La seigneurie d'Ambenay (1336 – 1789) La révolution française à Ambenay La période 1830 – 1939 à Ambenay "Le Moulin Alix/des Bottereaux"
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L'HISTOIRE DU VILLAGE D'AMBENAY |
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LA PERIODE 1830-1939 A AMBENAY
La période 1830-1939 fut primordiale puisqu'elle façonna le bourg du village d'Ambenay tel qu'on le connaît aujourd'hui. Le village se modernisa peu à peu, en développant notamment son bourg et ses infrastructures.
LA CONSTRUCTION DE LA ROUTE DEPARTEMENTALE n°830 Tout d’abord, notre actuelle route départementale n°830 fut construite en 1830 afin de relier Alençon à Evreux. En 1840, elle portait le nom de "route départementale n°9", puis de "Chemin de Grande Communication n°129". Une plaque de cocher trône toujours sur un mur d'un bâtiment dans la rue principale à la sortie Nord du Bourg et elle était destinée à renseigner les cochers, d'où sa hauteur. Sur cette plaque, l'ancienne voie (certainement "Route Départementale n°9") a été recouvert par "Chemin de Grande Communication n°129" suite à son changement de nom. On peut supposer que cet objet date de 1840 environ.
Plaque de cocher située dans la rue principale à la sortie Nord du bourg
A noter que dès 1810, une diligence "Louvier-l’Aigle" avec escale à Evreux fut mise en service. Sa route passait par Rugles et Ambenay. Cette diligence empruntait sans doute le chemin antérieur à la RD 830. Sa durée était d’une journée et demie et coûtait 3 livres et 6 sous. Il semblerait toutefois que cette route départementale ait repris le tracé d'un ancien chemin qui existait déjà avant 1830 et qui reliait Rugles à Lyre. En effet, le premier cadastre d’Ambenay datant de 1835 met en valeur ce chemin sous la RD 830 (avec un tracé moins régulier).
Extrait du cadastre de 1830 qui met en valeur l'existence d'un "ancien chemin de Rugles à Lyre".
Dans des temps encore plus anciens, les villageois et voyageurs devaient emprunter le "sentier des moines" pour rejoindre Rugles ou bien le chemin du château de l’Ecureuil.
LA NAISSANCE DU BOURG Comme nous l'avons vu précédemment, Ambenay connut une grande prospérité industrielle vers 1820, ce qui ne manqua pas d'attirer des ouvriers spécialisés et leurs familles. En effet, les "magasins" (lieu de travail pour les épingliers) furent construits à proximité des usines dans la vallée mais aussi à proximité des grands axes de circulations afin de faciliter le transport des produits finis, c'est-à-dire des épingles. C'est ainsi que ces nouveaux habitants se regroupèrent dans ce qui deviendra quelques années plus tard le "bourg" du village pour y construire leur maison. La construction de la route départementale RD 830 facilita le transport et le commerce, attirant à son tour les commerçants (boulanger, cafetier, boucher, épicier,...) qui s'installèrent à proximité de la route et de la population, donc dans le bourg lui-même. Ainsi, naquit et grossit le bourg d’Ambenay au début du XIXème siècle. Le cadastre de 1835 montre un bourg assez semblable à celui que nous connaissons aujourd'hui. Son développement se poursuivit avec la construction de: - L'ancien hôtel du Bout du Bois en 1840 - La construction des maisons à l'entrée Nord du Bourg en 1843 (exemple: maison de M. Chéron) - La construction de l'Hôtel de la Risle en 1871 Ces bâtiments sont construits dans la pure tradition normande (du pays d'Ouche) avec un socle en maçonnerie de silex avec chaînages, linteaux et corniches en briques
Construction d'Ambenay en silex et briques
L'appareillage (manière de disposer les briques) d'Ambenay présente la spécificité d'alterner les boutisses émaillées et foncées (face la plus petite d'une brique) et les panneresses rouges (face la plus grande d'une brique). Ceci est certainement la marque de fabrique d'un maçon local qui exerça son art au 19ème siècle. Discrets, ces bâtiments constituent aujourd'hui une véritable richesse architecturale!
Assemblage de briques spécifique d'Ambenay
L'utilisation de la brique s'explique par la pénurie locale de bonnes pierres à bâtir et par la présence d'un sol argileux. La brique était la réponse à cette problématique. L'extraction de l'argile du sol, la fabrication des briques et le transport sur le chantier de construction se devaient d'être réduits au maximum, en l'absence de transports mécanisés. Si la toponymie se révèle fiable, nous pouvons penser qu'une partie de ces briques furent fabriquées au lieu-dit "la briqueterie", située aujourd'hui à l'endroit de la ferme entre "Les Noës" et "les Mardelles" (ancienne ferme de Mme Campains). Ce lieu-dit n'apparaissait pas encore sur le cadastre de 1835. Il apparut donc après cette date. Le recensement de 1901 révèle que le métier "d'ouvrier briquetier" existait, profession attribuée à Léon Gravelais (30 ans) qui habitait dans le bourg d'Ambenay.
Cartographie du bourg en 1835
Vous noterez l'existence d'une "Sente du Couran" (sans "t") à l'entrée Nord du bourg (en haut, à droite). Ce sentier reliait alors le lieudit du "Courant" au bourg. Il passait par le lieu-dit "des Poteries" puis s'enfonçait dans la forêt pour longer celui du "Buisson". Ce chemin a désormais partiellemnt disparu, excepté dans sa partie qui traverse le Lotissement HLM (il longe la haie dans la partie Nord du lotissement et passe derrière le transformateur EDF pour déboucher sur la route départementale). Ce chemin apparaît sur la Carte d'Etat Major de 1866 (voir ci-dessous).
LA NOUVELLE ECOLE Le début de la seconde moitié du XIXe siècle fut également marqué par la construction d’une nouvelle école publique.
