Duval fut liquidée et, en 1868, la commune comptait encore deux tréfileries, une à fer (le Moulin-Roger), l’autre à laiton (le Moulin de Transières). La tréfilerie des Bottereaux fut transformée en fonderie à laiton et en une fabrique à clous et d'épingles.

 

Tout en restant une tréfilerie à fer, le Moulin-Roger fut racheté à la même époque par l’entreprise « Marquis » dont l’entreprise actuelle ("Caliste Marquis") est descendante.

Cette entreprise d'épinglerie fut créée en 1842 à Rugles par Pierre-Jean Marquis. Dans un premier temps, l'entreprise avait la forme de donneur d'ouvrage à domicile. Après la guerre de 1870, l'entreprise se développa en installant ses propres ateliers mécanisés et élargit ses productions à divers domaines dont la quincaillerie, la mercerie (agrafes de toutes sortes), le bâtiment (pointes et chevilles) et surtout dans la sellerie-bourrellerie (mors, boucles, chaînes,...).

En 1878, Pierre-Jean Marquis décèda et, ces deux fils, Caliste et Lucien Marquis, reprirent la gestion de l'entreprise. Le 11 Septembre 1882, Caliste Marquis décèda à son tour et son fils, Caliste également, reprend les parts de son père. Lucien et son neveu Caliste décidèrent alors de séparer leur destin et de se partager l'héritage familial (les ateliers furent tirés au sort):

- Les usines de Rugles (dont la Forge), le Moulin-Roger et l'usine des Bottereaux revinrent à Lucien Marquis qui se spécialisa dans la manufacture d'épingles, d'agrafes, de broches et d'anneaux.

- Les usines de Neaufles-sur-Risle et de Trisay revinrent à Caliste Marquis.

Les deux nouvelles entreprises ("Caliste Marquis fils" et "Lucien Marquis") rentrèrent alors en concurrence pour une même clientèle.

 

On comptait alors 45 établissements industriels dispersés entre l’Aigle et le bourg de la Vieille-Lyre dont 5 installés sur la commune d’Ambenay (qui ne possédait pas encore de gare, contrairement à Rugles et Lyre).

 

En 1885, la Société J. MARGUERON qui gère la tréfilerie et la pointerie de Transières rencontre de graves difficultés financières et elle est liquidée le 24 Décembre de la même année.

 

L'étude de la population d'Ambenay de 1891 révèle que le métier d'épinglier a totalement disparu. La population active travaille en grande partie aux usines des Bottereaux et du Moulin-Roger avec la profession "d'usinier/d'usinière. Pour autant, les métiers se diversifient avec davantage de cultivateurs, journaliers, des cabaretiers, cafetiers, lingères, gantières, couturières, ménagères, charretiers, outilleurs, cloutiers. Le nombre important de rentiers/rentières témoigne d'un passé récent et prospère (familles Saillard, Duchamp, Chéron, Desloges, Rossignol,...)

 

En 1901, la population d'Ambenay travaillait principalement à la "Tréfilerie et clouterie Lucien Marquis" (usine des Bottereaux et du Moulin-Roger) ainsi qu'à "l'usine Société Coopérative" (Moulin à Papier de Rugles). Quelques habitants travaillaient également à l'usine "Caliste Marquis", chez "M. Lherminier" et "M. Brémontier", tous employeur dans la métallurgie.

 

En 1907, la Société des "Tréfileries et Laminoirs du Havre" (grand importateur havrais de cuivre en provenance d'Amérique du Nord) décide de développer l'appareil de production français et acquiert une douzaine d'usines en France dont l'Usine du "Moulin à Papier" de Rugles. Le recensement de la population d'Ambenay en 1911 révèle que quelques habitants travaillaient à la Tréfilerie dite "Du Havre" à Rugles. Cette usine participera notamment à l'effort de guerre en 1914-18 en produisant des cartouches, douilles, obus et balles. En 1928, elle produisait encore des cartouches pour équiper l'Armée.

 

Tréfilerie du Havre ("Moulin à Papier") à Rugles vers 1910

 

En 1909, l’usine hydraulique de Transières fut rachetée par l’entreprise « Fissier et Cie » qui la transforma en usine à colle forte et à gélatine.

 

Usine de Transières (vers 1910)

 

En 1910, l’usine des Bottereaux appartient toujours à Lucien MARQUIS et fut transformée en fonderie à fonte malléable.

A cette même période, une usine de cuivre et de laiton existait toujours près du château de l’Ermite, au Moulin  de l’Hermite. Cette usine appartenait à Mr Merdinger et produisait des phares de voitures en cuivre et d’autres objets en métal (Ex : cadres de tableau). Elle ferma au lendemain de la première guerre mondiale.

Pour ce qui concerne le Moulin de Transières, l’usine hydraulique fut fermée en 1912.

 

Le recensement de la population d'Ambenay de 1911 révèle que 101 habitants (pour un total de 714) étaient ouvriers d'usine chez "Lucien Marquis".Sachant qu'à cette époque le chef de famille faisait souvent vivre toute sa famille avec son unique salaire, Lucien Marquis faisait vivre les 3/4 des familles d'Ambenay. Ces travailleurs étaient plutôt concentrés dans le bourg du village.

Les contre-maîtres des usines des Bottereaux et du Moulin-Roger étaient alors Isidor LEFEBVRE (originiare d'Ambenay) et Jules BOUCRET (originaire de St-Sulpice-sur-Risle).