Tout d'abord, il semble important de rappeler l'histoire de l'éducation en France lors du 19ème siècle: - En 1816, une ordonnance marque un tournant dans l'éducation car elle impose aux communes "à pourvoir à ce que les enfants qui les habitent reçoivent l'instruction primaire, et à ce que les enfants indigents la reçoivent gratuitement". - En 1833, les Communes de plus de 500 habitants sont tenues d'avoir une école des garçons. - En 1850, le principe d'une école des garçons dans toutes les Communes devient obligatoire. Les écoles des filles demeurent facultatives en fonction des moyens dont disposent les municipalités. - En 1880, Jules FERRY change fondamentalement le système éducatif français en rendant l'école laïque, obligatoire et gratuite. En théorie, la scolarisation des filles devient obligatoire mais cette obligation sera diversement respectée, notamment dans le milieu rural. Vous constaterez ci-dessous que la Commune d'Ambenay fut assez bon élève en la matière...
Avant 1846, la commune possédait déjà une école publique située entre les lieudits « les NOËS » et « la BRIQUETTERIE ». Nous avons très peu d’informations sur cette première école qui fonctionna jusqu’au milieu du XIXe siècle. Toutefois, le "dictionnaire topographique, statistique et historique de l'Eure" rédigé en 1840 révèle que l'école communale d'Ambenay comptait 50 élèves, très certainement 50 garçons. En raison sans doute du nombre croissant d’enfants scolarisés, le conseil municipal décida en 1846 la construction d’une nouvelle « maison d’école ».
C’est pourquoi, le 10 janvier 1846, la commune acquit deux portions de terrains pour sa construction. Ces terrains étaient situés au lieudit « les NOËS » et leur achat s’éleva à la somme de 2870 Francs (de l’époque). Cette future école est pour nous l’actuelle « ancienne école » qui se trouve près de la gare (qui n’existait pas encore à l’époque). Les plans de construction de la dite « maison d’école » furent dressés par un homme de l’art, l’architecte Legrain et l’ensemble de la construction de l’école s’éleva finalement à 12000 Francs (acquisition comprise des deux portions de terrains). Ce bâtiment abritait, en bas, l’école avec ses deux classes et, à l'étage, le conseil municipal (à gauche) avec le logement du couple d’instituteurs (à droite). Le secrétaire de mairie était situé dans le couloir, près des escaliers.
Le 8 février 1852, à l’initiative du conseil municipal, l’école devint gratuite pour certains enfants de la commune. Voici l’énumération des enfants qui purent bénéficier de cette scolarité gratuite :
Comme vous pouvez le constater, il semblerait qu’à cette époque, le bourg était encore assez réduit car la plupart de ces enfants habitaient dans les hameaux avoisinants. De même, remarquez que seuls des garçons avaient la possibilité d’aller à l’école.
En effet, ce n’est que seulement en 1901 que les petites filles furent acceptées dans l’école publique d’Ambenay, les registres du conseil municipal mentionnant alors « la construction d’une école des Filles". En 1907, les registres du Conseil Municipal confirment l'existence d'une "Ecole des Garçons" et d'une "Ecole des Filles" réunies en une même école publique mais non mixte. Vers 1910, les deux classes de l'école communale comptaient environ une trentaine d'élèves dont un tiers de filles. L'uniforme scolaire était de rigueur: blanc pour les filles, noir pour les garçons!
L'année 1912 fut l'année des changements: - La commune accueillit, pour la première fois, un couple d'instituteurs (M. et Mme GONJON) qui logeait sur place. - Les sapins de la cour d'école furent abattus car ils présentaient un danger pour les enfants. - Le mur de clôture de la Mairie et de l'école fut édifié avec une grille.
LE PONT DES BOTTEREAUX Jusqu’en 1846, les habitants traversaient la rivière de la Risle par des passerelles et le bétail et les charettes devaient emprunter des gués. Le principal des gués d’Ambenay était celui de l’Usine des Bottereaux qui fut très utilisé, et cela même après la construction du premier pont du village. On peut également affirmer que le « Moulin-Roger » et le lieudit « les Transières » avaient également leur propre gué.
L'usine des Bottereaux en 1835 avec ses passerelles (Rue des Bottereaux) et son Gué en aval de l'usine (Rue du Gué)
Mais afin de faciliter le transport des marchandises fabriquées dans les usines de la Vallée de la Risle, le conseil municipal décida, le 10 août 1846, de construire le Pont des Bottereaux. Il fut construit en pierre de taille avec deux arches mais il fut totalement détruit lors de la retraite des Allemands le 22/23 Août 1944. Ces derniers le détruirent à l'explosif pour retarder l'avancée des Anglais provenant de l'Aigles et des Américains arrivant de Breteuil-sur-Iton. En 1901, la partie Nord de la Rue du Gué (chemin vicinal n°36) sera aliénée par Lucien Marquis (propriétaire de l'Usine des Bottereaux) en échange du terrain occupé par le lavoir communal (qui sera construit en 1890 - voir ci-après). La Commune ne lui accorda que la partie allant du mur de sa propriété à la rivière. En effet, cinq propriétaires de la prairie dite des "Barberons" réclamèrent la conservation d'un droit de passage pour mener leurs bestiaux pâturer dans leurs prés.
LA MARE A BERY Le 7 juillet 1850, le conseil municipal prit connaissance d’une pétition signée par 12 habitants de la commune. Cette pétition réclamait que la « Mare à Béry » soit déclarée « d’utilité publique ». Cette mare était enclavée dans une pièce de terres en labours appartenant à la famille Robergel et située près du sentier conduisant d’Ambenay à la rue Chervel. Or, les époux Robergel décidèrent un jour de combler en partie cette mare pour priver les habitants de son eau. Selon les habitants, la mare « servit de façon immémoriale à alimenter d’eau nette les ménages des pétitionnaires ». Malheureusement, le fin mot de l’histoire demeure inconnu mais ce litige nous éclaire sur le mode d'alimentation en eau des habitants et de l'importance qui y était portée.