En revanche, 27 autres habitants travaillaient pour la "Tréfilerie du Havre" (à Rugles), la "Tréfilerie à Rugles" ou au "Moulin à Papier de Rugles". Ces derniers habitaient principalement le Hameau des Siaules ou les lieux dits des Noës, du Long-du-Bois et de la Fleurière.

 

En 1904, Marie Fouquet (fille et héritière de Paul Fouquet, propriétaire de Transières) se maria avec le Comte René de Songeons (1863-1941, originaire de Compiègne dans l'Oise).

Ce dernier acquiert donc le domaine de Transières sans toutefois y vivre (il demeura à Compiègne). La tréfilerie est, semble t'il, à l'abandon depuis quelques années. En 1911, le Comte de Songeons confia la gestion de Transières à un homme de confiance, Raoul Radas qui vint immédiatement habiter sur place, avec son épouse, au manoir de Transières. Lui-même s'entoura d'un ami ingénieur, Louis Girault qui fut le régisseur de la tréfilerie de Transières, avec quelques ouvriers. Tous habitaient à Transières.

 

Peu avant la seconde guerre mondiale, le village d'Ambenay prospérait encore grâce à cette activité sidérurgique dans la vallée de la Risle.

 

Usine des Bottereaux (de M. Lucien Marquis) vers 1910

 

 

LA DISPARITION PARTIELLE DE L’INDUSTRIE SIDERURGIQUE A AMBENAY

 

Avec l'arrivée de la guerre en 1914, Raoul Radas fut mobilisé et son épouse (Yvonne) dut gérer seule le domaine agricole de Transières et ses salariés. Fin 1915, elle quitte Ambenay pour habiter à Paris. La tréfilerie de Transières passa alors entre les mains de M. Alphonse BINET qui, dès 1904, avait su se spécialiser dans deux nouvelles innovations: l'aviation et l'automobile. L'entreprise détenait aussi des ateliers à Paris, à Délie, à Transières puis deux autres entreprises à Pecq et Niort à compter de 1919, afin de satisfaire les demandes de la Défense Nationale. Elle fabriquait des boulons à oeil, écrous, vis goupilles, rondelles, chapes, axes, toutes pièces décolletées et les tendeurs pour avions, segments et piston en fonte pour l'aviation et les automobiles.

 

Publicité publiée le 15 Juillet 1919 dans la revue "Automobilia"

 

En 1925, le Moulin de Transières est désormais utilisé comme scierie par son propriétaire, le Comte de Longeois.

 

La première guerre mondiale perturba sans nul doute le fonctionnement des usines du Moulin-Roger et des Bottereaux. On sait notamment, qu'à partir de 1914, l’usine des Bottereaux fabriqua des pointes tout en restant une fonderie de fonte malléable.

Une facture datée d'Avril 1921 montre que la "manufacture Lucien Marquis" était toujours spécialisée dans la quincaillerie, la sellerie et la bourellerie (fabrication d'épingles, d'agrafes, de broches, anneaux, aiguilles, et crochets à broder, pointes et chevilles). Curieusement, cette facture mettait en valeur une prospérité apparente car elle indiquait que Lucien Marquis était l'acquéreur "des Maisons Vallet & Cie de Rugles et E. Roard de Breteuil".

Toutefois, l'après-guerre vit l'activité de sellerie décliner très vite au profit de l'automobile, le tout dans un contexte très concurrentiel.

L'Entreprise Lucien Marquis ne sut pas (ou ne put) s'adapter à ce changement et, dès 1924, les usines des Bottereaux et le Moulin-Roger fermèrent définitivement leurs portes. Les deux sites furent totalement démolis après la seconde guerre mondiale, ne gardant que les vestiges des vannages.

Pour autant, le Moulin de l'Hermite (propriété du Comte de Longeois) est réutilisé pour produire de l'électricité privée, très certainement pour alimenter le Château de l'Hermite.

En 1934, dans le contexte d'une crise économique mondiale, c'est au tour l'usine des Forges de Rugles de fermer, suite à une cessation de paiement.

En 1936, l'entreprise "Lucien Marquis" fut rachetée par les "Agrafes françaises" et, bien que ses ateliers de l'Eure restèrent en activité jusqu'en 1962, les usines des Bottereaux et du Moulin-Roger resteront définitivement fermées.

 

 

LA RENAISSANCE DE CALISTE MARQUIS A AMBENAY (1964)

 

Parallèlement, la société "Caliste Marquis" traversa cette période difficile et sut se développer en abandonnant les articles de sellerie pour des articles d'accrochage de boucherie, les ferrures d'agrés de gymnastique, accessoires de clôture. La disparition de l'entreprise concurrente (Lucien Marquis) et les commandes liées à l'armement profitèrent à l'entreprise Caliste Marquis à compter de 1936 mais son dirigeant (Pierre Marquis) fut tué lors de la débâcle en Mai 1940 (renversé par un camion allemand).

L'entreprise saura rebondir à la libération et profiter de la reconstruction de la France. En 1964, elle décida alors de construire une usine moderne sur les hauteurs d'Ambenay lui permettant ainsi de veiller sur les sites qui ont fait son histoire ( La Forge, Moulin-Roger et l'Usine des Bottereaux).

Aujourd’hui encore, la vallée de la Risle garde quelques traces de ce glorieux passé: Le Moulin à Papier de Rugles, la Fenderie de Rugles, la Forge de Rugles (convertie en habitation), l'entreprise Caliste-Marquis à Ambenay et la société SNTN (Société Nouvelle de Tréfilerie Normande) à Neaufles-Auvergny depuis 1963.

 

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Dernière mise à jour: 03/11/2017