Rue Chervel et sa mare en 1835
LE COUP D’ETAT DE 1851 Le 2 décembre 1851, les parisiens découvrirent sur les murs de la Capitale la proclamation de la dissolution de l’Assemblée Nationale et le rétablissement du suffrage universel. Etait placardé alors un « Avis au peuple français » qui est un appel au plébiscite, par lequel le peuple était invité à reconnaître l’autorité de Louis Napoléon Bonaparte. Face à ce coup d’état présidentiel de 1851, le conseil municipal d’Ambenay réagit positivement le 7 octobre 1852 et adressa ses félicitations à Napoléon Bonaparte. Voici la lettre adressée à Napoléon : « Prince, Au moment où la France entière vous value des vives acclamations et au moment surtout où la providence vient encore d’étendre, d’une manière si ostensible, sa main protectrice sur votre auguste personne, le maire, l’adjoint et le conseil municipal de la commune d’Ambenay, arrondissement d’Evreux, département de l’Eure, croient devoir, au début de leur carrière administrative, vous exprimer comme interprètes de la population qu’ils représentent, leurs félicitations les plus sincères pour le rétablissement de l’ordre social si fortement ébranlé avant l’acte énergique que vous avez accompli si dignement et si énergiquement le 2 décembre 1851. Vivez donc, Grand Prince, digne héritier du nom que vous portez, Vivez en dépit de la haine de quelques misérables qu’il faudrait plutôt appeler sauvages que français, et réunissez, au plus tôt, sur votre tête, un pouvoir assez fort pour fermer à jamais l’ère de nos discordes civiles. Tels sont, Monseigneur, les vœux dont nous vous prions d’agréer les respectueux hommages ».
Cette lettre du conseil municipal se montrait clairement en faveur de la démocratie. Toutefois, on peut remarquer la prudence avec laquelle le conseil municipal a écrit cette lettre : En effet, cette période post révolutionnaire était encore très instable et les dirigeants au pouvoir pouvaient être très vite renversés. C’est pourquoi la municipalité d’Ambenay a attendu près d’un an pour manifester sa position envers ce coup d’état.
UNE POPULATION GRANDISSANTE ET DE NOMBREUX COMMERCANTS Comme nous l’avons vu précédemment, la construction de la route départementale 830 et la prospérité industrielle locale facilitèrent la formation du bourg et l’installation des commerçants. Dans la deuxième moitié du XIXème siècle, la population devint de plus en plus importantes et des commerçants devinrent nombreux : Les cafés et les épiceries se multiplièrent très vite.
En 1876, Ambenay dénombra 809 habitants contre 1.724 habitants pour la ville de Rugles ou 694 habitants pour La Neuve-Lyre ! A noter qu'Ambenay compte plus aujourd'hui que 475 habitants en 2011 (contre 2.569 habitants pour Rugles). En 1914, on comptait encore 4 épiceries (M. Delavigne, Bunel, Duval et Laurent), 2 tabacs (M. Saillard P. et M. Saillard A. ), un boulanger (M. Thibault), une bouchère (Mme Denize) et 5 cafetiers (Delavigne, Duval, Laurent, Saillard A. et Saillard P.). Les lieudits « le Gacel » et « les Siaules » possédaient eux aussi des cafés.
LA LUTTE CONTRE L’ALCOOLISME Nous l'avons constater ci-dessus, les distributeurs de boissons avaient un grand succès. Cela ne put se faire sans abus. Consciente de l’émergence du problème de l’alcoolisme, la commune décida d’intervenir le 1er août 1853 et un arrêté municipal fut dressé : « Tout cabaretier, cafetier ou propriétaire d’un débit de boissons ne pourra s’établir ou se déplacer dans la commune qu’après s’en être justifié de l’autorisation qui lui a été accordé par M. le Préfet ».
La commune voulut ainsi réglementer et contrôler l’implantation de nouveaux cafetiers sur le territoire de la commune. Cet arrêté municipal compléta alors la loi déjà en vigueur qui imposait : -La fermeture des débits de boissons entre 22 heures et 5 heures du matin. -L’interdiction d’admettre dans l’établissement des mineurs de moins de 16 ans. -La fermeture des débits de boissons pendant la messe, les dimanches et jours fériés.
En 1905, la Commune continua sa lutte contre l’alcoolisme en contrôlant strictement la distillation du cidre à Ambenay, toujours par arrêté municipal. Ainsi, les bouilleurs de crus devaient distiller dans la cour de M. Saillard, rue de Chervel. Il en fut de même aux Siaules sur la place publique. Par la suite, ce lieu fut déplacé au lieudit « le Fief Gruel ». En 1910, le conseil municipal intervint à nouveau en interdisant l’installation des cafés à moins de 30 mètres de l’église, du cimetière et de l’école.
LA CONSTRUCTION DU PRESBYTERE Avant 1859, le presbytère d’Ambenay se situait derrière l’actuelle boulangerie, là où il y a désormais un petit parc public avec ses deux bancs. Ce bâtiment fut détruit à la fin des années 1980. Le 9 août 1857, le maire ouvrit la séance en exposant au conseil qu’il était très urgent que la construction d’un nouveau presbytère soit réalisée. Il ajouta que l’ancien presbytère était devenu inhabitable en raison de son ancienneté. Il était non seulement impossible mais encore plus périlleux de l’habiter. Le montant de la construction du nouveau presbytère s’éleva finalement à environ 9000 F, déduction faite de la vente de l’ancien presbytère. Les plans furent dressés par l’architecte Legrain qui construisit également l’école publique en 1846. Terminé en 1859, ce bâtiment servit donc de logements aux différents curés qui se succédèrent jusqu’en 1938. Aujourd’hui, il est devenu notre mairie.
Ancien presbytère d'Ambenay devenu la mairie
LE CHATEAU DE L’ERMITE En 1860, c’est au tour du château de l’Ermite d’être édifié. Ce château situé au bord de la RN830 à la sortie d’Ambenay, direction Neaufles-Auvergny, est également appelé le château d’Ambenay ou Château de l'Ermite, du nom du moulin du XIIème siècle situé à proximité. Il fut construit par M. Fouquet (le père de la Comtesse de Songeon) qui était un riche industriel spécialisé dans la fabrication des épingles dans la région de Rugles. Ce château avait, à l’époque, la particularité de posséder un système d’adduction d’eau : L’eau était pompée dans la rivière et c’était le moulin, plus bas, qui servait de pompe pour faire monter l’eau dans le toit du château. Là, l’eau était stockée dans une cuve sous le toit puis l’eau était distribuée dans le château par le force de pesanteur.
Château de l'Ermite
LA LIGNE DE CHEMIN DE FER En 1855, les ministres des Travaux Publics, le Conseil Général de l'Eure et la Compagnie de l'Ouest s'accordent sur un projet de création d'une voie ferrée reliant la ville de Conches à L'Aigle, passant par la Vieille-Lyre, Ambenay et Rugles. Ce projet avait pour grand intérêt d'importer à moindre coût le précieux charbon anglais essentiel à l'industrie métallurgique de la vallée de la Risle. Cette voie devait permettre à la fois un développement économique de la région et donc créer des emplois. La concrétisation de ce projet demanda de nombreuses années en raison des expropriations et des plaintes des propriétaires terriens qui voyaient leurs terres être coupées par cette voie ferrée. L'année 1865 est enfin marquée par le démarrage des travaux et le tracés de la ligne est celui que nous connaissons encore aujourd’hui. Le jeudi 26 janvier 1865, le conseil municipal d’Ambenay réclama une indemnité à la Compagnie du chemin de fer qui prit 1 are et 45 centiares de terres dans la cour de l’école communale récemment construite : « Considérant ainsi que plusieurs arbres fruitiers de bon rapport seront détruits et que la reconstruction d’une nouvelle clôture et des piliers de la grande porte d’entrée entraineront à beaucoup de frais. Le dit conseil a fixé le prix du terrain à la somme de 800 F ». Le 13 septembre 1865, le préfet de l’Eure écrit à la municipalité d’Ambenay afin de l’informer de la construction de la gare de Rugles. Cette ligne de chemin de fer permit alors d’approvisionner toute l’industrie de la vallée de la Risle en houille alors que le bois commençait à faire défaut en raison de son surexploitation par les forges. Ces trains retirèrent beaucoup de travail aux bûcherons de la région qui disparurent peu à peu. Cette ligne servait également de moyens de transport en commun à la population mais ces trains ne desservirent Ambenay qu’à partir du 25 août 1912, date de l’inauguration de la gare d’Ambenay. Le 30 août 1866, le conseil demanda la modification du passage à niveau de l’école. En effet, la barrière était trop avancée sur la voie communale et donc les tournants devenaient presque impraticables car les fossés en bordure gênaient : Un cheval pourrait y tomber. On proposa alors l’installation d’une barrière plus large. Le 5 Novembre 1866, la ligne ferroviaire est officiellement ouverte et Ambenay voir passer sa première locomotive, sans toutefois la voir s'arrêter... De nouveau, en 1873, le passage à niveau posa problème à la commune d’Ambenay : sa fréquentation étant importante, le conseil demanda au préfet de les laisser constamment ouvertes. La réponse du Préfet demeure inconnue.
LA CARTE D'ETAT MAJOR de 1866 En 1866, la première carte d'état major nationale est établie par les autorités et on y découvre le village d'Ambenay dans une configuration très proche de celle d'aujourd'hui.
Ambenay en 1866
SAVOIR LIRE ET ECRIRE EN 1866 En 1866, il semblerait que les instituteurs de la commune ne donnaient pas seulement des cours aux enfants. En effet, il existait également des « cours d’adultes » destinés à instruire les adultes analphabètes. Ces cours étaient financés par la commune, ce qui montre une fois de plus que la commune prenait soin de sa population, d’autant plus que l’école est devenue gratuite et obligatoire pour les enfants 16 ans plus tard, c’est à dire en 1882.
LE PASSAGE DU VAL DU SOMMAIRE Le 18 décembre 1869, le conseil municipal décida de faciliter le passage du Val du sommaire. Le tracés de la route fut modifié pour adoucir la pente. Ces travaux nécessitèrent des expropriations. Il semblerait qu’à cette époque le pont du Val du Sommaire n’existait pas encore.
LA DISPARITION DES VIGNES En 1870, Ambenay, comme toute la région, vécut une invasion du Phylloxera qui dévasta définitivement les petits vignobles qui avaient été introduits par les romains au Ier et Iième siècle de notre ère. Le vin d’Ambenay disparut alors et laissa place au cidre et au calvados. Le lieudit appelé « la Vignière » perdit donc sa raison d’être. Toutefois, le "dictionnaire topographique, statistique et historique de l'Eure" rédigé en 1840 révèle que la culture de la vigne, qui autrefois était connue sur presque tous les coteaux de l'Eure, n'a cessé de se restreindre, surtout depuis le commencement du 19ème siècle. En 1840, on trouvait encore des vignes que dans la partie la plus méridionale, le long de la vallée de l'Avre, de l'Eure et de la Seine. La plupart des vins n'étant pas d'une forte qualité, il s'en exportait presque jamais. A l'inverse, la boisson la plus ordinaire en 1840 est devenue le cidre et le pommier se cultivait à peu près partout dans le département. On le plantait en quinconce dans les enclos, les cours des habitations et dans les terres de labour moyennes ou graveleuses. Sur les bonnes terres, on en formait en lisière ou des avenues. En 1906, Ambenay comptait encore un tonnelier, M. Isidor LAUDREL du Courant (pour faire fermenter le jus de pommes en cidre dans des fûts) et un bouilleur de cru, M. Georges DESLOGES, du bourg (pour faire "bouillir" le cidre en calvados avec un alambic mobile pour se déplacer chez les clients).
Bouilleur de cru fabriquant du calvados
Les photographies des années 1950/1960 montrent que ces pommiers étaient prédominants à Ambenay et ils se sont raréfiés peu à peu vers la fin du siècle dernier.
LA GUERRE DE 1870 En 1870, la guerre entre la France et la Prusse éclata en raison de la volonté de Bismarck de réaliser l’unité allemande grâce à l’union de la Prusse avec les Etats allemands, tout en limitant l’influence française. La bataille la plus décisive de la guerre fut celle de Sedan qui entraîna la défaite française et l’effondrement du second Empire. A la nouvelle de la capitulation de l’Empereur français, Paris se souleva, refusant la défaite. La République fut proclamée mais malgré la contre-attaque française, Strasbourg tomba et Paris fut assiégé par l’armée prussienne. Le 27 octobre 1870, Paris subit le feu de l’artillerie allemande alors que les parisiens s’armèrent contre l’envahisseur. La capital connut peu à peu la famine, ce qui entraîna l’ouverture des négociations de reddition dès le 19 janvier 1871. Finalement, le traité de Francfort, signé le 10 mai 1871, mit fin à la guerre entre la France et le IIème Reich. Selon les termes du traité, l’Alsace et une partie de la Lorraine furent cédées à l’empire allemand. La France devait également verser une indemnité de guerre de 5 milliards de francs-or en trois ans et devait subir l’occupation allemande jusqu’au versement complet de la somme. Cette lourde indemnité fut totalement versée en septembre 1873. La guerre contre la Prusse ne trouva qu’un écho lointain dans les campagnes normandes, pourtant proches de la capitale. Toutefois, tout comme les autres communes, Ambenay fut appelé à contribuer à l’effort de guerre en subissant des réquisitions et une augmentation des impôts afin de pouvoir verser l’indemnité à l’occupant prussien. Voici le compte rendu du conseil municipal du vendredi 17 février 1871 : « M. le président donne connaissance aux membres de la commissions municipale de la réquisition faite par l’autorité prussienne et leur annonce qu’il vient de verser une somme de 850 Francs faite par lui au nom de la Commune, ainsi que le prouve la quittance délivrée à L’Aigle par le chef prussien. La commission approuve le versement fait par M. le maire ».
Le document ci-dessous (daté du 24 Novembre 1871) semble indiquer les nouvelles sommes dues par les Communes du Canton de Rugles, dont 472,66 francs pour la Commune d'Ambenay:
LES CIMETIERES D’AMBENAY En 1881, le cimetière d’Ambenay qui se situait au pied de l’église, satura. Le conseil municipal de l’époque décida alors de vider les anciennes fosses pour en ouvrir de nouvelles. En revanche, les familles pouvaient garder les anciennes fosses moyennant une taxe de 80 F par m2. Au début du XXème siècle, on décida tout de même d’ouvrir un nouveau cimetière près du lieudit appelé le « Fief Gruel ». C’est notre cimetière actuel. Toutefois, l’ancien cimetière resta ouvert jusqu’aux années 1930, date à laquelle il avait encore ses murs en grison, matériau couramment utilisé dès le XIIème siècle (Exemple: Tour Grise de Verneuil-sur-Avre, Eglise de Breteuil-sur-Iton,...).
De ce cimetière, il reste encore pleins d’ossements dans le sous-sol. Il reste également un caveau toujours visible au milieu de la pelouse, au pied du calvaire et du if. Ce caveau appartenait à la famille Desclos qui demeura maire de la commune sur plusieurs générations. La place de l'église est plantée d'un arbre atypique, le If, symbole de la Vie et de la mort. De tradition anglo-normande, cet arbre était systématiquement planté dans les cimetière. On peut donc dater ce if de plusieurs siècles.
LA TORNADE ECCLESIASTIQUE En 1882, un événement important arriva à Ambenay. Un nouveau curé, Mr Lefebvre, s’installa au presbytère. Ce curé avait la particularité d’être une véritable tornade. Il était dynamique, jeune et voulait amener les paroissiens à l’église. Il attira plus d’une fois la curiosité des journalistes. Les habitants affirmaient qu’il était « très aimé à Ambenay. C’était un prêtre pieux et zélé, conciliant et bon et très distingué ». Il fut si renommé qu’un livre fut écrit sur sa vie ( « Un Curé de France » écrit par Lenfant, 1227, archives de l’Eure). Voici un passage de ce livre : « Cinq années passèrent, pleines et rapides malgré leur monotonie. Pour les vacances de 1887, le curé d’Ambenay projetait un voyage, un grand voyage. Il se reprenait à rêver de la ville éternelle. Cette fois, semblait-il, rien ne s’opposerait à ses désirs. Il recommençait les préparatifs nécessaires et se disposait, comme 5 ans auparavant par une sérieuse étude à son pèlerinage d’Outre Monts, lorsqu’une lettre de l’Evêché réduisit de nouveau à néant ses chères espérances. La confiance de ses supérieurs appelait Mr l’Abbé Lefebvre à la cure décanale de Nonancourt ». Il resta donc jusqu’en 1887 puis partit dans une autre paroisse, celle de Nonancourt.
LA CONSTRUCTION DU LAVOIR En 1890, le conseil municipal fit construire le premier et unique lavoir d’Ambenay, tout près du pont des Bottereaux. Désormais les habitants viendront laver leur linge ici, à la main. Avant cela, les habitants avaient deux possibilités : - Soit ils pouvaient laver leur linge près de l’usine des Bottereaux, au pied du premier pont qui surplombe « L’Eau Morte », là où la rivière n’a qu’une dizaine de centimètres de profondeur. - Ou bien, ils lavaient leur linge dans leur mare. Toutes les familles avaient sa mare pour les bêtes et laver le linge. Elles avaient également une marnette ( petite mare) qui constituait une réserve en eau potable. Il paraîtrait que si cette marnette n’avait pas de grenouilles, l’eau n’était pas potable. Ce patrimoine communal existe aujourd'hui encore, près du pont des Bottereaux.
Lavoir d'Ambenay vers 1910
LA DECOUVERTE DES ENGRAIS AGRICOLES EN 1891 Le presse de 1891 confirme que le monde agricole, notamment à Ambenay, découvrit les bienfaits des premiers engrais. Ainsi, on peut lire : "Lundi 10 Août 1891, visité la ferme de M. DESCLOS à Ambenay (Eure). Partout où des superphosphates et des scories ont été employés, l'avoisine se montre beaucoup plus précoce que dans les endroits où il n'a pas été fait usage de ces engrais; le grain a atteint son plein développement, sa couleur; la paille est presque mûre, tandis qu'ailleurs tiges et grappes sont encore très vertes, bien que ce soit la même variété, ensemencée à la même date et dans les mêmes conditions de culture" (journal des viticulteurs du 5 Novembre 1891). M. Romain DESCLOS était alors Maire d'Ambenay et exploitait la ferme au lieudit "les Mares".
LA POSE DE L’HORLOGE ET DU CAMPANILE En 1899, c’est l’église d’Ambenay qui fut modernisée avec la pose de l’horloge et du campanile sur le toit de l’église. En revanche, l’horloge ne faisait pas encore sonner automatiquement les cloches de l’église car un sonneur de cloches était chargé de cette tâche. Ce sonneur de cloches fut le curé du village jusqu’en 1938. A partir de 1938, le sonneur de cloches ne fut plus le curé mais un civil qui en fit son métier. Ce changement fut le résultat de la disparition du dernier curé d'Ambenay et de la prise en charge de la paroisse par la commune. C’est pourquoi ce salarié de la commune prit le nom de « sonneur civil ». Il habitait près de l’église dans la rue « Chervel » aussi appelée « Rue des Viviers » et il était chargé de sonner les cloches à 7 heures, 12 heures et 18 heures.
LE BUREAU DES POSTES Avant 1905, Ambenay n’avait pas de bureau des postes. Seule une boite postale installée dans le bourg permettait l’envoi de courriers. Toutefois, en octobre 1905, Ambenay put bénéficier de la création d’un « Bureau de distribution auxiliaire des postes ». En plus clair, un relais des postes fut installé en face de l’actuel Hôtel de le Risle, dans la boucherie de Madame Denize. En effet, la boucherie se situait là autrefois et le commerçant avait la tache de regrouper les lettres destinées à l’envoi ou bien de les distribuer aux chalands. Il faut tout de même ajouter que ce relais des postes a été déplacé plusieurs fois. Soit il se situait dans cette boucherie, soit il était remplacé dans le café de Monsieur Duval, en face de la boucherie. Ce café est aujourd’hui l’Hôtel de la Risle. En 1911, le service de distribution des lettres fut désormais assuré par un receveur auxiliaire de la poste, Mr Esnault. Celui ci n’étant pas réellement un facteur, la commune exprima en 1912 sa volonté de créer un poste de facteur receveur à Ambenay.
Le bourg vers 1910
L’INAUGURATION DE LA GARE Dès 1907, la commune exprima son souhait d’avoir une station ferroviaire pour les voyageurs à Ambenay. En 1909, le projet de création d’une station à Ambenay fut reconnu d’un grand intérêt par l’administration des chemins de fer (Compagnie de l’Ouest). Les frais de cette amélioration furent évalués à 1900 francs (de l’époque) environ dont l’intégralité aurait incombé à la commune. Le 9 août 1909, le préfet indiqua qu’il était intervenu auprès du ministre des travaux publics en faveur de l’édification d’une halte à Ambenay. De nouvelles négociations furent alors engagées. Le 4 octobre 1909, le maire soumit à l’approbation du conseil les plans et les devis dressés par l’administration des chemins de fer de l’Ouest pour l’installation de la halte. A ce moment, le conseil municipal apprit que la ligne serait doublée, ce qui eut comme conséquences d’augmenter les frais de la construction de la gare d’Ambenay. Les plans et les devis furent alors acceptés par le conseil municipal. Au début de l’année 1912, le conseil municipal vota 300 F pour l’achat de terrains et d’indemnités diverses afin de pouvoir opérer au déplacement d’un chemin latéral pour la construction du quai de la halte d’Ambenay.
Le 25 août 1912, Ambenay inaugura la création de sa gare. Désormais, le train s’arrêta pour emmener les habitants à Rugles, l’Aigle ou Conches. Voici le procès verbal de la fête de l’inauguration de la halte d’Ambenay :
« L’an mille neuf cent douze, le vingt cinq août, a eu lieu l’inauguration de la halte d’Ambenay sous la présidence de Monsieur Modeste Leroy, député, président du conseil général de l’Eure, assisté de M. Bouillon, conseiller général, maire de Rugles, Loiziel, conseiller d’Arrondissement, Mesnil Didier, maire d’Ambenay. Monsieur Mesnil, accompagné de son conseil municipal s’avance à la rencontre des invités qui arrivent par le train de midi 4’. Apres les présentations d’usage, le cortège suivi de la société musicale, « L’Union rugloise », reçoit Monsieur Modeste Leroy qui arrive en voiture. La marseillaise résonne et Monsieur le député serre la main des nombreux amis qui ont tenu à venir lui souhaiter la bienvenue. On se rend dans la salle de classe admirablement décorée où a lieu un banquet d’une centaine de couverts. Monsieur Modeste Leroy préside. Il a à sa droite : Monsieur Bouillon, conseiller général , Monsieur Loiziel, conseiller d’arrondissement, Monsieur Desclos René, adjoint, M. Laurent , maire de Bois-Arnault, M.Bourdin, maire des Frétils, M.Edeline, maire de Saint Antonin. A sa gauche, : Monsieur Mesnil, maire d’Ambenay, M.Leblanc, chef de section des chemins de fer de l’Etat, M.Coupas, Inspecteur d’exploitation, M.Dubord, chef de district, M.Thiberville, maire de Neaufles. On remarque eu outre les conseillers municipaux d’Ambenay, plusieurs des communes avoisinantes, M.Goujon, instituteur, M.Mourel, garde de champêtre, M.Desclos Auguste, ancien maire. Plusieurs dames apportent une notes joyeuse : Citons Mesdames Mesnil Adrien, Desclos rené, Desclos Auguste, Ravas, Forestier, Goujou et Mesdemoiselle G. Vaurabourg et O. Desclos. Le menu servi par Monsieur Laurent, restaurateur à Ambenay, est fort apprécié. Au champagne, Monsieur Mesnil, maire prend la parole. En termes excellents, il remercie le vaillant député, Monsieur M.Leroy, de toutes les démarches qu’il a faites, de concert avec Monsieur Bouillon, pour obtenir un arrêt à Ambenay. Il a un mot aimable pour tous ceux qui, à quelque titre que ce soit, ont apporté une petite pierre à la réalisation des espérances de la commune d’Ambenay. Il est chaleureusement acclamé. Monsieur Bouillon, maire de Rugles, rappelle ce que les élus du canton ont fait pour les communes, et, Monsieur Loiziel, en quelques mots, remercie Monsieur Mesnil des paroles élogieuses qu’il lui a adressées. Enfin, Monsieur M.Leroy prend la parole. Dans une forme impeccable, avec une chaleur qui enthousiasme les assistants, il retrace toutes les difficultés qui se sont rencontrées pour avoir un arrêt à Ambenay. Il montre l’inertie des bureaux et le devoir des représentants du peuple. Il proclame en passant l’excellence de la section d’arrondissement qui met l’élu en contact permanent avec l’électeur. Il tient à faire ressortir tout le dévouement dont a fait preuve Monsieur Mesnil, maire, et, il est heureux de le proclamer publiquement. Un tonnerre d’applaudissements accueille les dernières paroles de l’éminent député qui se rassoit au milieu d’ovations chaleureuses. Il est 3 heures, c’est la fin. On se rend dans la cour de la mairie pour entendre un charmant concert de l’Union rugloise et assister à la fête foraine. Malheureusement, la pluie vient disperser les assistants et on se sépare bien à regret en commentant l’événement du jour dont les habitants d’Ambenay se souviendront pendant longtemps". Afin d’aider le financement de cette gare, la municipalité décida, dès 1912, l’application d’une surtaxe pour ceux qui utilise le train à Ambenay. Cette surtaxe est de 0.05 F par aller simple et de 0.1 F par aller-retour. Elle était perçue par l’administration des chemins de fer sur les billets délivrés de ou pour Ambenay.
Locomotive en gare de Rugles/Bois-Arnault vers 1910 (A noter: les voitures comportaient des guérites serres-freins)
Horaires des trains d'Ambenay du 24 Juin 1914 (source: Journal de l'Orne)
Gare d'Ambenay vers 1935
LA PREMIERE GUERRE MONDIALE En 1914, la première guerre mondiale éclata et nécessita la mobilisation des hommes d’Ambenay, aptes au combat, comme partout en France du 2 au 18 Août 1914. Cette mobilisation consistera à transporter, habiller et armer 3,7 millions soldats français. Furent d'abord appelés sous les drapeaux les soldats de l'armée active (ceux entre 21 et 23 ans qui faisaient leur service militaire), puis les réservistes de l'armée active (ceux entre 24 et 34 ans) puis les soldats de l'armée territoriale (entre 35 à 41 ans) et enfin les réservistes de l'armée territoriale (entre 42 ans et 48 ans).
Mobilisation générale du 2 Août 1914
Le transport de tous ces réservistes et territoriaux de leur domicile à leur caserne d'affectation se fait essentiellement par voies ferrées. La récente gare d'Ambenay servira à cette triste mobilisation générale. Les Normands furent engagés dans les combats meurtriers de la guerre 1914-1918 en Belgique, dans la première bataille de la Marne, au chemin des Dames en 1917 et dans la deuxième bataille de la Marne en 1918. Leurs qualités militaires étaient reconnues : « Je suis tranquille, les Normands sont là » disait le Maréchal Fosh. Matériellement, la commune ne souffrit pas beaucoup de la guerre car loin du front. En revanche, avec le départ des hommes, les femmes restées seules vont transformer les terres labourables jusqu’alors prédominantes en herbages. En 1914, la commune aida comme elle le put ses habitants partis au combat ainsi que leur famille privée d’un chef de famille : Elle acheta des couvertures pour ses militaires en campagne et des chaussures aux enfants dont le père était mobilisé. De même, elle fit des dons à l’assistance aux militaires tuberculeux de l’Eure et au comité des prisonniers de guerre à Evreux. Malgré la guerre, les trains roulèrent normalement de 1914 à 1918.
A la fin de la guerre, Ambenay dénombra 20 habitants morts au combat :
Le 20 Octobre 1918, soit quelques jours avant l'Armistice, Louis DAUPLET qui appartenait au 228ème Régiment d'Infanterie trouva la mort à Hoster (Sarre- Allemagne) à l'âge de 33 ans. Il était né le 3 Juin 1885 à Ambenay.
En 1919, un monument aux mort fut érigé pour leur rendre hommage (entouré d’obus et de chaînes peints en blanc argenté) et il fut officiellement inauguré le 7 Mai 1922.
En 1923, le conseil décida de rembourser les familles des militaires dont les corps ont été ramenés car celles-ci avaient avancé les frais des convoyeurs et d’inhumation.
Aujourd’hui, ce monument est entouré par une petite barrière mais les obus et les chaînes ont été réutilisés comme limite des espaces verts devant la mairie.
L’INSTALLATION DE L’ELECTRICITE Dès 1919, la commune fit connaître sa volonté d’installer la lumière électrique à Ambenay. Un devis fut demandé à la société électrique mais ces travaux se révélèrent trop coûteux, d’où le refus provisoire du conseil municipal. De 1919 à 1921, des négociations commencèrent pour baisser le prix de cette installation électrique. C’est en 1921 que le conseil accepta enfin en principe l’installation de la lumière électrique à Ambenay tel que c’était proposé par les ingénieurs de la société électrique de l’Ouest. Un emprunt fait auprès de la Mutuelle Vie de Rouen fut demandé par la commune pour permettre ces travaux. Cet emprunt s’éleva à 10500 F au taux de 7,5 % pour une durée de 20 ans. Le 17 octobre 1923, l’électricité fit enfin son apparition dans le bourg d’Ambenay avec l’éclairage électrique public. Elle fut très vite étendue aux maisons des habitants (en 1930). Toutefois, ce n’est seulement qu’en 1935 que les différents ménages des hameaux de la commune ne purent bénéficier de la lumière électrique.
L’ARRIVEE DU TELEPHONE Dès 1885, Ambenay put recevoir des télégramme, via la Poste de Rugles. En effet, le dictionnaire des postes et des télégrammes précise que les messages destinés aux habitants d’Ambenay doivent être communiqués à la Poste de Rugles située à 2 kilomètres. En 1906, Ambenay fut équipée d’une ligne téléphonique reliant Rugles à Conches mais elle ne faisait que passer à Ambenay! Le village ne pouvait pas encore profiter de cette technologie. La même année, M. Charles Ozanne (qui habitait dans le bourg) exerçait le métier de "convoyeur de courriers des Postes" et livrait les télégrammes arrivés à la Poste de Rugles et destinés aux habitants d'Ambenay.
Le Bout du Bois vers 1906 (passage de la ligne téléphonique fixée sur le bâtiment)
Afin de faciliter la distribution du courrier, les commerçants du bourg s'organisent pour assurer également le rôle de bureau auxiliaire des Postes comme l'indique les pancartes de devantures: "Poste - Distribution auxiliaire". Dès 1926, la commune manifesta sa volonté d’acquérir le téléphone mais le projet fut vite suspendu en raison du coût important de l’électrification de la commune. C’est en 1934 que le projet fut relancé et accepté : une cabine téléphonique fut alors installée dans le bourg du village. En 1937, Mme Bourrelier fut chargée du service de port des télégrammes.
LE FORAGE D’UN PUIT Dès 1904, Mr Delavigne lança un projet de construction d’un puit communal dans le bourg d’Ambenay mais encore une fois le projet fut suspendu. En 1928, on décida d’améliorer la qualité de l’eau potable et on relança le projet de creuser un puit communal dans le bourg. Avant cela, on buvait l’eau des marnettes, c’est à dire l’eau d’une mare réservée à la consommation. L’endroit choisit fut dans le bourg, dans le jardin de Mr Deloges, au pied de l’actuel hôtel de la Risle. Ce puit communal fut creusé par Mr Chanfran et il fut muni d’une pompe à système « Dragon ». Puisque le village ne se réduisait pas seulement au Bourg, on fit également, en 1934, des études pour la construction de deux puits à usage agricole, un au « Gacel » et un autre aux « Siaules ». Ces études se montrant favorables, les deux puits furent creusés en 1936. En 1940, la pompe du puit du bourg montra des faiblesses et ne put être réparée. Elle fut donc remplacée par un appareil élévateur « Dragor ».
LE GOUDRONNAGE En 1935, la commune lança son programme de goudronnage. Ce programme concernait le chemin N°16 et le chemin N°47 sur 300 mètres. Malheureusement, cette première expérience se passa mal et les habitants se plaignirent : Le goudronnage avait été effectué de nuit afin de gêner au minimum la vie des habitants, ce qui a entraîné des éclaboussures de goudron un peu partout en raison du peu de visibilité.
Route principale du Bourg vers 1935 (à noter le panneau de signalisation d'un croisement avec la mention "Automobiliste de l'Eure - Don de Dunlop" - panneau en fonte émaillée)
Même vue en 2016
LE DECES ACCIDENTEL DU SOLDAT ALPHONSE LEBIGRE Le 12 Février 1935, le journal "L'EST REPUBLICAIN" se fit l'écho d'un fait divers concernant soldat originaire d'Ambenay: Alphonse LEBIGRE qui effectuait son service militaire au 67ème Régiment d'Infanterie de Soisson fut tué accidentellement par un tir d'un de ses camarades alors qu'ils visait des corbeaux. Pas de commentaire sur l'efficacité de l'armée française....
LE DERNIER CURE D’AMBENAY En 1938, le dernier curé d'Ambenay, l’abbé Emile Bethermin, décède, sans successeur. Il était le curé de la paroisse depuis 1896. Le presbytère fut alors loué pour la première fois à un particulier (M. Chassevent, originaire de Saint Martin d’Ecublei). Puisqu’il n’y avait plus de curé pour sonner les cloches, un sonneur civil fut chargé d’exécuter quotidiennement cette tâche à 7 H00, 12H00 et à 18H00. Ce premier sonneur de cloches d’Ambenay fut M. Minel en 1938. Le curé de Neaufles, M. Corseau, continua d'assurer les inhumations à Ambenay.
L’ACHAT D’UN CHAR FUNERAIRE En 1938, la mairie d’Ambenay acheta un corbillard à la Comtesse de Songeon. Ce corbillard était encore existant en 2000 et il était soigneusement conservé dans le bâtiment en bois qui borde l’actuel cimetière.
Ainsi, de 1830 à 1939, Ambenay ne cessa de se moderniser. Pourtant, 1939 marqua un point d'arrêt à cette évolution prospère: Ce sera le commencement de la seconde guerre mondiale.
L’EVOLUTION DEMOGRAPHIQUE D'AMBENAY DURANT LA PERIODE DE 1800 à 1939 Le premier recensement de la population fut effectué en 1793 (durant la révolution française) et on décompta 1.052 habitants sur la commune d'Ambenay. Ce chiffre ne cessa de baisser jusqu'en 1999 (465 habitants) pour atteindre 584 habitants en 2013.
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